Marguerite de Porete est une béguine et une mystique née à Valenciennes en 1250 et condamnée à être brûlée vive pour hérésie en place de Grève à Paris en 1310 (les béguinats regroupaient des femmes, parfois des hommes, - les "béguins" -et formaient de très importantes communautés non conventuelles vouées essentiellement aux oeuvres caritatives).
Marguerite appartient au courant rhénan et sa spiritualité se rapproche par bien des égards de celle de
Maître ECKHART. Pourtant, plus encore que ce dernier, qui eut la responsabilité de congrégations religieuses dominicaines et devint Grand Prieur de Bohême, elle privilégie l'ultime état de grâce voué au non agir, au non savoir, et au non vouloir ; une relation de "fin-amour" la lie à la Divinité, dont l'autre nom est Amour, et la mène à l'indifférence de l'âme vis-à-vis du monde, de la Raison, de la Petite Eglise (hiérarchie religieuse) ; mais aussi vis-à-vis de Dieu lui-même puisqu'elle se fond en son sein, s'étant toute donnée à lui.
On comprend pourquoi une telle spiritualité fit sourciller l'inquisition, qui la tolérait dans des congrégations religieuses fermées, comme l'ordre des Chartreux, mais voyait d'un mauvais oeil sa diffusion à travers villes et sentiers par des femmes actives, trop intellectuelles et libres de tout joug ecclésiastique (puisque les béguinats ne dépendaient d'aucun évêque).
La grande poésie du langage courtois est mise au service d'une spiritualité en lien direct avec la divinité.
Son courant de pensée est l'un de ceux qui formera plus tard "le quiétisme."