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4,28

sur 29038 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  

Ce roman est puissamment évocateur. Les premières pages avec la cérémonie quotidienne Les deux minutes de la Haine, m'ont irrésistiblement fait penser à Hitler et à la fascination qu'il exerçait sur les foules. La suite m'a suggéré la Chine, bien qu'il semble qu'Orwell se soit plutôt référé à la Russie.
Dans un monde partagé entre trois entités Océania, où se passe notre histoire, Estasia et Eurasia, la société est dominée par le Parti, symbolisé par Big Brother, dont on voit l'image partout, sans avoir finalement de preuves de son existence. Les cadres dirigeants appartiennent au Parti intérieur, les techniciens au Parti extérieur, les autres sont les prolétaires. L'appartenance est décidée à 16 ans par un examen. Un passage sur l'existence de trois groupes dans toute société humaine m'a rappelé l'expérience sur les rats et l'établissement systématique de ces fameux trois groupes, dans le livre du regretté Pelt « La raison du plus faible ».
Le Parti intérieur désire un monde parfait, au sens de fini, d'immobile. Ainsi, il n'y a pas d'Histoire. Si les évènements exigent qu'Océania soit en guerre avec Estasia, il l'est depuis toujours. « Lorsque toutes les corrections qu'il était nécessaire d'apporter à un numéro spécial du Times avaient été rassemblées et collationnées, le numéro était réimprimé. La copie originale était détruite et remplacée dans la collection par la copie corrigée. Ce processus de continuelles retouches était appliqué, non seulement aux journaux, mais aux livres, périodiques, pamphlets, affiches, prospectus, films, enregistrements sonores, caricatures, photographies. Il était appliqué à tous les genres imaginables de littérature ou de documentation qui pouvait comporter quelque signification politique ou idéologique. Jour par jour, et presque minute par minute, le passé était mis à jour. On pouvait ainsi prouver, avec documents à l'appui, que les prédictions faites par le Parti s'étaient trouvées vérifiées. […]. L'histoire tout entière était un palimpseste gratté et réécrit aussi souvent qu'il était nécessaire. »
Ce qui m'a le plus frappée dans ce roman, c'est le contraste entre le flou dans lequel vivent les gens, (Winston Smith, personnage principal, n'est même pas sûr de l'année où il vit), l'impossibilité de connaître vraiment le passé et donc le début ou la raison de la Révolution, de savoir qui est ennemi ou ami, à peine ce qui est permis ou non car beaucoup de règles sont sous entendues… et le contrôle total dont ils font l'objet. Dans les lieux publics mais chez eux aussi, des télécrans leur dispensent des messages et de la musique (comment réfléchir dans ce cas) mais aussi est susceptible d'enregistrer leurs gestes, leurs expressions corporelles ou faciales et leurs paroles. du moins, pour les membres du Parti extérieur, car à mon étonnement une partie de la population, les prolétaires, sont laissés hors du contrôle total de l'État. Bien sûr, ils subissent les pénuries, (malgré les chiffres toujours plus satisfaisants de la production) mais ils disposent d'une certaine liberté, en fait parce qu'ils ne valent pas la peine que l'on se soucie d'eux. « On n'essayait pourtant pas de les endoctriner avec l'idéologie du Parti. Il n'était pas désirable que les prolétaires puissent avoir des sentiments politiques profonds. Tout ce qu'on leur demandait, c'était un patriotisme primitif auquel on pouvait faire appel chaque fois qu'il était nécessaire de leur faire accepter plus d'heures de travail ou des rations plus réduites. Ainsi, même quand ils se fâchaient, comme ils le faisaient parfois, leur mécontentement ne menait nulle part car il n'était pas soutenu par des idées générales. Ils ne pouvaient se concentrer que sur des griefs personnels et sans importance. »
Le contrôle de la pensée exige aussi un contrôle du langage, d'où l'existence du novlangue. « - Ne voyez-vous pas que le véritable but du novlangue est de restreindre les limites de la pensée ? À la fin, nous rendrons littéralement impossible le crime par la pensée car il n'y aura plus de mots pour l'exprimer. Tous les concepts nécessaires seront exprimés chacun exactement par un seul mot dont le sens sera rigoureusement délimité. Toutes les significations subsidiaires seront supprimées et oubliées. » On ne peut s'empêcher de penser au livre du philologue allemand et juif Victor Klemperer « LTI » sur la langue utilisée par le IIIème Reich.
La moindre pensée non orthodoxe est punie par la non-existence. Un jour, plutôt une nuit, vous disparaissez. Toute trace de votre vie est effacé, cela s'appelle être vaporisé. « Indubitablement, Syme sera vaporisé » […]. Quelque chose lui manquait. Il manquait de discrétion, de réserve, d'une sorte de stupidité restrictive. On ne pouvait pas dire qu'il ne fut pas orthodoxe. Il croyait aux principes de l'angsoc, il vénérait Big Brother, il se réjouissait des victoires, il détestait les hérétiques… »
Une partie du roman est la reproduction du livre, censé avoir été écrit par Goldstein, l'opposant. Cet ouvrage présente le pourquoi d'une telle organisation en la mettant en perspective avec l'histoire des sociétés. C'est la partie qui m'a le plus accrochée.
Finalement le lecteur aussi est laissé dans l'incertitude, même la dernière page tournée, on ne connait vraiment ni la genèse, ni le pourquoi de la révolution. Eurasia et Estasia connaissent elles vraiment une société identique comme il est assuré aux habitants d'Océania ? La Corée du Nord, par exemple, a bien une vision totalement erronée de tout ce qui extérieur à elle.
Il y a forcément des éléments de ce monde dans notre réalité, mais en définir les limites ne m'a pas paru si évident.
Un livre qui pour moi vaut la peine d'être lu deux ou trois fois dans une vie. Et du coup, afin de mieux connaître l'oeuvre d'Orwell, je me suis replongée dans la lecture d'Animal farm. Il y en aura d'autres.

