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EAN : 9789973580146
144 pages
Elyzad (15/04/2008)
3.33/5   9 notes
Résumé :
"Une femme croisée dans un aéroport et l’ombre d’une tragédie logée au fond de ses yeux... Malgré moi, je la suivis du regard, rien que pour savoir où elle allait, comme si cela me donnerait le secret du chagrin qu’elle emportait avec elle. Pristina... Sarajevo... Puis elle s’est dirigée vers un long couloir vitré. Je n’ai pas pu voir vers laquelle de ces deux villes elle se rendait. Je ne le saurai jamais. Il me restait l’écho terrible dont l’Histoire récente avait... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
J'ai toujours été, à choisir, un amateur de pavés, car je pensais en avoir pour mon argent alors que les romans à l'épaisseur inférieure à un centimètre me renvoyaient à un a priori idiot que l'auteur ne s'était pas foulé et que j'allais engloutir sans passion une nouvelle où le ratio signes/prix m'était clairement défavorable. Et puis, dans les titres des éditions Elyzad, une claque il y a quelques mois avec ce premier roman d'Emilienne Malfatto.

C'est donc sans craintes et le coeur léger que j'ai entrepris de lire le café d'Yllka de Cécile Oumhani sur les bons conseils de ma libraire, à une semaine d'une rencontre organisée en librairie avec l'éditrice et l'autrice. Et je vais finir par croire que cette maison d'édition aime me briser le coeur et m'arracher de la compassion !

C'est cette fois dans les Balkans qu'une femme revient des années après les conflits qui firent exploser la Yougoslavie et mirent à feu et à sang les Balkans, poussant les familles rescapées des bombardements à s'enfuir d'abord à Sarajevo puis, pour échapper aux snipers, à s'exiler vers la Croatie et les pays d'Europe.

Elle vient d'Allemagne sur les traces des souvenirs qu'elle conserve de son enfance au pays, afin de rencontrer un frère de sa mère de qui elle fut séparée pendant ce conflit meurtrier qui s'est produit il y a quelques décennies à peine, et pour laquelle elle ne sait pas si elle est morte ou vivante.

Bref mais intense, c'est en conclusion ce que je pourrais vous dire de ce petit roman de 120 pages qui m'a beaucoup touché par la délicatesse de son récit, qui parvient à transmettre cette douleur de la séparation et le traumatisme de la guerre sans avoir recours à l'emphase. Une belle et douloureuse découverte.
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Après une quinzaine d'années passées loin de son pays natal, Emina retourne chez son oncle Feti en ex-Yougoslavie. Ensemble, ils évoquent le souvenir de la mère d'Emina et soeur de Feti, disparue en pleine guerre balkanique, et dont il ne reste que quelques lettres. Dans un carnet, Emina cherche à retrouver et réunir ses souvenirs. Elle y parle de ses premières amours, de sa sortie de l'enfance, de sa cousine plus âgée, mais aussi de la guerre, des bombardements, des tirs de snipers dans les rues de Sarajevo, de son père parti les défendre à la guerre, et surtout de sa mère, qui pour protéger Emina et son petit frère, les a envoyés loin du conflit, tout en restant attendre le retour du père. Qu'est-elle devenue ? Est-elle morte ? C'est une réponse à ce doute qui la retient dans le passé qu'Emina est venue chercher dans son retour aux sources.

Quelques mots sur l'auteur : Cécile Oumhani, née en 1952 en Belgique, est une poète et romancière franco-britanno-tunisienne qui a déjà publié de nombreux ouvrages.


C'est avec une très belle écriture imagée que Cécile Oumhani parvient d'emblée à nous plonger dans le récit. On entend les sirènes annonçant un bombardement proche ou le sifflement d'une balle qui passe tout près, on voit les immeubles détruits par les obus, on s'enfonce avec Emina dans les caves en attendant un court répit.

Les personnages sont attachants : le père qui joue de la guitare dans la cave pour rassurer ses proches, Alija le petit frère qui n'abandonne jamais son chat et Yllka, cette mère courage qui jamais ne pleure de peur de montrer ses faiblesses. Enfin, Emina ne peut que nous toucher dans sa recherche de cette mère perdue, dans cette quête impossible qui l'empêche d'avance et la bloque dans son passé.

Si l'image de sa mère est floue, comme le sont les souvenirs d'Emina, c'est par les odeurs et les gestes, qu'elle s'en rappelle. Certains passages m'ont particulièrement enchantée : l'écriture y est poétique et les images très belles.

Si Emina n'a pas existé, elle est pourtant une image de toutes ces personnes qui ont perdu des proches dans une guerre absurde, qui n'ont jamais eu de nouvelles et qui se demandent s'ils sont morts et comment. Ce court roman, qui se lit d'un bout à l'autre sans pouvoir s'arrêter, est universel et m'a profondément touché. Pas étonnant que, paru en 2008, il ait reçu le Prix Littéraire Européen de l'ADELF (Association Des Écrivains de Langue Française) en 2009.

