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sur 29027 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Depuis le 1er janvier 2021, les oeuvres de George Orwell, mort il y a 70 ans , sont entrés dans le domaine public.

Son célébrissime roman d'anticipation "1984" a ainsi l'honneur de paraitre dans une belle édition restaurée chez Folio classique avec une préface inédite de Philippe Jaworki, professeur à l'université Paris Diderot
"1984" est entré dans la culture populaire et il est régulièrement convoqué dès que libertés individuelles se rétrécissent.
Ce modèle de dystopie dénonce un totalitarisme universel résumé dans une phrase devenue culte depuis: "Big Brother is watching you"
Une phrase clé , avec tout ce que cela implique de restrictions de liberté individuelle et d'opinion, mais aussi de privation d'intimité.
Selon Jaworksi, Orwell écrit une satire acerbe et sinistre mi sermon mi pamphlet, qui dénonce la politique au nom de la morale, interroge celle ci sous l'angle du sentiment, et grossit le ridicule jusqu'au grotesque.
A travers ce roman, George Orwell tente une réflexion tres poussée sur la déclin de l'homme par la confiscation de la pensée et l'avènement de la technocratie. ... Une bonne porte d'entrée dans le monde des dystopies.
Paru en 1949, le roman est une satire des totalitarismes, déguisée en une farce tragique, d'une glaçante actualité.
Le grand frère, le fameux Big Brother est un archétype, idée abstraite qui symbolise le diable face à l'homme combattant mais souffrant, gibier naif revé pour le chasseur.

Par son pouvoir de prémonition, Mil neuf cent quatre-vingt-quatre est de ces chefs-d'oeuvre qui nous marquent à jamais encore plus dans des temps troubles que l'on peut vivre actuellement .
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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J'aime tellement ce roman et il est au top de mes romans préférés depuis si longtemps...
La mort de John Hurt, comédien britannique au talent fou, qui a interprété Winston au cinéma, me pousse à dire quelques mots sur ce roman que j'adore.
J'ai lu "1984" à plusieurs reprises.
"1984", c'est une société futuriste où Big Brother règne en maître et où chacun est observé dans tous ses faits et gestes. L'ambiance qui règne à travers tout le roman est froide et sinistre mais qu'est-ce qui fait qu'on a qu'une seule envie, celle de continuer à tourner les pages?
"1984", c'est Winston évidemment. Son enfance est évoquée, sa relation avec sa mère, l'amour qu'il ressent pour elle mais aussi la culpabilité.
John Hurt a été pour moi le meilleur Winston qu'on n'aura jamais. Aucun autre n'aurait pu mieux montrer la force et la fragilité de Winston, sa sensibilité et sa pudeur. Un homme qui oscille entre espoir et désespoir dans une société où il n'y a juste pas le choix.
Peut-être 2017 sera-t-elle une bonne année pour relire "1984" une nouvelle fois? Ce n'est pas l'envie qui manque...
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Au sortir de la seconde guerre mondiale George Orwell a imaginé une société où le groupe domine sur l'individualisme, où il n'y a plus de liberté d'expression, où les moindres regards, pensées, faits et gestes sont traqués par des télécrans omniprésents. Ce monde concentre toutes les méthodes qui existent aux quatre coins de la planète pour cadenasser la pensée, et instaurer un régime totalitaire : la surveillance constante, la peur constante de la délation, y compris au sein de sa famille, la capacité des foules à croire n'importe quel mensonge à force de répétitions, la réécriture de l'histoire, la simplification de la langue pour compliquer l'expression d'une pensée originale, la création d'un ennemi pour souder le peuple contre celui-ci, etc... pour supprimer tout individualisme, toute liberté de pensée. le passé est réécrit, le présent est surveillé, le futur est contrôlé. le totalitarisme est poussé à l'extrême, plus parfait que le nazisme ou le stalinisme : ni camps de concentration ni goulags, pas de racisme (l'ennemi est tantôt estasien, tantôt eurasien), pas de lutte des classes. Il n'y a que trois groupes : le parti intérieur (la classe dirigeante), le parti extérieur (les cadres, la classe moyenne) et les prolétaires. Contrairement à La ferme des animaux, récit que je trouve trop caricatural et grossier, ici tout est travaillé avec soin : le rythme, l'intrigue (même si Orwell s'est certainement inspiré de Nous autres de Zamiatine). Dès les premières lignes tout est suggéré avec finesse : la ville est froide, austère, en ruines, les deux seules choses qui fonctionnent sont le télécran et l'hélicoptère, pas trace d'un humain, la seule tache de couleur est l'affiche de Big Brother. La première action que tente de faire le héros, Winston, est toute simple : réussir à pénétrer assez vite dans l'immeuble pour que la bourrasque de poussière ne s'y engouffre avec lui. C'est un échec, peut-être pour annoncer l'échec final. J'ai lu que Margaret Atwood interprétait 1984 un petit peu différemment. D'après elle il y a le récit principal avec sa chute pessimiste. Mais l'appendice qui suit sur la Novlangue (et dont on ignore qui est censé être le narrateur) suggère que c'est une langue ancienne qui n'existe plus et surtout, il n'est pas du tout rédigé en Novlangue ! Cela m'avait totalement échappé à la première lecture, mais elle a tout à fait raison. Cela ne change pas le sens du roman mais laisse une ouverture vers de l'espoir.
Au rythme où s'accélère la surveillance des individus par le biais d'Internet et des portables, quand on voit ce qu'en fait la Chine avec son système de Crédit Social pour contrôler les comportements de sa population, il est absolument indispensable de rester vigilant et de lire et relire ce roman dont la place est parfaitement justifiée dans la liste des indispensables de tous les temps de la BBC et dans celle des indispensables du Xxème siècle d'après le Monde. A lire absolument si ce n'est déjà fait.
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1984 est tout simplement un chef-d'oeuvre de l'analyse politique et du roman d'anticipation. Je rajouterai même un troisième élément : c'est une oeuvre d'art...
Je pourrai en dire beaucoup plus, car ( c'est sans doute le cas de toutes les oeuvres vraiment réussies ), 1984 est une oeuvre des plus complexes, et je m'étonne beaucoup que l'on réduise cette oeuvre a ce qui est peut-être un de ces aspects, même pas de ces aspects les plus intéressants, même pas de ces aspects les plus développés : la surveillance permanente.
Ce qui m'a surtout fasciné dans ce roman, et ce qui m'intéresse le plus pour ma part, c'est la façon dont, dans ce roman, la vérité est constamment faussée par les autorités.
Tout le monde a son 1984. Les uns s'intéresseront à la fascinante présence constante des autorités ; les autres préféreront se pencher sur la portée historique de ce roman ; on en verra, sans doute, qui méditeront sur les mécanismes de propagande à l'oeuvre dans ce texte ; et il y a tant d'autres aspects à découvrir dans ce récit ! C'est aussi un beau récit, très bien écrit.
D'une haute actualité et par ailleurs une très belle oeuvre.
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Certaines de mes derniers lectures, dont l'excellent roman de Damasio sur fond d'une société d'auto-surveillance, La zone du dehors, qui se déroule, ce n'est pas un hasard, en 2084, m'ont amené à relire ce terrible et formidable livre d'Orwell.