Challenge ABC
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Nous sommes en 1984 sous une dictature anglaise nommée « l'angsoc » : ce mot signifie socialisme anglais ; Il fait partie de la « novlangue », ce nouveau langage qu'essaye de diffuser le Parti pour remplacer l'actuelle : Une langue avec un minimum de mots, afin d'exprimer le moins de choses possible et donc d'empêcher la population de pouvoir critiquer le gouvernement : pas de mot, pas de pensée.


Mais le Parti ne veut pas seulement contrôler les moyens d'expression, il vise aussi à contrôler chaque fait et geste de ses membres par le biais de microphones et de caméras dans chaque foyer ; Pire encore, par la contrainte et le lavage de cerveau, le Parti aspire à contrôler les pensées de chacun : La propagande, les menaces, la torture, tous les moyens sont bons pour tuer dans l'oeuf toute possibilité de perdre le pouvoir.


Si quelqu'un s'écarte du comportement voulu par le Parti dirigeant, il est « vaporisé » : Il disparaît, comme s'il n'avait jamais existé, et le Parti efface toute trace écrite de son passage. Il encourage d'ailleurs la délation dès le plus jeune âge, incite les enfants à surveiller leurs parents. Tous les sentiments humains sont interdits : Personne n'a le droit d'aimer, le parti forme des couples pour enfanter puis les interchange à volonté… Bref, il maîtrise chaque instant de la vie des individus.


Et pour occuper la population à quelque chose en commun, le Parti encourage la haine contre l'ennemi à qui il fait la guerre : le fait que le pays soit continuellement en guerre ou dise l'être est donc essentiel pour mobiliser les troupes. En sus, la guerre permet de détruire les richesses et donc d'occuper perpétuellement la population à les reconstruire. Tout le monde est occupé, se sent utile et est contraint de vivre avec peu de moyens sans que ce ne soit la faute du Parti !


*****

Comment peut-on en arriver là sans rébellions ? Serait-ce réellement possible ? Nous voudrions croire que non. Hélas, ce roman parvient très aisément à nous convaincre du contraire. La terreur, l'habitude, le contrôle des informations nationales, la surveillance, les punitions et la police des pensées : Tout cela s'est installé et est bien rodé.