Je tenais à dire quelques mots sur l'édition de cet ouvrage car j'ai été impressionnée par la qualité : une très belle couverture à rabats et un papier épais de qualité qui font du livre un très bel objet et ne donne que plus envie de le lire. Allez donc voir le catalogue des éditions elyzad.
Lien : http://leschroniquesassidues..
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Après quinze ans passés en Allemagne, Emina revient à Skopje dans sa famille maternelle.
A l'âge des premiers émois amoureux lorsqu'éclata la guerre en Bosnie, elle vit son père partir rejoindre les combattants et sa vie basculer le jour où il lui fallut quitter sa maison. Commença alors un périple qui la mena d'abord à Sarajevo puis en Croatie et enfin en Allemagne.
Si Emina et son petit frère arrivèrent sains et saufs chez des cousins d'Yllka en Allemagne, celle-ci ne les rejoignit pas et ses enfants ne surent jamais ce qu'il advint de leur mère restée à Sarajevo pour attendre son mari.

Je vous invite à découvrir, si ce n'est déjà fait, une écriture toute en délicatesse, celle de Cécile Oumhani qui, partant d'un visage croisé dans un aéroport "l'ombre d'une tragédie logée au fond des yeux", a su décliner une variation pudique sur la guerre et les déchirements propres à l'exil. Un thème auquel s'associent les inévitables interrogations liées au sort des disparus, au travail de deuil, au retour sur les lieux de souffrance à la recherche de la mémoire. Retour redouté, questionnements sans réponse, fragilité des souvenirs d'enfance, c'est à l'odeur du café que sa mère préparait que s'accroche Emina dans un improbable espoir de la retrouver.

Les petits arrangements que passent les enfants avec l'absence et la violence sont particulièrement émouvants et sont autant de petites notes de sensibilité auxquelles le lecteur se cramponne avec eux afin de faire face à la tragédie. le pire n'est jamais loin mais toujours suggéré avec sobriété.
Un petit livre de 124 pages que j'ai refermé la gorge nouée.


Lien : http://moustafette.canalblog..
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Avant de commencer cette chronique, je tiens à remercier Libfly et Elyzad pour ce partenariat.

Mais qui est cette femme croisée dans un aéroport par Cécile Oumhani avec dans son regard, ses gestes, un tragédie enfouie au plus profond d'elle-même ? Emina revient dans son pays, quelques années plus tard. Sa patrie, la Yougoslavie, sa religion, musulmane, son enfance, la guerre. La fuite et la séparation ponctuent ces mois de combats vécus dans cette région avant de la quitter définitivement en train. Elle revient pour essayer de retrouver la trace de sa mère Yllka, qui l'a éloignée avec son petit frère des violences de cette tragédie et son père, parti une arme à la main pour les défendre.

Ce court roman, qui se lit d'une traite, est non pas le témoignage d'une seule personne, mais celui de tout un peuple, qui aura subit les horreurs d'une guerre inutile. Dans ce récit plein de poésie se trouve la souffrance infinie, irréparable, insondable de la perte d'un proche. Cette fille qui revient veut savoir, renouer avec une histoire que plus personne ne connaît, beaucoup tentent d'oublier, peu s'en souviennent, et les autres... sont morts. L'écriture, magnifique, presque lyrique, ajoute du poids à la douleur de la survivante. Au fur et à mesure, elle comprend qu'elle ne reverra pas sa mère, mais elle cherche à vivre ses derniers instants. Par une seule fois, il n'est question de « pourquoi ». Elle accepte, alors qu'elle n'est qu'une enfant, la guerre. Elle refuse, par contre, le « comment ». Comment son père et sa mère auront disparu ?

L'auteur nous propose ici un récit profond, difficile, sans haine, et plein d 'espoir, et manie la plume d'une très belle manière pour un témoignage poignant. Ces enfants des années 90 se trouvent au centre d'une équation, devenu adulte aujourd'hui, ils essayent de vivre avec un facteur inconnu, ce que sont devenus leurs parents, ils ont perdu leurs racines et tentent de construire leur avenir avec u chaînon manquant.

Ce roman se découvre dans la collection Éclats de vie.