Ici, le héros Winston et sa compagne Julia, plongés dans un monde totalitaire où surveillance est la règle, va fonder des espoirs dans un mouvement clandestin, la Fraternité, pour susciter une révolte des prolétaires de l'Ocenia, un des trois conglomérats de pays qui peuplent la Terre.
Mais tout ceci n'est qu'un leurre et Winston ainsi que Julia tomberont dans le piège que leur avait tendu un membre du Parti qui leur avait fait croire qu'il faisait partie de cette armée de résistance clandestine.
Dès lors, on assiste à la « rééducation » de Winston, et on découvre à la fin le résultat d'anéantissement humain auquel ce traitement a conduit Winston et Julia. Et l'avènement de la novlangue qui rétrécit le champ des possibles de la pensée.

Évidemment, c'est terrifiant, et d'un pessimisme noir.

Mais Orwell, en poussant à l'extrême le monde du totalitarisme, nous en montre tous les rouages:
- le contrôle absolu de tous les individus, non seulement de leurs actes, mais de leur pensée;
- l'élimination, ou pire encore, le « lavage de cerveaux » des opposants au système avant leur élimination;
- la falsification des faits, mêmes évidents (le terrible postulat que l'on impose à Winston sous la contrainte violente que deux et deux font cinq, un exemple saisissant);
- la guerre permanente, la haine de l'ennemi extérieur et intérieur comme levier pour mettre en mouvement la population;
Et tant d'autres choses.