Tout au long du livre, nous suivons Winston Smith. Son âge lui permet d'avoir le vague souvenir que la vie d'avant était meilleure ou, du moins, que l'actuelle ne devrait pas être comme ça. Il va tenter de se rebeller malgré le peu de marge de manoeuvre qu'il est conscient d'avoir : C'est son amour pour une jeune femme qui le décide à intégrer une organisation secrète. Mais une telle organisation est-elle viable dans un tel pays sous surveillance ? Winston trouvera la réponse à ses dépens. La fin est à la fois terriblement épatante et tellement révélatrice de ce genre de gouvernement qui réussit l'exploit de vous convaincre de tout et son contraire…


Voici donc un excellent livre sur la pensée totalitaire, qui détaille vraiment chaque étape de l'engrenage et qui parvient à démontrer à quel point et de quelle manière ça peut fonctionner si on la laisse s'installer… Il met l'accent sur l'importance de la langue pour installer une dictature : Sans mot, pas de pensée, avec peu de mots, une pensée réduite au strict nécessaire, c'est le but de Big Brother dans ce roman.


Ce roman peut, par conséquent, être également intéressant pour les professeurs de français qui tentent d'enseigner l'importance de la subtilité du langage à leurs élèves dubitatifs (Au commencement était le verbe...), ou même pour les profs d'histoire tellement ce roman est pédagogique, car certaines théories sur la société y sont également exposées avant le dénouement.

Lien : http://onee-chan-a-lu.public..
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Faut-il relire “Mille neuf cent quatre-vingt-quatre” ?
Ma réponse est clairement oui.
Et pour de bonnes raisons :

Cette édition est une meilleure traduction de l'oeuvre originale
le monde évolue et « Mille neuf cent quatre-vingt-quatre » n'a en rien perdu de son acuité. Il est même encore plus juste !
J'ai changé. J'ai trouvé dans cette relecture des thèmes, des passages qui m'ont échappé

De plus quelques vidéos récentes m'ont apporté des éclairages plus que très utiles

Monsieur Phi : le plus terrifiant dans 1984… est une idée philosophique
Monsieur Phi : Orwell avait-il tout prévu ? 👁️👁️
Linguisticae : La NOVLANGUE de 1984 (G. Orwell)
Arte : George Orwell, Aldous Huxley : « 1984 » ou « Le meilleur des mondes » ?

Alors lire 1984 en 2022 ?

George Orwell étire la réalité des régimes autoritaires pour en faire un régime absolu, total.
Alors oui l'Angsoc n'est pas le parti qui domine notre vie politique et non les journaux officiels ne sont pas en Novlangue… mais…

Parfois grâce à liberté de la Science-fiction on peut en exagérant sur les mécanismes de la société, nous montrer ce qu'on ne voit pas aujourd'hui comme…

Le parti qui veut le pouvoir… pour le pouvoir. La classe dirigeante du roman n'a pas vraiment beaucoup d'avantages matériels mais aucune hypocrisie ou faux semblant : le parti veut écraser l'individu pour écraser l'individu. Pas d'avenir radieux. Pas de promesse de paradis pour le travailleur, le sur-homme ou l'entrepreneur (rayez les mentions inutiles).
Le pouvoir pour le pouvoir pour toujours.

Le parti s'appuie entre autres sur la langue. le parti s'approprie les mots, les détourne, les vides de leur substance. Cette volonté est affichée et motivée (et même expliquée en annexe).
Très pertinente lecture qui expose à nu des manipulations que l'on croise dissimulées.

Le parti s'appuie sur la surveillance. Un sujet qui a dépassé la fiction.

La grande force du récit ?

Incarner de si grands thèmes, un point de vue si large avec seulement trois personnages centraux.

En conclusion

Une oeuvre riche à redécouvrir encore et encore
Lien : https://post-tenebras-lire.n..
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Winston fait partie d'un monde futuriste où la tyrannie et la dictature dirigée par Big Brother contrôle tout un chacun. La liberté de penser n'existe plus, vous n'avez plus le droit de réfléchir. Car réfléchir, ça questionne le régime. Et questionner le régime est interdit. Sauf que Winston, chargé de réécrire le passé pour légitimer Big Brother, sait bien qu'il n'y a rien de vrai dans ce qu'il fait. Il doute, il se sent épié, menacé. Jusqu'à ce que Julia le contacte...

