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Alain Porte (Traducteur)
EAN : 9782843045097
298 pages
Zulma (14/05/2010)
3.9/5   76 notes
Résumé :
Merveilles d'inventions narratives, ces huit nouvelles entrelacent cruauté inconsciente et enchantement amoureux, songeries amères et tendres, conflits cocasses ou tragiques. De la fillette qui s'invente une vie sentimentale en lisant Jane Eyre quand sa soeur aînée se marie, à celle qui porte une dévotion folle à sa mère, les situations se répondent ; si bien qu'on éprouve le sentiment d'être dans l'espace multiple et concerté du roman, au sein d'une famille de la b... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (31) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai mis quatre étoiles car, comme c'est souvent le cas dans un recueil de nouvelles, celles-ci sont plus ou moins inégales.
Suite au thème choisi par les bibliothécaires du cercle des lecteurs, je poursuis mes lectures concernant l'Inde moderne, de la fin du XXème siècle au début du XXIème.
Je m'aperçois que tous ces bouquins reflètent la même réalité, à savoir, côté négatif : l'organisation profondément inégalitaire de la société, la condition féminine déplorable ; côté positif : la joie de vivre malgré tout dans toutes les couches sociales, un monde rempli de couleurs et d'odeurs culinaires alléchantes.
C'est bien le cas ici où j'ai découvert aussi des femmes battantes, fortes et résistantes.
Ainsi, dans "Bahu" (ce qui signifie belle-fille - bravo pour le glossaire détaillé en fin d'ouvrage - ) une jeune femme déchante après un mariage d'amour en voyant qu'elle sert de servante à sa belle-famille sans que son mari n'y voit d'objection.
"Mes seuls dieux", nouvelle qui a donné son titre au recueil, relate les souvenirs d'une enfant désaxée et antipathique ayant élevé ses parents au panthéon des divinités, ce qui les emprisonne, en particulier sa mère.
Deux récits - "Sharmaji" et "Sharmaji et les sucreries de Diwali" - sont consacrés à un employé de bureau manipulateur et fainéant. Ils présentent un bon aperçu de la bureaucratie indienne.
La nouvelle "Prophétie" est centrée sur deux jeunes étudiantes dans une résidence universitaire strictement surveillée : au contact d'un certain évènement elles réagiront différemment.
L'humour est omniprésent dans "Le fantôme de la barsati".
"Incantations" est la nouvelle la plus tragique, la plus difficile à lire et qui relate une fois encore le tragique de la condition féminine dans ce pays.
"Sa mère", qui termine le livre, raconte les espoirs toujours déçu d'une mère aux idées traditionnelles envers sa fille cherchant à s'émanciper.
J'ai omis de mentionner aussi les relations ambigües des Indiens avec les anglo-saxons, présentes dans ces récits qui brossent en définitive un panorama complet de l'Inde d'aujourd'hui et/ou d'hier.
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Dans l'épopée du Ramayana, l'histoire de la princesse Sita est douloureusement injuste. Enlevée et accusée à tort par la rumeur publique d'adultère par son ravisseur Ravana, Sita est abandonnée enceinte dans la forêt par son époux le dieu Rama. Que valent la parole et le sort d'une femme indienne ?
Dans le recueil de nouvelles d' Anjana Appachana, nous rencontrons nombre de Sita modernes dans les familles aisées de Delhi où l'indépendance économique par le travail et l'épanouissement d'une vie familiale heureuse ne vont pas de concert.
La future mariée qui travaille ne sait pas qu'en épousant l'homme qu'elle aime, elle va devoir cohabiter en permanence avec ses beaux-parents (Bahu) et subir leur mépris sous couvert du respect des traditions : la femme doit rester au foyer et les servir.
le sari de soie et les cheveux longs sont alors des parures très lourdes à porter.
Une autre jeune fille rêve d'un amour romantique en lisant Jane Eyre (Incantations), une vision fortement salie quand elle apprend les violences sexuelles que sa soeur aînée a dû subir en silence avant de se suicider.
Tout n'est pas sombre dans ces nouvelles car des liens d'amitié et de solidarité se nouent entre les individus malgré les différences de positions sociales ou hiérarchiques.
Je garde en moi le chagrin d'une mère (Sa mère) qui au départ définitif de sa fille du continent lui écrit ceci "je sais que tu ne crois pas aux rites. Mais tout ce que je te demande de faire, c'est d'allumer une lampe le matin, d'allumer un bâton d'encens, de joindre les mains, de fermer les yeux et de penser à la vérité et aux actions justes". Ses seuls dieux, son seul réconfort.

Je remercie Libfly et les éditions Zulma.
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L'Inde d'aujourd'hui, traditionnelle, régie par ses rites et religions, vue par ses femmes.

