Cultures lycéennes : La tyrannie de la majorité

Au moins ici, le titre est clair : que trouve-t-on dans la « culture lycéenne plurielle » qui tend à démontrer la « tyrannie de la majorité » ? Cette chape de plomb que fait peser la considération du groupe sur l'individu est au centre des considérations de Dominique Pasquier qui tente, en accentuant son propos sur les rôles sociologiques tenus dans la classe et dans la société lycéenne, de mieux comprendre ces adolescents « tyrannisés par le pouvoir de la majorité ». Comment s'affirmer dans la vie d'un groupe ? Comment accorder une place à la « culture lycéenne » (avec l'importance des médias et des nouvelles technologies) au sein de l'école ? Comment se confier tout en prétendant devenir autonome ? Comment afficher ses préférences (culture, vêtements) sans prendre le risque d'être rejeté ? Comment gérer les relations de genre et de sexe au sein des groupes lycéens ? Autant de questions-pièges que ce livre tente de traiter efficacement et de manière à la fois pragmatique et sociologique.
Je suis loin d'être spécialiste dans ce domaine, mais les enquêtes que l'auteur a pu effectuer lui ont permis de réaliser bon nombre de relevés de données qu'elle ne nous ressert pas pour autant de manière abrutissante ou trop complexe. L'ensemble est agréable à lire et les nombreuses réflexions sur des aspects très concrets, comme la musique, les jeux vidéo ou les médias en général, aident à se sentir concerné par le sujet.

Bref, un ouvrage très intéressant qui, en dépassant ces enjeux sociologiques d'affirmation de l'adolescent et autres rôles des pratiques de communication dans l'expression authentique de soi, doit surtout faire réfléchir au fait que, loin de ne plus rien apprendre à l'école, ces « jeunes » témoignent d'une grande lucidité sur eux-mêmes, sur leur environnement, et surtout mettent en oeuvre (et donc réfléchissent, travaillent, élaborent, etc.) un nombre incroyable de stratégies dans leur vie de tous les jours pour contourner les obstacles qui s'offrent à eux, et pas seulement donc dans le simple apprentissage des connaissances scolaires.