A 12 ans j'ai voulu lire 1984. Que peut-on comprendre à la notion de liberté quand on vient d'un Occident riche dont on n'a encore même pas conscience quand on a cet âge ?
Rien, vous avez raison. A l'époque, j'ai abandonné très vite.
22 ans plus tard, 2ème essai.
"1984" va bien au-delà de la date à laquelle il fait allusion. C'est un concept, une perception de ce que l'avenir pourrait devenir si on laissait un pouvoir prendre trop de pouvoir. En 2019 et depuis l'apparition des "fake news" voire même des magnifiques "alternative facts" de nombreux membres du gouvernement américain actuel, ce livre trouve un écho phénoménal et dérangeant.
En 1948, Orwell craignait le développement du totalitarisme et de ce que l'avenir sous sa coupe réserverait. Il a imaginé un avenir dans lequel le mensonge devient vérité absolue, où tout sentiment est interdit, où l'absence de vie privée va de soi et où l'esclavagisme et l'asservissement mental sont quotidiens. En 1984, le monde était en plein boom économique, bénéficiant de nouvelles technologies hors de prix mais qui allaient devenir 30 ans plus tard des objets sophistiqués de tous les jours. En 2019, de vieilles cicatrices historiques se voient rouvertes à cause d'égos surdimentionnés au pouvoir de plusieurs pays incontournables sur la scène politique et économique mondiale (Etats-Unis, Russie, Chine) ; le nationalisme/protectionnisme/fanatisme religieux et patriote ainsi que la xénophobie ont fait une remontée fracassante dans ce monde où on croyait naïvement que le but ultime était la liberté d'être et de penser.
En fait en 2019, on approche d'une certaine manière du futur d'Orwell. Et vu les évènements qui alimentent quotidiennement les infos, nous sommes sur une voie parallèle qui pourrait très bien finir par rejoindre celle de l'auteur. Les limites de l'éthique sont constamment repoussées, plus rien n'empêche les gens de mentir ouvertement et de croire à leurs mensonges. Et la masse non instruite de croire aveuglément sans questionner ou répliquer.
Voilà ce qu'Orwell présente : un avertissement, une mise en garde de ce qui pourrait fortement se produire si l'Homme reste assoiffé de pouvoir. le pouvoir pour le pouvoir. Et puis quoi ? Et puis plus rien. Vous n'êtes plus, vous n'avez plus, vous ne ressentez plus, vous ne pouvez plus.
Ce livre a un impact colossal sur quiconque le touche, sur qui fait l'effort de réfléchir pour ne pas jouer au banc de sardines ou aux pigeons errants.
Oui il est long, très répétitif, hyper redondant avec de nombreux paragraphes qui expliquent ce qu'on a déjà compris depuis longtemps. Oui il ne s'y passe au final pas grand chose en termes d'action.
Mais ce livre est nécessaire. Non plus pour réfléchir mais pour agir, pour sauvegarder le halo au-dessus du mot vérité et les libertés de chacun face aux ambitions de seulement quelques-uns.
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Ce roman est une référence indispensable pour comprendre les régimes totalitaires et ce qu'est la pensée totalitaire avec le concept de novlangue, que ce soit ses formes dure : Stalinisme, Nazisme ou plus caché comme aujourd'hui le management ultra-libéral. Et ce fascisme ultra-libéral s'est installé partout et les politiques de LREM s'en revendiquent.
Les mots sont tordu, perverti abima, les mots de « bienveillance », de « partage », de « courage », de « pédagogie », d' »écoute », tous sombre dans le fourre tout de la novlang qui réduit notre champs de pensée commune.

Avec un jeune manager, le mec y dit, « hé j'partage hein« , il veut dire « ben j't'l'ai dis quoi » et il n'a plus aucun sens de ce qu'est le partage, de tout déposer sur la table et de faire ensuite quelque chose de commun.
Novlang 1984, l'idiotie s'installe !

1984 est a lire en parallèle d'Hannah Arendt, l'homme moderne et la montée de totalitarisme.
Ce sont de solides bagages pour comprendre le pouvoir et son fonctionnement !

Est-ce qu'il faut parler du style, il est claire, précis et sans pitié ! On sait où on est !
Lien : https://tsuvadra.blog/2019/1..
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« Les meilleurs livres, songea-t-il, sont ceux qui vous disent ce que vous savez déjà. »

Roman du totalitarisme et d'une glaçante actualité, 1984 est sûrement LE livre à mettre dans les mains de tous. Georges Orwell était un visionnaire, mais c'est souvent l'apanage des plus grands que de nous prévenir des futurs maux de notre civilisation afin de pouvoir les contrer.

