Il était une fois la paléoanthropologie

L'homme blanc, partout où il va, élimine les espèces et les cultures. Les vestiges de notre passé ne sont pas que dans la terre. Les fossiles et tout ce que nous apporte l'archéologie restituent de mieux en mieux ce qu'à été notre histoire. Avec toutefois cette douloureuse contrainte des archéologues qui, en fouillant, détruisent leurs sources d'information. [...] Comme la mémoire se construit dans le présent, ne sommes nous pas en train de détruire à jamais la possibilité pour les générations futures de faire leur histoire? Sans passé, quel avenir ? Notre mémoire n'est pas en nous, quelle soit individuelle ou collective; elle est chez l'autre.

Comme le rappelle Michel Serres, les médecins d'aujourd'hui qui guérissent sont justiciables alors qu'il n'y a pas si longtemps les charlatans et autres sorciers étaient craints et vénérés. On vilipende le médecin et le chirurgien qui ont commis une erreur, mais on respecte et paie très cher le psychanalyste qui n'a pas d'obligation de guérir.

En juin 1783, le volcan Laki d'Islande déchire la terre sur plus de 25 kilomètres et entre dans une éruption alimentée par plus de 100 cratères pendant plus de 6 mois. Un quart de la population de l'ile meurt directement, ainsi que plus de la moitié du cheptel. Un énorme nuage rougeâtre de gaz rempli d'acide fluorhydrique et de dioxyde de souffre recouvre l'Europe de Lisbonne a Saint-Pétersbourg. Des dizaines de milliers de personnes meurent de complications respiratoires. Le climat est perturbé pendant plusieurs années et les récoltes deviennent très irrégulières; parfois abondantes, plus souvent dévastées. La Révolution Française de 1789 n'est pas loin et certains historiens évoquent "le volcan de la révolution". Est ce qu'une seule éruption volcanique peut provoquer un tel séisme social et politique ?"