Les Chinois font une distinction très nette entre les dieux (shen) et les immortels (xian). Les premiers ont une fonction, occupent un poste dans la hiérarchie céleste ; parmi eux, les humains divinisés, comme certains personnages historiques, sont considérés comme une incarnation d'une puissance céleste descendue sur terre soit à la suite d'une condamnation au ciel, soit pour se manifester parmi les humains. Les seconds au contraire sont le plus souvent des humains qui ont accédé à l'immortalité et qui ensuite n'ont pas reçu de fonction particulière ; ils peuvent donc profiter de leur immortalité sans obligation, ce qui ne les empêche pas d'apparaître parfois sur terre, le plus souvent comme démiurges. Les premiers sont donc des dieux qui parfois descendent sur terre, les seconds sont des humains qui réussissent à s'élever au ciel.
Encore aujourd'hui, Guanyin est sans doute la déesse la plus vénérée en Chine. L'extension de son culte est comparable à celui de la Vierge Marie en Occident ; elle aussi, personnifie la compassion.
Guanyin n'est pas d'origine chinoise ; elle est un avatar d'un bodhisattva, donc d'origine indienne et apportée par le bouddhisme. Les hommes ne sont pas les seuls à être entraînés par le cycle des réincarnations ; les dieux hindous eux-mêmes ont connu une série d'incarnations, mais le plus souvent volontaires, et sans être imposées par la roue du karma. Parmi ces incarnations de dieux, appelées avatars, les plus connues sont les dix avatars principaux de Vishnu. Mais les divinités indiennes n'avaient peut-être pas prévu qu'en passant d'Inde en Chine, elles pourraient changer de sexe. En effet Avalokiteçvara, représenté en Inde sous des traits masculins, devint Guanyin en Chine sous un aspect féminin.