Asservissement d'un peuple face à une puissance invisible, le Big Brother voit tout. Les faits et gestes sont surveillés, le passé n'existe plus, il est déformé, réinventé sans cesse au gré des discours et des évènements d'un dictateur qu'on ne voit jamais. Les hommes sont abrutis par les principes sacrés du Socrang, le vocabulaire rétrécit.

Dans cette oeuvre, le constat est effrayant, le peuple ne réfléchit plus de lui-même, acceptant la servitude, une docilité qui fait peur, s'effaçant au profit des puissants. La liberté de pensée n'existe plus, les droits sont bafoués, et le moindre comportement suspect suffit pour être évincé de la société. Les enfants sont de véritables espions, les guerres se succèdent, instaurent un climat de peur et de haine envers des peuples lointains pour des conflits qui n'ont pas eu lieu d'êtres.

Il y aurait tant à dire sur cette dystopie critiquée à de nombreuses reprises. Les ressemblances et les connexions qui se font avec notre propre et triste actualité sont d'un réalisme effroyable. À nous de développer notre pensée et notre réflexion, pour ne pas arriver à ce même gouvernement.
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Retour de lecture sur "1984" qui est le dernier roman de George Orwell, un monument publié en 1949, quelques mois avant sa mort. Dans ce roman dystopique, à travers la rébellion de son personnage Winston, il nous dessine un monde hallucinant, dans lequel les libertés individuelles sont drastiquement réduites, la vérité manipulée et la population surveillée de près par un régime totalitaire représenté par le mythique Big brother. En 1984, beaucoup disaient qu'Orwell était très loin du compte et que sa vision de l'avenir était beaucoup trop pessimiste. de nos jours, le monde a plutôt évolué dans le mauvais sens et plus personne ne peut dire cela. Ce roman pourrait s'intituler "Le totalitarisme pour les nuls" tellement il décortique et expose avec justesse tous les rouages et procédés qui sont mis en place par les dictatures pour dominer et contrôler les peuples. Orwell a certes pu voir l'exemple du nazisme et du stalinisme, mais il apporte également dans son roman beaucoup d'éléments qui n'avaient pas encore été mis en place à son époque. On se rend compte, plus de 70 ans après la publication du livre, en regardant ce qui se passe en Russie et en Chine, ainsi que dans certains pays pro-Trump considérés comme démocratiques, à quel point il a été visionnaire et que tout ce qu'il expose correspond quelque-part à une réalité existant actuellement, sous une forme plus ou moins proche. Ce constat est terrifiant, notamment en ce qui concerne le détournement et l'utilisation des technologies avancées pour la surveillance des populations ou pour certaines informations ou vérités qui peuvent être vraies un jour, fausses le lendemain, pour à nouveau être vraies le surlendemain. le parallèle saute également au yeux, entre les "deux minutes de la haine" et ce qui se passe de nos jours avec les déferlements de haine que l'on peut trouver sur les réseaux sociaux. Concernant le roman lui-même et sa construction, on peut regretter que le descriptif de son univers totalitaire prenne une place aussi prépondérante, avec de nombreuses répétitions sur certains concepts, par rapport à l'histoire de ses personnages principaux, ce qui déséquilibre un peu la structure du roman. le fond semble prendre largement le dessus sur la forme. A sa décharge, il faut noter que beaucoup de choses qui nécessitaient d'être développées et précisées en 1949 semblent évidentes de nos jours. le récit n'est donc pas particulièrement agréable à lire, le tout est très noir, déprimant, avec un propos surtout très descriptif ou théorique. La narration est relativement froide, sans grande émotion, mais elle a au-moins le mérite de cadrer parfaitement avec le sujet du roman et avec ce monde très déprimant, mais loin d'être irréaliste, qu'il décrit. Pour conclure, c'est un livre fantastique, très percutant, un livre incontournable que tout le monde devrait avoir lu, qui nous interroge sur nos propres positionnements face au pouvoir. Dans quelle mesure nous ne sommes pas déjà manipulés, et si nous n'aimons pas tous d'une certaine manière, par confort, Big brother ?
