Pipes de terre et pipes de porcelaine

Ce qui est intéressant dans ce livre, (en plus de la préface de Michèle Perrot, merveilleuse historienne), c'est que les propos de Madeleine ont été recueillis par le petit fils des "maîtres" chez qui elle a travaillé. Propos, à l'origine oraux, retranscris pour devenir un vrai témoignage de la condition des domestiques au début du XXème siècle.
Il a ainsi pu constater une autre facette de ses grands-parents, hautains avec le "petit personnel".

Ce récit, restitué dans sa plus réelle rudesse, est également une photographie d'une époque où la servitude des uns était considérée normale aux autres.
Il souligne aussi, grâce au caractère de Madeleine, l'importance de savoir parfois dire "non" à la soumission.

Instructif et intéressant, à découvrir.

"Souvenirs d'une femme de chambre entre 1920 et 1940".
Cette femme de chambre c'est Madeleine Lamouille qui raconte avec beaucoup d'humilité et de simplicité son existence, le temps de son enfance et de son adolescente à devoir survivre dans la précarité et la faim au ventre.
Dans son parcours partagé par beaucoup de jeunes filles de l'époque, elle se montre d'une extraordinaire lucidité et sait dire des vérités humaines vraies et ancrées dans un monde que l'on croit à tort révolu.
Ce récit , cette mémoire précise et ce témoignage d'une femme consciente de sa condition de domestique mais aussi de sa condition de femme est raconté avec sincérité.
Ce portrait d'une société entre les riches et les pauvres: les "petits travailleurs infatigables" m'interroge.
Témoignage oral recueilli en 1974, il est d'une vibrante actualité.

Madeleine Lamouille confie à Luc Weibel ses souvenirs, datant du début des années 1900. de son enfance à son métier de "femme de chambre" elle raconte son rôle de grande soeur dans une famille extrêmement pauvre, un papa aimant, une maman dépassée par la situation et les bouches à nourrir, trop nombreuses, tous deux atteints par la maladie. Puis adolescente, son passage dans une "manufacture-internat" avant d'être engagée, en Suisse, comme domestique. Des confidences qui en disent long sur le comportement des bourgeois, la place de la religion et l'influence des hommes de Dieu, ainsi que sur les rebellions tues de ces esclaves absolus, considérés comme des sous-hommes ! Publié en 1978 et réédité aux éditions Zoé en mars dernier, ce livre n'a rien perdu de son actualité. Saisissant de vérité !