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EAN : 9782070136070
160 pages
Gallimard (13/04/2012)
4/5   2 notes
Résumé :
Alors, dès qu'il a couché les enfants, Leopold, le musicien qui un moment s'est pris pour Mozart, renonce à ses œuvres, à sa carrière pour travailler au triomphe de l'enfant et à la consolation de l'Humanité. Il fait les comptes, étudie les commandes, révise les partitions du fils, prépare les voyages, organise tout jusqu'au moindre détail, parce qu’en plus il est souabe et qu'il ignore pas qu'on ne pourra venir à bout de ce monde par la musique seule mais qu'il fau... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Livre étrange que ce Royaume de Rücken ! Ni essai biographique, ni livre historique classique, ni roman... Il s'insère parfaitement dans l'excellente collection de Gallimard, L'Un et l'Autre, qui met en face-à-face, sinon en vis-à-vis, un auteur et son personnage. Dialogue post-mortem, divagations littéraires, toujours, poétiques parfois, historiquement fondées, très souvent.
Ce royaume, que nul géographe ne localisera précisément, quoiqu'on le trouve plus souvent dans l'est de l'Europe, c'est celui que parcourt la famille Mozart dans ses pérégrinations européennes, ce royaume d'En-arrière arpenté sans relâche durant les jeunes années de Wolfgang et Marie-Anne Mozart.
C'est aussi celui enrichi des contes et ajouts de la famille, inventé par Léopold ou Wolfgang (on ne sait trop, d'ailleurs Marie-Anne, sur ses vieux jours ne se le rappelait pas vraiment...) pour faire passer le temps, avant la prochaine étape du voyage.
C'est aussi le paysage qui défile par la seule ouverture de la voiture, celle de derrière, celle qui laisse s'enfuir derrière soi perspectives et paysages, rêves et souvenirs déjà achevés.
C'est aussi le royaume dont le prince était un enfant cartographe, dont le tracé, semble-t-il laissé lors d'une des étapes du voyage, semble à jamais perdu.
En poète, Dominique Pagnier esquisse un vagabondage pictural et ludique autour de perspectives qui recadrent la relation paternelle et filiale de Leopold et de Wolfgang. On y croise les gravures de Martin Engelbrecht et ses boites d'optiques. Et des montgolfières. Tout le récit s'organise autour de ces deux points de vue : surplombant la matière, resserrant le motif jusqu'au microscopique. Glissant d'une époque à l'autre, du STO de son père (qui lui fit découvrir les Mozart, père et fils) à des peintures, construites d'une plume légère, de la vie salzbourgeoise du « vieux Leopold ». de la transmission, et de ce qu'on ne peut communiquer. de l'enfance enfuie qu'on traque en chaque être et de l'adulte rassi qui considère sa vie comme un panorama.
Au rebours de beaucoup d'exégèses français, pour qui la figure de Leopold est quasiment la face du « Mal », de l'exploiteur de l'enfance, du méthodique ennuyeux, il réhabilite avec empathie et tendresse ce père solide, organisateur infatigable, ce père aimant bien que sévère, à la manière du temps ; cet homme cultivé et curieux, attentif à sa famille et merveilleux pédagogue. de cet homme réellement convaincu de la manifestation de la Grandeur divine à travers sa progéniture. de quoi clouer le bec des Voltairiens prompts à appeler « prodige » un vrai « miracle »...
Il faudra un jour souligner à quel point l'enfant prodige devenu grand se fera prodigue, puis ingrat... Il faudra quand même dire l'incroyable légèreté de ce gamin monté en graine, trop couvé et admiré, quand il se retrouva libre lors de son calamiteux voyage vers Paris... Vertiges d'une indépendance trop tard acquise, inconscience des conséquences de ses actions, mauvais calculs d'un père incapable de gérer au mieux (lettres perdues ou trop décalées par la distance....) un électron libre bien vite revenu au bercail, rage au ventre et amertume au bord des lèvres.
Mais pourquoi, revers de la médaille, chercher à salir une fois de plus la figure de Constanze ? Cette dernière, si elle ne fut pas la harpie négligente de l'ancienne historiographie, et certainement pas la sainte pour laquelle on tâcha par contraste, de la faire passer, ne mérite ni cet opprobre ni cette indignité... Partir d'une photographie (à l'authenticité très controversée) pour en faire la triste héroïne d'une captation morale (« veuve de... », ah quel métier !) est un peu abusif, comme le trait dont il la gratifie.
Non, Constanze n'a pas fait vider le tombeau communautaire des Mozart (puisqu'il n'y avait apparemment pas de tombeaux de familles à Salzbourg) pour y mettre les siens... C'est le hasard des inhumations qui en a décidé ainsi... (La tombe des Mozart-Weber-Nissen-&c ne comporterait d'ailleurs pas une phalange de tous ces augustes personnages...)
Et le pauvre Nissen, décédé alors qu'il n'avait rédigé que l'introduction à l'ouvrage qui porte son nom (abusivement, là, oui, vraiment !), n'a fait que compiler un matériau biographique, par la suite confié à un escroc, qui dilapida le prêt et cause des soucis sans fins à la doublement veuve Nissen. (On se référera à l'ouvrage d' Agnes Selby pour en savoir plus : Constanze, Mozart's Beloved. Wahroonga: Turton & Armstrong, 1999)
Des pailles ? Pas vraiment. Subjectivité de l'essayiste ? Sans doute, mais il est dommage que cet ouvrage si musical, qui se lit avec, en bouche, un goût de madeleine enfantine et d'amertume citronnée, s'achève quasiment sur cette dissonance peu digne du KV. 465.
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