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En 1949, année de parution du roman, Big Brother, c'était Staline et son énorme moustache. On le reconnait dès la première page : « …un bel homme de quarante-cinq ans environ, à l'épaisse moustache noire et à l'aspect viril ». le « Petit Père des Peuples » comme il aimait à se faire appeler devenait le Grand Frère.
Orwell a déjà tout compris du paradis socialiste. Il frappe fort, décrit la vie communautaire aussi misérable que sinistre, les pénuries de biens essentiels, la terreur des arrestations arbitraires, les aveux bidons extorqués par les pires tortures et les procès simulacres. L'individu est broyé, l'avenir n'offre aucune perspective et la propagande quotidienne déverse les mensonges destinés à laver les cerveaux afin de masquer l'inanité du projet soviétique et la cruauté impitoyable du tyran. A ma connaissance, Orwell était un des premiers à avoir compris la vraie nature du régime soviétique. D'autres le décriront plus tard, Soljenitsyne en particulier avec l'Archipel du Goulag. Mais en 1949, ce dernier ne pouvait pas écrire, déjà emprisonné en camp de travail (condamné à huit ans pour avoir critiqué Staline dans une lettre personnelle !).
Mais ce qui fait la singulière force de 1984, c'est sa modernité. Par exemple, lorsqu'il évoque la société hiérarchisée et la manière de museler les masses:
« La nouvelle aristocratie se composait essentiellement de bureaucrates, de scientifiques, de techniciens, de leaders syndicaux, d'experts en publicité, de sociologues, de professeurs, de journalistes et de politiciens de métier ».
« La pénibilité du travail, le souci du foyer et des enfants, les minables querelles de voisinage, les films, le foot, la bière, et surtout les jeux d'argent, suffisent à combler leur horizon mental. Il n'est pas difficile de les tenir en main. »
« Car si tous jouissent de loisirs et de sécurité, les masses ordinairement abruties par la pauvreté vont s'instruire et se mettre à penser, en conséquence de quoi elles finiront par s'apercevoir que la minorité privilégiée ne sert à rien et elles la balaieront. A terme, une société hiérarchisée doit s'appuyer sur la pauvreté et l'ignorance pour être viable. »
1984 est un puissant manifeste contre le totalitarisme mais pas seulement. Comment ne pas songer à nos sociétés dites démocratiques ? La classe (caste ?) dominante d'aujourd'hui y est déjà décrite de même que l'apathie d'une majorité de citoyens (le foot, la bière et les jeux de hasard). Quant à la troisième citation, il m'est impossible de ne pas penser à notre Education Nationale que certains n'ont pas hésité à baptiser « La Fabrique des Crétins ».
Big Brother surveille tout un chacun et la moindre des pensées est traquée. Orwell avait imaginé que la télévision remplirait ce rôle d'émetteur-récepteur. Il avait vu juste même si les multinationales de l'internet ont inventé un autre écran. Mais comment être en désaccord avec cette dernière citation ?
« L'invention de l'imprimerie a facilité la manipulation de l'opinion, et le cinéma et la radio ont parachevé le processus. le développement de la télévision et l'avancée technique permettant d'émettre et de recevoir à partir du même appareil ont signé la fin de la vie privée. Tout citoyen … pouvait être placé vingt-quatre heures sur vingt-quatre sous le regard de la police et à portée de voix de la propagande officielle. Imposer une obéissance complète à la volonté de l'Etat, mais aussi une parfaite uniformité d'opinion sur tous les sujets, devenait possible pour la première fois.»
Et nous voici devant la Pensée Unique de notre époque, qui stérilise le débat et l'intelligence parce qu'elle prétend dire le Bien et le Mal afin d'empêcher tout débat sérieux.
En cela, 1984 est terriblement actuel et mérite de trouver de nouveaux lecteurs. Big Brother nous surveille, alors ouvrons les yeux.
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Voilà un roman qui a souffert de mon manque d'âge et d'expérience, notamment politique, au moment de ma première lecture, alors que j'étais seulement ado, pour être, à mon sens, pleinement compris dans toutes ses potentialités, dans tous ses tenants et aboutissants. Plus encore maintenant que je peux faire un parallèle, somme toute nécessaire, avec La ferme des animaux, publié quatre ans plus tôt.