Je remercie Libfly et Elyzad pour ce partenariat.
Lien : http://skritt.over-blog.fr/a..
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A l'origine de ce texte, une jeune inconnue aperçue par l'auteure, Cécile Oumhani, dans le hall d'un aéroport. Elle ne saura jamais quel couloir la jeune femme a emprunté et vers quelle ville cette dernière s'en est allée : Pristina ou Sarajevo. Cécile Oumhani a donc tenté de reconstituer l'histoire de cette inconnue, lui a offert une vie de papier, en prenant pour point de départ l'indicible tristesse qui noyait son regard. Ainsi, le roman s'ouvre à Budapest, en Hongrie, dans ce même aéroport où la réalité a cédé le pas à la fiction, où la jeune inconnue s'est effacée pour donner naissance à Emina. Notre personnage vient de Munich et se rend à Skopje où elle espère retrouver sa mère, Yllka. Si revoir cette mère perdue est vital, il s'agit également pour l'héroïne de retrouver sa terre maternelle, celle d'avant la fuite, avant la destruction. Un pèlerinage s'amorce, placé sous le signe du souvenir.
Le Café d'Yllka est un roman de l'exil qui mêle deux époques : nous suivons Emina, adulte, qui revient dans son pays natal et nous partageons en même temps une partie de son adolescence, du début du conflit à sa fuite, par le biais du journal qu'elle a écrit alors. Ces passages ne sont pas sans rappeler le Journal de Zlata et, comme lui, mettent en évidence l'absurdité de la guerre ressentie par une jeune fille qui ne demande rien d'autre que de vivre, normalement, sa vie d'adolescente. Les souvenirs affleurent : les jours passés dans la cave à se cacher du soleil, les bonbons donné par Yllka et restés longtemps dans une poche de pantalon, les refus de s'endormir de peur que les obus en profitent pour s'abattre sur la famille, la mort de sa cousine Ismeta, devenue « une enveloppe chiffonnée toute tachée de sang »… L'adolescente ne pleure pas, elle veut faire comme sa mère. Et les mots, enfin, les derniers qu'elle lui adressera, à elle, sa fille chérie, et à son petit frère, Alija : « Il faut que vous partiez. » C'est un roman de la quête, quête de soi, quête de l'absente, dans lequel l'héroïne questionne sans accuser. Il n'y a pas de violence dans ce roman parce que l'écriture est on ne peut plus poétique. Il n'y a pas de haine non plus, mais seulement le constat de meurtrissures indélébiles.

Lien : http://aperto.libro.over-blo..
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Le bras de sa mère soulève la petite casserole de cuivre où elle fait le café du matin. Elle voit l'avant-bras sortir de la manche brodée qui retombe... Lisse, doux, si doux. Et puis, plus rien. Seule l'odeur du café lui revient. Le reste a disparu. Gommé, évanoui... Des tonnes d'heures l'ont ensevelie de poussière. Des minutes, des secondes qui s'émiettent sans fin... Et la voix retentit parfois depuis le fond de la nuit, là où des arbres s'égouttent sous une pluie d'été. La voix d'Yllka, sa mère... A-t-elle cessé d'appeler sa fille ? Elle entrevoit un pan de sa robe lilas. Une vision qui s'attarde dans un jardin mouillé... Parce qu'au-delà de sa mémoire, Yllka fait peut-être encore le café du matin dans une cuisine quelque part à la surface de cette terre...
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Les gens courent dans la rue. leur pas sont de longues enjambées. Ils touchent à peine la chaussée. On dirait des oiseaux qui prennent leur envol, pour éviter la mort qui va fondre sur eux depuis les collines. Les coquilles qui protégeaient leurs vies sont en morceaux et ils sont devenus des oiseaux aux ailes légères. Ils les déploient pour rejoindre ceux qu'ils aiment et quand ils sont près d'eux, ils les gardent grandes ouvertes pour les protéger. Emina a juste le temps d'apercevoir leurs visages amaigris par l'attente. Elle s'élance. Elle va franchir le vide, les épaules transpercées à la pensée de l’œil qui la guette peut-être, la poitrine déjà incendiée par l'arme pointée sur elle quelque part autour de la ville assiégée.
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La nuit gomme les lignes, efface les années, convie les êtres et leurs secrètes empreintes, d'un souffle venu peupler le paysage à la fenêtre. La nuit offre un sol à son corps délivré. D'un chemin rêvé, elle glisse vers le cercle des visages. Ébahie de couleurs et de sons, elle fouille la présence qui l'envahit, cherche le grain caché du lieu, interroge l'énigme des amonts qu'elle a rejoints. La nuit tisse l'étoffe de lendemains où s'estompera le fardeau de l'énigme, où elle regagnera les rives d'un temps naufragé.
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Lorsqu'un vase de cristal se brise, il faut des semaines pour en retrouver tous les morceaux. Parfois des mois après, on en aperçoit un, étincelant comme une étoile, dans l'ombre, sous un pied de meuble, alors qu'on a tout oublié du moment où il a volé en éclats. Parce que les éclats survivent au désastre.
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Parce que les êtres atteignent les limitent d'eux-mêmes, là où la vie s'achève, poussée à bout par ceux qui l'ont prise en haine...
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Vidéo de Cécile Oumhani
[Auteurs Elyzad - Confinement] - Cécile Oumhani partage avec nous l'histoire réelle qui a inspiré son #roman "L'atelier des Strésor" et vous en lit un #extrait. Retrouvez-la ce Vendredi 3 Avril sur notre page Facebook pour un #live à partir de 18h.
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