On peut se dire que c'est exagéré et que ce n'est pas possible dans nos démocraties.
Et pourtant, il y eu au 20ème siècle, le régime nazi, le régime stalinien, plus près de nous le Cambodge de Pol Pot, et en ce moment, la Chine redevenue totalitaire de Xi Jinping, dans laquelle le contrôle de toute la population emploie des moyens de plus en plus sophistiqués, et puis bien entendu la Corée du Nord, le Califat de l'Etat Islamique, le régime taliban d'Afghanistan, et dans une moindre mesure le régime iranien.
Et je pense aussi à ces mouvements sectaires qui aliènent l'individu, qui contrôlent sa pensée comme ses actes.

Et, ne cherchons pas si loin, « la liberté c'est l'esclavage », ça ne vous dit rien, avec nos conditionnements de pays dits libres, par la publicité, les médias en continu, les réseaux sociaux où l'on refait la réalité et où se propage le complotisme, le succès de celles et ceux qui attisent la haine de l'autre, étranger, immigré, musulman, etc…

Ce qui est terrible dans le monde décrit par Orwell, et c'est un avertissement, c'est que la puissance du système mis en place voue la révolte à l'échec. C'est aussi, et Winston va le découvrir avec horreur, c'est que le totalitarisme tout puissant ne cherche même pas à se justifier par un projet de construction d'un avenir meilleur pour les humains, par une quelconque idéologie, non, « le Parti recherche le pouvoir pour le pouvoir, exclusivement pour le pouvoir », c'est l'emprise sur les humains qui est le but, et non un moyen quelconque.

Et la leçon, c'est pour moi celle-ci: essayons toujours, jusqu'à notre denier souffle, et apprenons aux autres, de cultiver la liberté de l'esprit.
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Mon avatar : le robot pensant montre que je lis 1984 : Winston devient un robot, et O'Brien a supprimé sa pensée.
Je viens de le relire. C'est terrible.
George Orwell, en 1949, imagine ce scénario politique qui se passerait 45 ans plus tard ...
Londres, 1984. Winston ( 40 ans) travaille aux archives du Parti, gouvernement que dirige Big Brother pour Océania, un des trois méga-pays qui se partagent le monde. le télécran, sorte de télévision avec caméra, surveille les six millions de membres du Parti, pour qu'ils restent dans l'orthodoxie : "Big Brother is watching you", partout et tout le temps !

Julia (24 ans), membre aussi du Parti, tombe amoureuse de Winston. Tous deux trouvent une cachette chez Mr Charrington pour se retrouver dans l'intimité sans le Télécran.

O'Brien ( environ 60 ans), membre du Parti interne, ceux qui commandent vraiment, fait un clin d'oeil à Winston : La Fraternité de l'opposant Goldstein existerait-elle vraiment ? Dans ce cas, Winston aimerait échapper à Big Brother, et retrouver la liberté qui existait quand il était petit, une liberté d'action et surtout de penser : le moindre tic nerveux est épié par le télécran qui est partout !
.
A la première lecture, je me suis ennuyé : encore un roman politique !
Mais là, avec le contexte de sortie de deuxième guerre mondiale, les atrocité commises par les sbires d'Hitler et de Staline, ce dernier toujours vivant au moment de la sortie du livre, je vois l'enjeu.

"Orwell s'est engagé dans la dénonciation du stalinisme, ce qui lui a notamment valu d'être durablement proscrit, ignoré et calomnié par les communistes intégristes, d'être qualifié de “renégat du socialisme” par les organes soviétiques et de voir son livre majeur, 1984 (un anagramme mathématique de 1948, date de sa rédaction), interdit en URSS jusqu'en 1985 " ( cairn.info)
.
Je pense que ce livre est plus qu'un message : un avertissement :
attention, peuples démocratiques d'Angleterre et d'ailleurs, ne laissez-pas une dictature oligarchique comme celle d'Htler ou de Staline s'installer au pouvoir dans votre nation libre, démocratique ! Ne perdez pas les jours heureux, le rire et le sourire, qui ont complètement disparu dans ce livre, où la terreur et la haine, la manipulation et les tortures dominent : ne sortons pas de l'inquisition jésuite, du nazisme, du communisme pour retomber dans cette erreur : il y a d'autres façons de gouverner que par la terreur !