Ici, il n'est plus question de fable animalière, mais d'un monde de 1984 - enfin, en est-on sûr ? - bien plus glaçant, qui se divise en trois états continuellement en guerre, l'Océanie - Etats-Unis et Empire britannique -, l'Eurasie - l'URSS et le reste de l'Europe -, l'Estasie - une bonne partie du reste de l'Asie -, pour obtenir les ressources possédées par le reste du monde ne faisant pas partie de ces états - entre Tanger, Brazzaville, Darwin et Hong-Kong.

De ces trois états, c'est l'Océanie que choisit Orwell de décrire en un personnage emblématique, au nom on ne peut plus banal, Winston Smith, quadragénaire faisant partie du parti extérieur de l'Angsoc ("socialisme anglais"), classe intermédiaire entre le parti intérieur et les proles. le parti intérieur est réservé aux pontes de l'Etat, Big Brother en tête, sorte de divinité autocratique affichée sur tous les murs, fixant de son regard inquisiteur ses ouailles, les écoutant aussi continuellement via télécran. Les proles, quant à eux, sont les ouvriers toujours nécessaires pour faire fonctionner l'Etat. Winston est donc plutôt privilégié en travaillant au service des Archives du Ministère de la Vérité, chargé qu'il est de modifier le passé pour le faire correspondre aux désirs du Parti, selon les évolutions de la société. Mais il ne parvient pas à être totalement dupe, et commence à écrire un journal clandestin dans lequel il évoque tout ce qui le gêne au sein de son existence océanienne, sans se douter un seul instant de tout ce à quoi va le mener cette première impulsion contre le Parti...

Ainsi, l'auteur anglais pousse à son paroxysme ce qu'il dénonçait déjà avec causticité dans La ferme des animaux : la toute-puissance de la manipulation de l'information propre à tout régime totalitaire afin d'empêcher toute révolution qui le remettrait en cause. Dénonciation faite avec grande réussite par l'intermédiaire d'un Livre, censément écrit par Goldstein, l'ennemi de l'Océanie, celui qui a trahi le Parti en n'acceptant pas cet état de fait, dont certains extraits, qui nous sont offerts en lecture, nous montrent tout le génie visionnaire de cette dystopie.

Une relecture qui m'a mis une sacrée gifle, tant j'ai l'impression d'être franchement passée à côté au cours de ma première lecture, et tant je la trouve troublante, plus encore de nos jours...
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Sacre livre que ce 1984 d' Orwell.

En le lisant je ne savais pas si j'aimais ce livre ou je le détestais. En fait, c'est ces deux sentiments en même temps qui me sont venus.
Quel monde barbare qui nous est dépeint par l'auteur, mais en même temps un monde qui pourrait être tout a fait réaliste. Un monde ou l'humanité n'a plus rien d'humaine.

Vivre dans ce monde la, serait ce l'enfer ?

Dans l'oceania rien n'est beau, en cela George Orwell nous le fait très bien comprendre. de par les mots choisis -mention spéciale a la traduction française- qui nous donne cette nausée qui ne m'a pas quitter du livre.
Mais tout ceci dans un but bien précis, la liberté n'est jamais acquise, et il faudra toujours se battre pour elle. Message maintes et maintes fois entendu mais qu'il ne faut jamais oublié.

Justement parlons du fond du livre, l'idée qui est que pour canaliser le peuple, il faut lui restreindre toute forme de liberté est si criant de vérité. Liberté d'être qui l'ont est, liberté de parler, penser, réfléchir, d'aimer.
Ôter jusqu'à l'amour, « purifier » les écritures, le langage, emmène a devenir mort de l'intérieur.

Ce livre est tellement précurseur -toute proportion gardé-par rapport au monde qui nous entoure.L'abrutissement de masse, restriction des libertés, sévices en tout genre, vies robotises, tout y passe et je dois dire que notre monde contemporain ressemble par bien des aspect au monde Orwellien.

Un lecture que je n'oublierais jamais, un récit si dérangeant pour nous donner a nous peuple d'hier, d'aujourd'hui et de demain l'envie de nous battre pour nos libertés et nos vies.
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