Je crois qu'il serait plus juste de parler de l'Inde d'aujourd'hui vu par l'auteure de ce livre, dans lequel elle a mis tout son vécu. Mais la plupart des portraits peints ici sont des portraits de femmes issues de bonnes familles, pas le portrait de la cueilleuse de feuilles de thé, de la mendiante du coin de la rue ou de la vendeuse de fleurs sur le marché. Toutefois, malgré ces portraits manquants, on sent le poids des traditions, et le malheur que c'est de naître femme en Inde : privation de libertés, absence de choix et parfois négation du statut d'être humain. Les portraits de ces femmes plutôt aisées (à l'échelle de la société indienne) nous donne aussi à voir, à ressentir le tiraillement dont elles peuvent être victimes. Les choix de ces femmes sont loin d'être anodins ou faciles : l'amour plutôt que le mariage arrangé au risque de briser les traditions et de se couper de sa famille ? le divorce ? faire des études, faire carrière au risque d'effrayer les hommes indiens, de ne pas trouver de famille qui voudra les accueillir et au final être "contraintes" de finir vieilles filles ou pire, mariées à un étranger ? Par leurs choix et parce que les traditions sont encore très ancrées en Inde, ces femmes mettront leur vie entre parenthèses ou déshonoreront leur famille. Dans plusieurs de ces nouvelles on constate aussi que, lorsqu'il s'agit de rêver les soeurs et amies sont toujours prêtes à jouer le jeu. Mais, quand il s'agit de la vraie vie, peu de soutiens restent : qui pour aider la jeune fille enceinte ? qui pour aider la jeune femme qui fait le choix de divorcer ?

Oui, il manque quelques portraits, oui il s'agit d'une imagerie tronquée de l'Inde. Malgré cela, j'ai aimé ces récits car j'y ai retrouvé une partie de l'Inde telle que je l'ai vue et vécue. Cette Inde qui cherche à émerger, à sortir de sa pauvreté chronique, mais cette Inde rusée, roublarde , un peu paresseuse et surtout corrompue (à l'image de ce pauvre Sharmaji). L'auteure n'oublie pas non plus de nous montrer combien cette Inde est riche et belle, combien les Indiens en sont fiers.
En bref, un bien joli témoignage, qui malgré des figures oubliées, nous transporte et nous fait découvrir ou re-découvrir de réels instants de ce pays. Et à la place de ces femmes, quel choix ferions-nous ?
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J'ai adoré ce recueil de 8 nouvelles. Je suis totalement tombée sous son charme.

J'ai décidé de donner mon avis de manière plus précise sur les deux premières nouvelles pour vous donner envie de le lire et par la suite je synthétiserai mon propos.

La première nouvelle s'appelle Bahu. Elle fait une formidable introduction à tous ces récits indiens et m'a beaucoup touchée. J'ai ressenti la tristesse, le profond malheur de la protagoniste qui n'a pas un seul instant pour elle-même. Tout le monde est contre elle, surtout sa belle-mère et son propre mari. On sent réellement le poids écrasant des traditions s'abattre sur les épaules de la narratrice qui refuse cette conformité. Elle doit faire tant de compromis pour sa belle-famille qu'elle en met presque sa propre vie en pause pour les satisfaire. le titre résume parfaitement la situation. « Bahu » signifie « belle-fille » et c'est l'unique rôle qu'obtient cette femme malheureuse après son mariage. Elle se sent emprisonnée et veut se libérer de ses chaines, obtenir son indépendance. Cette nouvelle est vraiment passionnante.

La seconde nouvelle porte le titre du recueil à savoir Mes seuls Dieux. C'est une nouvelle très étrange qui porte sur une petite fille qui est atteinte de crises à tout bout de champs. Elle est extrêmement jalouse et possessive envers sa mère et si quiconque s'en approche, elle explose. C'est très étrange parce que j'ai eu la sensation qu'elle n'était qu'une petite fille capricieuse tout au long du récit, une petite fille couvée par sa mère qui ne supporte pas ne pas être son centre d'attention le temps de quelques minutes. Paradoxalement, elle me faisait beaucoup de peine et je me disais qu'elle devait éprouver un profond malheur en elle pour agir ainsi. La fin m'a vraiment bouleversée.

Je ne développerai pas plus mes impressions sur les six autres nouvelles mais toutes, sans exception ont réussi à provoquer en moi des émotions, joyeuses ou néfastes. Il faut savoir que je n'aime pas le genre de la nouvelle à l'origine. Je trouve ça trop court, mal écrit et rarement intéressant. Ici, c'est tout l'inverse et chacune est réellement aboutie. On ne se retrouve pas à la fin d'une nouvelle sans en avoir saisi le message. J'ai adoré cela.

Ces nouvelles traitent principalement de la condition des femmes indiennes. Souvent sous le joug des traditions, de leur mari, elles font presque partie intégrante des maisons qu'elles habitent. On sent cette suffocante importance des traditions. Les récits témoignent également de l'immense et omnisciente présence des divinités dans la culture indienne. En cela, nos cultures respectives diffèrent réellement. Il y a énormément de réflexions sur les croyances et superstitions des indiens dans ce recueil. En plus de cela, des sujets d'actualité y sont relatés comme celui de l'avortement. La nouvelle Prophétie parle de ce thème extrêmement tabou en Inde et j'avoue avoir été choquée par cette histoire.