Bon, pour un élève de troisième, c'est un livre dur, quand même ! Qu'est ce qu'il lui prend, à la prof... Ou aux didacticiens qui élaborent les programmes ?
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De 1984, on n'a souvent qu'une image tronquée. Celle qui se résume à cette phase : "Big Brother vous regarde".
L'image de Big Brother, trop souvent dévoyée dès que l'on veut illustrer la restriction des libertés pour des motifs parfois discutables, est bien réductrice par rapport à l'oeuvre d'Orwell.
Car 1984, c'est bien plus que cela. Au-delà de ce visage dont les yeux semblent vous fixer, et qui n'est pas sans rappeler celui de Josef Staline, George Orwell nous décrit un système implacable dans lequel l'être humain se trouve totalement annihilé par un parti omniprésent et omnipotent.
Il tente de jouir de quelque liberté auprès de Julia avant d'être implacablement rattrapé à travers les télécrans, objets autant dédiés à l'abrutissement qu'à l'observation des personnes.
On espère avec Winston, on compatit, on vit l'aventure avec lui, au point de finir par se demander par où va arriver la trahison qui le perdra.
1984 détaille avec une précision glaçante les mécanismes du totalitarisme absolu. Les citations du livre de Goldstein, l'invisible rebelle au régime, sont d'une rare richesse et décrivent malheureusement des systèmes connus autant qu'implacables.
Ce roman se dévore jusqu'au dénouement et donne envie, sitôt clos, de retourner au début et de recommencer pour voir si, par hasard, l'histoire de Winston aurait pu être différente.
Probablement un des meilleurs romans lus ces dernières années.
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En 1984, de nombreux médiatiques, visiblement intéressés au maintien d'un relatif optimisme dans les populations, s'empressèrent de clamer très fort que George Orwell s'était entièrement trompé dans cet ouvrage jouissant pourtant et non sans raison d'une assez grande et persistante célébrité. D'après eux, la société décrite dans "1984" n'avait aucun rapport avec la notre.
Toutefois, depuis cette date, un certain nombre d'évènements et d'évolutions laissent à penser que ce soulagement était peut-être prématuré.
Ainsi, on ne peut s'empêcher de constater que les féroces hordes d'Al Qaida, tantôt vaincus, tantôt ressurgissant de l'ombre sous un autre nom, présentent d'étranges similitudes avec l'armée de l'ombre d'Emmanuel Goldstein l'ennemi du peuple et son armée de comploteurs invétérés, tels que les décrit Orwell. Phénomène qui a eu pour principale conséquence le renforcement général du contrôle policier et des logiques sécuritaires et un formidable recul des libertés individuelles.
A qui profite le crime ?
De même, la perte progressive de tout langage signifiant chez nos élites dirigeantes, pourrait bien laisser croire que la Novlangue, qu'Orwell décrit longuement dans son ouvrage, a finalement trouvé sa place dans notre modernité et ses démocraties de pure façade.
Aussi, la multiplication des caméras et des systèmes de contrôle et de surveillance évoque fâcheusement Big Brother.
Également, nous pouvons voir désormais presque chaque jour, comme dans "1984", que ce qui était vrai hier est devenu faux aujourd'hui et que strictement rien ne s'oppose à ce que cela soit rétabli comme vrai demain selon ce que décideront ceux qui savent si bien penser à notre place.
Il est vrai qu'Orwell savait fort bien penser par lui-même pour sa part.
La principale difficulté que certains rencontreront à la lecture de cet ouvrage tient à sa vérité même en ce qu'elle a de particulièrement intolérable dans son actualité et qu'Orwell formula ainsi :
"L'idée lui vint que la vraie caractéristique de la vie moderne était, non pas sa cruauté, son insécurité, mais simplement son aspect nu, terne, soumis."
Voilà ce que beaucoup ne veulent pas entendre par ce que cela dit de leur propre existence et préféreront donc écarter en prétextant un défaut romanesque. Le monde de 1984, qui est donc bien aussi notre monde sous de nombreux aspects, se caractérise en effet par cette réaction commune au plus grand nombre : "Cela est vrai mais je ne veux pas le savoir."
Peut-être est-ce bien pour cela que tout continue ....
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Voilà plus de 10 jours que je cale sur la rédaction de ma critique…
Que pourrais-je bien écrire qui ne l'ai déjà pas été sur les quelques 1 000 critiques précédentes ?
Comment trouver les mots justes pour décrire mon enthousiasme, mon engouement, mais aussi mon saisissement, voire mon désarroi…

Parce qu'une chose est sûre, je l'ai dévoré ; et il a désormais sa place dans mon Panthéon personnel.
Mais pourquoi ? Sans doute parce que c'est une oeuvre universelle, qui parle à chacun et qui a ouvert chez moi plein de petites fenêtres sur mes questionnements intérieurs…

1984 - Londres – Océania : Winston Smith est fonctionnaire au Ministère de la Vérité, au Commissariat aux Archives. Son travail consiste à réécrire tout type de documents afin qu'ils correspondent à la réalité du moment présent dictée par le Parti. Comme tous ses concitoyens, il est soumis à une surveillance constante, de ses actes comme de ses pensées, si ces dernières avaient le malheur de transparaître sur son visage ou ses propos…
« Big Brother is watching you ».

