Passionnante cette autobiographie d'un aventurier Breton qui nous donne à connaître ce qu'étaient les Philippines au début du 19eme siècle.
L'auteur n'échappe pas au complexe de supériorité caractéristique de son époque et plus particulièrement dans les milieux coloniaux.
Il fait néanmoins preuve d'une certaine ouverture d'esprit envers les autochtones.
Et si ses motivations premières sont plutôt mercantiles, il fait aussi montre d'une réelle soif de connaissances dans de nombreux domaines (géographie, ethnologie, botanique, faune).
On pourra le soupçonner d'avoir quelque peu exagéré la dimension héroïque de certains épisodes épiques mais quelques recherches sur le net attestent la réalité historiques de ses entreprises dans les environs de Manille.
Pour qui connait l'inextricable capharnaüm de béton et d'immondices qu'est la capitale Philippine, il est difficile d'imaginer les lieux en pays de Cocagne, couverts de jungles et parcourus de rivières poissonneuses.
A lire pour les amateurs d'Histoire et d'Asie.
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Ce livre fait partie des ouvrages recommandés par les guides touristiques si vous partez aux Philippines. Et bien, je ne le recommande pas du tout. Certes, il faut resituer l'ouvrage dans le contexte de l'époque mais l'auteur ne cesse de se mettre en avant et de comparer les Philippins à des enfants ou à des sauvages à civiliser. de plus, il multiplie les anecdotes complètement rocambolesques et invraisemblables. Il se bat avec des bêtes sauvages, il soigne, il sauve, il est "idolâtré" par les "sauvages". Et par peur d'être accusé de mensonges, il ne cesse de se justifier et d'assurer le lecteur que son récit est la stricte vérité. Bref, j'ai eu l'impression de passer un dimanche avec un grand-père sénile et mythomane, qui passe son temps à vous raconter des histoires d'une autre époque et à inventer n'importe quoi pour que sa vie devienne plus intéressante. A FUIR !
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Je puis dire qu'à cette époque (et ce n'était sans doute pas bravoure) j'avais si peu le sentiment du péril que j'étais toujours prêt à me mettre en avant lorsqu'il y avait un danger à courir. Je voulais tout voir, tout expérimenter par moi-même : non-seulement la belle végétation qui se développe si majestueuse sur le sol des Philippines fixait mon attention, mais aussi les mœurs, les habitudes des naturels, si différentes de tout ce que j'avais vu jusqu'alors, excitaient à un haut degré ma curiosité.
Je serais heureux que cette page, écrite avec toute l'impartialité d'un observateur consciencieux, pût inspirer à mon lecteur une partie de l'admiration dont je suis pénétré par cette noble nation, et détruire les préventions qu'ont pu donner quelques fragments écrits par des voyageurs de passage, qui saisissent avec avidité une faute exceptionnelle, un abus inévitable dans une grande administration, sans se rendre compte de l'organisation toute paternelle qui gouverne un peuple encore dans l'enfance.
Quand je songe à la position dans laquelle je me trouvais, au milieu de l'océan soit-disant Pacifique, dans une frêle pirogue, ayant pour auxiliaires deux individus sans mouvement, deux crânes et un squelette d'Ajetas, je ne puis m'empêcher de supposer à mon lecteur la tentation assez naturelle de croire que je forge une histoire pour mon bon plaisir. Cependant, je ne raconte que l'exacte vérité, et, du reste, me croira qui voudra.
Il y aurait une grande étude à faire, une belle page à écrire sur la conquête des Philippines, et sur cette maxime sublime du conquérant disant à des peuples presque à l'état sauvage : "vous êtes mes enfants, mon dieu m'envoie vers vous : fiez-vous à moi. Je vous offre l'appui et l'indulgence qu'un père doit à la faible créature que la Providence lui a confiée.
Peut-être taxera t-on d'exagération ce que je dis des jouissances et des émotions telles que se composait ma vie à Jala-Jala. Je me renferme partout dans l'exacte vérité, et il me serait facile de citer bien des personnes prêtes à témoigner de la véracité de chacun de mes récits.