En bref, Mes seuls Dieux est un recueil extrêmement passionnant qui révèle un grand nombre d'informations sur la culture indienne que nous autres européens ne connaissons peut-être pas vraiment. Certaines nouvelles vont vous choquer, d'autres vont vous faire sourire mais toutes proposent une réflexion tout en étant extrêmement agréable à lire. On ne s'ennuie jamais et les nouvelles défilent devant nos yeux sans que l'on ne s'en rende compte.
Lien : http://www.casscrouton.fr/me..
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Anjana Appachana nous fait découvrir 8 merveilleuses nouvelles centrés autour de la vie actuelle des femmes indiennes depuis l'enfance vulnérable jusqu'aux déboires parfois dramatiques des épousailles et d'une vie domestique aliénée aux règles et aux traditions. Elle explore les relations familiales et parfois professionnelles avec toujours au centre une femme ou la question du féminin. L'Inde contemporaine se retrouve effectivement tiraillé entre traditions séculaires et modernisme, entre croyance et espérance, entre indépendance et attachement à la famille. Seul bémol, tout se passe dans les milieux de classe moyenne et à Delhi.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
"Les livres parlent de l'instant de la révélation, la soudaine et absolue prise de conscience de son propre malaise. En réalité ça ne se produit pas comme ça. Il n'y a pas d'instant unique. Chaque fois que vous cédez, vous vous persuadez que l'adaptation est indispensable au mariage. Inutile de contrarier les gens quand vous vivez avec eux. Il n'y aura pas de prochaine fois. Mais si, il y en a une. Vous cédez encore, et encore, et encore. Puis arrive un moment où ce n'est plus une affaire anodine. Mais, toujours submergée par la culpabilité, toujours résolue à faire plaisir, vous succombez encore. Insensiblement, mais irrévocablement, vous glissez dans le genre de vie qui est l'opposé total et affreux de tout ce en quoi vous croyez. Le genre de vie dont vous parliez avant le mariage (un temps de bonheur parfait en principe) en disant, jamais je n’accepterais une telle chose. Plutôt partir.
Maintenant cette situation est la vôtre. Vous n'êtes pas partie.
Vivrez-vous toujours comme ça ?" (Zulma - p.15-16).
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"Aujourd'hui, vingt ans plus tard, j'essaie d'imaginer ce qui serait arrivé si ma soeur avait parlé du viol à mes parents. Ils auraient bien sûr tout annulé. Et Sangeeta, avec sa virginité perdue, aurait continué à vivre avec nos parents, en femme déchue, comme diraient les gens. Réduite à néant, elle aurait disparu sans bruit dans la grisaille d'un célibat éternel, pendant que mes parents priaient pour qu'un homme sympathique survienne et l'aime en dépit de tout, sans rechercher un hymen intact. Si j'avais été plus âgée, j'aurais parlé à mes parents, je les aurais regardés se ratatiner presque sans bruit, acceptant la chose comme leur karma en raison des péchés commis dans leurs vies antérieures, consolant leur fille aînée, portant éternellement le fardeau d'une fille sans mari et déflorée. Et les gens, oh les gens auraient jasé et encore jasé, et la faute aurait été entièrement la sienne." (Zulma - p.231-232)
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"Quand tu seras mariée, peut-être alors comprendras-tu qu'un père et qu'un mari sont deux choses très différentes. Dans un mariage arrangé tu n'auras pas de désillusions, car tu n'auras pas eu d'illusions au départ. C’est pour cela que les mariages arrangés marchent. Bien entendu, nous ne mettrons pas de pression sur toi. Fais-nous savoir si tu es d'accord pour que ce garçon te rencontre et j'écrirai en ce sens à tante Naina." (Zulma - p.280-281)
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Le soir, les voisines passèrent avec des gulab jamuns, des pedas, des dahi vadas faits maison, et encore des jamuns et des mangues cueillis à leur propres arbres. Mange, mon enfant, mange, presssaient-elles Namita, qui riait, qui protestait. Elle était trop mince. Elle avait besoin de se remplumer.
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Les livres parlent de l’instant de la révélation, la soudaine et absolue prise de conscience de son propre malaise.

En réalité, ça ne se produit pas comme ça. Il n’y a pas d’instant unique. Chaque fois que vous cédez, vous vous dites que l’adaptation est indispensable au mariage.
Inutile de contrarier les gens quand vous vivez avec eux. Il n’y aura pas de prochaine fois. Mais si, il y en a une. Vous cédez, encore, et encore, et encore. Puis arrive un moment où ce n’est plus une affaire anodine.

Mais, toujours submergée par la culpabilité, toujours résolue à vous faire plaisir, vous succombez encore. Insensiblement, mais irrévocablement, vous glissez dans le genre de vie qui est l’opposé total et affreux de tout ce en quoi vous croyez.

Le genre de vie dont vous parliez avant le mariage (un temps de bonheur parfait en principe) en disant jamais je n’accepterai une telle chose. Plutôt partir.

Maintenant cette situation est la vôtre. Vous n’êtes pas partie.

Vivrez-vous toujours comme ça ?
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