Dans un monde totalitaire où la liberté d'expression est bannie, il est difficile d'être différent, impossible d'assumer des pensées dissidentes sans craindre le pire. Alors, quand Winston sent son esprit tendre vers la subversion, il le canalise en rédigeant un journal intime. Il y décrit sa vie, rythmée par son travail et son dévouement feint au Parti, épuisant… Il y explique la novlangue, la langue officielle d'Océania qui permet de mieux contrôler les esprits, mais aussi la double-pensée qui consiste à effacer tout esprit critique en s'entraînant à accepter simultanément deux points de vue opposés. Tels les slogans du Parti : « La guerre, c'est la paix », « La liberté, c'est l'esclavage », « L'ignorance, c'est la force ».

Seulement voilà, de par son action d'écriture, Winston n'arrive plus à oublier le passé au profit d'un présent retravaillé. Il cultive même là sa mémoire individuelle, au mépris des règles fondamentales instaurées par le Parti. Cet acte le fait dès lors entrer en résistance contre l'Autorité, sans qu'il en soit réellement conscient au départ, puis de manière de plus en plus osée et ostensible. Il ne peut plus rester seul avec ses interrogations, il lui faut trouver des réponses à ses questions.
Jusqu'où le mènera sa prise de conscience ?

Un roman magnifiquement angoissant.
D'une grande esthétique, l'écriture de George Orwell, magnifiée par la traduction de Josée Kamoun, m'a portée de bout en bout du récit. L'expression de son humanité, que l'on retrouve dans nombre de ses écrits, est tout simplement bouleversante.
Derrière la forme, le fond, et là je me permets de parler d'une forme d'effroi en termes de ressenti. Cette société cauchemardesque est-elle vraiment si éloignée de notre contexte actuel ? Les extraits du livre de Goldstein lus par Winston sont terriblement troublants sur les leviers d'action à mettre en place pour exercer un tel fonctionnement.
Liberté d'expression, novlangue contemporaine, le « en même temps » cher à notre président, nul besoin de chercher bien loin pour entendre les échos prophétisés. J'espère en tout cas que deux + deux feront toujours quatre, même si cette simple équation ne manquera plus jamais de me donner un frisson glacé…

Je garde cependant ces derniers mots d'espoir, qui concluent admirablement l'ouvrage : « D'une façon ou d'une autre, vous échouerez. Tôt ou tard, ils verront qui vous êtes et vous déchireront. La vie vous vaincra. Il y a quelque chose dans l'univers, je ne sais quoi, un esprit, un principe que vous n'abattrez jamais. »
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L'auteur nous plonge dans l'ambiance dès le début. J'ai éprouvé très rapidement de la sympathie pour Winston. La séance au cinéma dans le premier chapitre m'a plut.
Le dernier chapitre de la première partie est le plus long mais le plus prenant. J'avais l'impression d'être à côté de Winston tellement l'écriture m'a captivé, et Julia m'intrigue de plus en plus.
Prenantes les stratégies élaborées pour survivre et éviter Big Brother. Ah voilà le moment que j'attendais : la conspiration. Arrivé de façon inattendue, sans signe apparent que cela arriverait à ce chapitre.
Lorsque Winston lit le livre interdit, j'avais l'impression de faire une lecture commune avec lui tellement certains passages résonnaient de vérité.
Le dernier chapitre de la deuxième partie est bluffant, happant, inattendu. Waouh, je ne l'ai pas du tout vu arriver cet événement. Je ne peux plus lâcher le livre, il faut que je sache la suite de ce déroulement.
Pour la troisième partie, il m'a été conseillé de bien attacher ma ceinture, c'est ce que j'ai fait et j'ai même prévu le parachute. Très prenante cette partie, j'attendais le moment décisif pour Winston mais il n'arrive pas, du moins pas comme je l'avais imaginé. Dernier chapitre, je ne me suis pas encore servie du parachute mais en lisant « Apendice » là j'ai sauté dans le vide.
Les auteurs de science-fiction d'anticipation me stupéfient et m'effraient à la fois par leur façon de prédire l'avenir.
Très bon roman à découvrir. Je lirais La ferme des animaux qui m'a été vivement conseillé.
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