À mi-chemin entre le guide et le livre d'histoire, cet ouvrage de bonne facture, solidement relié et à la présentation soignée, se propose de nous faire voyager du côté des ombres de la ville Lumière. L'auteur est prestigieux, son sujet fascinant, sa plume enjouée.
Pour autant, le livre n'est pas accessible au quidam et il faut bien connaître son histoire de France pour en profiter pleinement. de surcroît, le style est relativement complexe.
Je ne peux me permettre de juger la qualité historique de l'ouvrage, n'étant pas spécialiste. Mais les informations, nécessairement nombreuses, fourmillent, tendant parfois vers une certaine confusion que je suppose délibérée. Il est vrai que les sujets s'y prêtent, tant la rumeur et le mythe les habitent encore. Chapitres obscurs de notre passé aux accents grotesques et diaboliques qui en disent long sur cette nature humaine qui pétrit l'histoire. Qui pourrait définitivement y démêler le vrai du faux sans perdre en chemin la force fascinatoire du mystère? Qui pourrait vraiment dissocier l'ombre de la lumière? L'auteur joue semble-t-il de cette contradiction.
Si j'ai choisi cet ouvrage c'est bien sûr parce que partage cette fascination pour l'histoire des hommes et ses bifurcations obscures. J'ai donc pris plaisir à la lecture des carnets de Mr Léri. J'aurais néanmoins apprécié la présence de cartes, anciennes comme contemporaines, car elles manquent cruellement à la saveur du propos. Tout particulièrement lors de l'évocation des Templiers, dont l'espace-temps indissociable aurait profité, s'il avait été illustré, d'une dimension en relief. Certes la visite s'impose, si elle n'a déjà été faite, guide en main. Mais sans la magie des cartes, qui tracent si bien leurs passerelles vers les lieux imaginés, quelque chose fait défaut.
Merci quoi qu'il en soit pour cette découverte. Une lecture érudite et tout à fait plaisante, qui donne envie d'en savoir toujours plus sur notre histoire à tous et notre capitale, d'y poser son regard et ses pas autrement, à nouveau...
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j'ai découvert cet ouvrage grâce à Masse Critique. Ce fut une belle découverte. Même si j'ai eu un peu de mal à entamer la lecture, je n'ai pas été déçue.
Ce livre est original, il permet de découvrir Paris et ses secrets sous un nouvel angle. Il est fortement documenté, fourni foule de détails de petits plus très intéressants. Parfois un peu trop complexe cependant si on ne connait pas bien certaines époques de l'Histoire de France.
Ce fut une belle découverte qui donne envie d'aller se perdre dans ce Paris mystérieux !
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Certains poisons peuvent également servir d'aphrodisiaques. Ils sont confectionnés par exemple à base d'urine, de sperme, de sang menstruel, de rognures d'ongle, de bave de crapaud et de mouches cantharides (appelées aussi "mouches espagnoles"). Ils se confondent également avec certains remèdes de l'époque comme la fiente de paon que l'on va conseiller contre les hémorroïdes, l'huile de fourmi contre la surdité, le sperme de grenouilles contre les vomissements. .. On suppose que Mme de Montespan a fait absorber à Louis XIV des aphrodisiaques qui lui auraient provoqué des éblouissements, des troubles gastriques, si l'on suit certains moments relatés dans le Journal de la santé du roi.
Le recette d'un philtre d'amour parmi d'autres: un mélange de testicules de sanglier, d'urine de chat, d'excrément de renard, d'artichaut et de poudre de crapaud.
Le 30 juillet 1848, des gardiens du cimetière de Montparnasse découvrent des cadavres de femmes, jetées dans des allées peu fréquentées par les visiteurs. Elles ont été sorties de leurs tombes et mutilées. Cela va continuer les semaines suivantes. Un lien est fait avec d'autres profanations qui ont débuté quelques temps plus tôt au cimetière du Père-Lachaise et au cimetière d'Ivry. La rumeur se répand et la presse s'en empare. C'est l'effroi. Le surnom du "Vampire du Montparnasse" est lâché. Les autorités décident de tendre un piège à ce " monstre". (...) Rien ne bouge. Puis dans la nuit du 15 au 16 mars 1849, les rafales retentissent. Un individu est pris au piège. Touché, il parvient néanmoins à s'enfuir. L'homme va être repéré à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce, où grièvement blessé, il s'était réfugié. Il va vite avouer. On découvre que le vampire de Paris est un jeune sergent de l'armée française. du nom de François Bertrand.
Le "Marché des Enfants Rouges" est créé en 1615. C'est un des plus vieux marchés couverts de Paris, et sans doute l'un des plus anciens de France. Il s'appela le "Petit Marché du Marais", puis le "Marché du Marais du Temple". Il doit son nom à l'uniforme rouge des orphelins de l'hospice des Enfants-rouges, créé à proximité au XVIè siècle. Dans un livre de 1846, des journalistes rapportent qu'on aurait trouvé en creusant de nouveaux égouts, dans la rue des Enfants-Rouges (rue qui n'existe plus et qui allait de la rue Pastourelle à la rue Portefoin), un cercueil contenant le corps d'un homme revêtu de l'ancienne robe des Templiers. C'est la richesse de l'agrafe qui ornait sa chlamyde qui le fit penser.
"Pape Clément !...Chevalier Guillaume !... Roi Philippe !... Avant un an, je vous cite au tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste jugement ! Maudits ! Maudits ! Tous maudits jusqu'à la treizième génération de votre race."
Qui, parmi les babyboomers de mon âge, ne se souvient de la voix caverneuse et terrible de l'acteur Xavier Despraz ( ancienne basse de l'Opéra de Paris ou il campait un Méphisto diabolique et un Basile dévastateur) proférant la sinistre malédiction de Jacques de Molay, grand maître de l'ordre du Temple, sur son bûcher, dans "Les Rois maudits", formidable suite de six épisodes, offerte au public français par la deuxième chaîne de l'ORTF, pour les fêtes de fin d'année 1972?
Si les Romains séparaient soigneusement les morts des vivants par l'éloignement des cimetières hors des murs, les chrétiens considèrent la mort comme un long sommeil d'attente du Jugement dernier et de la vie éternelle, et veulent garder leurs morts auprès d'eux. Le meilleur moyen est donc de les enterrer ad sanctos, dans l'église la plus proche de chez soi. Il y a donc à Paris autant de lieux de sépultures que d'églises. Une statistique de 1747, sur le nombre de lieux de culte, donne un peu le vertige : on compte alors cinquante-neuf cures, treize chapitres, dix abbayes, onze prieurés, cent-ving-quatre couvents et quatre-vingt-dix chapelles, soit plus de trois cents sites d'inhumation !
Interview de Jean-Marc Léri, Directeur du musée Carnavalet, musée de l'histoire de Paris.