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(commentaire rédigé le 04/02/2021) Un thriller classé aussi dans la catégorie fantastique, ça m'attirait pour les différents challenges auxquels je participe. A vrai dire, on est aussi un peu (et même beaucoup) dans un certain ésotérisme qui mêle diverses traditions sans grand discernement, et qui dès lors paraît inabouti, voire superficiel… mais en tout cas l'aspect « au-delà du réel » est bien présent ! Tout part d'une série de meurtres atroces dans le milieu gay parisien, masculin exclusivement, et de la diffusion d'une nouvelle drogue aux effets psychédéliques puissants par la mafia albanaise dans la capitale française. Dans ce contexte, l'auteur met en scène trois personnages qui vont vivre toute une série d'aventures, essentiellement à Paris, avec un petit passage par Pau et par le désert du Sinaï : Aaron, le frère de Simon, l'ex-junkie homosexuel qui a disparu, probablement après l'ingestion de ladite drogue, et Aaron va mettre tout en oeuvre, avec ses moyens limités, pour retrouver son frère ; Jamila l'Egyptienne, qui m'a aussitôt fait penser à une forme orientale de Lara Croft, prêtresse d'Isis, ce qui s'exprime surtout par une capacité hallucinante à manier son corps athlétique, les armes et son esprit entraîné à cette fameuse drogue, surtout face aux méchants Albanais qu'elle traque ; et Claude, le flic quinqua, plutôt désabusé, à la limite du divorce, fransquillon jusqu'à un certain racisme ordinaire. (Je mets d'ailleurs là une parenthèse, car j'ai tiqué à quelques reprises sur certaines phrases… Je note par exemple (il y en a quelques autres du même acabit), pp.203-204 : "Le quartier de la Gare du Nord n'est pas celui que Claude préfère, loin de là : les magasins aux enseignes écrites en indien ou en arabe lui donnent l'impression de ne pas être chez lui." Si encore Claude s'exprimait à la 1re personne du singulier, les choses seraient claires et nettes, on saurait qu'on est dans ses pensées en tant que personnage. Mais en présence d'un narrateur extérieur, et la phrase étant ce qu'elle est, on est moins certain de qui s'exprime : le personnage à travers ce narrateur limite indélicat, ou l'auteur lui-même ? C'est en tout cas bien ambigu, et c'est dommage.) Cela étant dit, j'en reviens aux personnages : ils sont donc sympathiques, oui, mais trop stéréotypés pour être tout à fait crédibles. le gentil Aaron un peu brinquebalé par les événements au départ, se révèle tout à coup extraordinaire, on y croit moyen ! J'ai déjà évoqué la version trop Wonderwoman de Jamila qui devient tout à coup (et seulement très brièvement) une pauvre vierge effarouchée et qui, en-dehors de ça, n'a jamais aucune faiblesse. Et alors Claude, c'est le summum, le flic transparent comme on le retrouve dans n'importe quelle série télévisée française du samedi soir – le genre que je regarde pour « me vider la tête », et ça ne me déplaît pas, mais ça ne présente pas un intérêt transcendant pour la culture ! Cela donne une histoire qui se tient, oscillant entre le fantastique annoncé et un certain ésotérisme, vaguement documenté, et qui part un peu dans tous les sens, décrédibilisant ainsi l'ensemble. Sans oublier le fait que, par moments, on n'est pas loin d'une certaine apologie de la drogue, et insister sur son caractère secret/sacré ne suffit pas tout à fait… L'écriture est fluide et moderne, sans jamais pêcher dans la facilité pour autant. le tout est assez rythmé et généralement très visuel, avec des rebondissements bien amenés qui font qu'on continue de tourner les pages (même virtuelles) malgré tout… Bref, c'est une lecture qui me laisse mitigée : elle a été agréable, indéniablement, mais quelque peu gâchée par son petit arrière-goût entre amertume et superficialité. + Lire la suite |