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Patrick Reumaux (Traducteur)
EAN : 9782910776114
476 pages
Elisabeth Brunet (10/04/2003)
3/5   1 notes
Résumé :

Comme les Brontë, les Powys sont, fait rarissime, une famille d'écrivains. Trois sœurs, un frère dans le Yorkshire. Trois frères, une sœur dans le Dorset. Comme celui des Brontë, le monde des Powys est clos. C'est un univers de la déréliction et de la mort. L'univers d'un Dionysos dénaturé.Ensemble, mais chacun avec ses propres armes, les Powys chassent. Ils chassent tous Dieu, avec un art particulier... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Les Powys. Ce n'est pas parce qu'ils portent le même nom qu'ils n'ont pas de prénom. Déclinons-les.


John Cowper est le plus connu d'entre tous. Je n'en sais foutrement rien de savoir si c'était déjà le cas à l'époque, ou si cette gloire relève de celles, injustifiées, qui s'acquièrent au hasard des élections temporelles. On lit ici ses poèmes, mais sachez qu'il n'a pas écrit que cela. Eh bien, c'est du bon morceau. C'est de l'ordre du ratage (« Chaque enfant de la planète / Depuis la naissance a en tête /Une pauvre chanson qui bégaie »), de la fin du monde (« Sous la falaise croulante nous mangions notre repas / le soleil desséchait l'herbe du terrain, / de vagues brises d'avril soufflaient. Nous ne savions pas / Combien proche était la fin ») et pourtant de la dérision (« La Vie et la Réalité / Sont choses très évasives / Qui sur les ailes des aigles dérivent – / Tout le reste est poussière, boue et simagrées / Tout le reste est pure nullité. / Trouve une fille –crétin- et fiche-moi la paix ! »), savant mélange aboutissant à cette poésie qu'on appelle aujourd'hui houellebecquienne, et qui trouve toujours ses disciples.


Llewelyn témoigne aussi de cet indistinct mélange d'influences. Question de type peut-être, là où John s'exprime intuitivement par le poème, Llewelyn cherche à mettre au point, à justifier, à expliciter, à entrer dans le détail de ses petites idées, comme si elles venaient d'ailleurs que de lui-même. C'est ainsi qu'il nous fait marrer avec ses conneries à prétention scientifique (« L'avenir est peut-être entre les mains de la science, dans ce type de pensée entièrement libérée des émotions et des préjugés éthiques, une pensée prête à soumettre chaque question à l'arbitrage des faits »), à recourir à un darwinisme déjà périmé en même temps qu'il répudie l'église pour jouer parfaitement le rôle du bon petit homme moderne rationnel. Et pourtant, qu'il ne le cache à personne, dans le fond, Llewelyn est païen. Ce qu'il aime vraiment, c'est la force et la robustesse des antiques. Disciple du soleil, il se moque de l'inutilité de la condition humaine (« Ils s'échinent à se rassurer en s'inventant des tâches domestiques et ne tiennent aucun compte du message éclatant du soleil non mystique ») et en appelle aussi aux forces chtoniennes pour croître d'en haut et d'en bas (« Que la force de la terre et du soleil infuse mes entrailles »).


Philippa, la seule meuf du clan, m'a laissée indifférente. Ses poèmes un brin pleurnichards se réfugient souvent dans les images stéréotypées de la poésie lyrique. Cela plaira sans doute à d'autres que moi.


Theodore Francis écrit surtout des nouvelles. Elles ne sont pas passionnantes non plus mais, disons, il a voulu jouer le rôle du trickster dans la fratrie, alors il n'hésite pas à graillonner du fond de la gorge avec des histoires légèrement pornographiques –comme ça pouvait l'être dans les années 30 dans le Yorkshire. Autant dire que si vous voulez du cul, il faudra vous terminer à la main.


Faites votre choix les amis.
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Citations et extraits (40) Voir plus Ajouter une citation
L’amant le plus précieux
Que cette terre doit porter
Avance aux côtés d’un furieux
Qui tient la vie pour un décret
Et martèle la noblesse des âmes au maillet.

Apprenons à nous supporter
Et souvenons-nous que nous sommes taillés
Dans une étoffe unique,
Faisons de notre sac d’embrouilles
Une pelote de primevères pour faire la nique
Au soleil et à la lune.

[John Cowper Powys]
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Doucement tu murmurais « Tu oublieras »
Et moi qui t’embrassais d’un « Jamais »
Sais que le plus amer regret
N’est pas d’avoir quitté tes bras.

C’est qu’une chose plus douce, plus rare
Que toutes celles que j’ai vécues,
Puisse se mêler à l’air
Et d’être comme non avenue.

(John Cowper Powys)
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Moi je t’aime et toi tu l’aimes
Lui aime un troisième larron,
Moucherons humains nous passons
Notre temps dans les dilemmes.

[…]

Tu m’aimerais autant que je t’aime
Elle l’aimerait et lui
Aimerait –peu importe qui,
Ce qui nous laisserait indemnes ?

[John Cowper Powys]
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Moi seul, moi, le ver qui ai bu le sang
De Satan dans ses fers
Depuis l’éternité je résiste à l’olifant
Hors de la fosse de l’enfer.

Le courage ? Qu’est-ce sinon la vieille illusion
De la vie qui tourne comme une ronde
Leurrant les créatures de nouvelles confusions
De rêve du monde en rêve du monde.

Moi, le ver lové dans le cerveau du Démorgorgon
Moi qui ai vu Lucifer
Précipité du haut du ciel, je reste seul dans mon cocon
Indifférent à cette affaire.

Ni nobles, ni héroïques, mais bouffons
Sont ceux qui « acceptent la vie »
A coups de vaines rengaines empruntées aux raisons
Contradictoires de la philosophie.

J’ai vu trop de dieux naître et mourir.
Préserve ta paix –le « courage » passera aussi.
O dernier oripeau de l’éternel mentir
Blotti dans tes haillons, je te cracherai pourtant dessus !
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Lily Tiddy vient juste d’aller aux bois voir quelles fleurs elle connaît. Et que font les beaux gars : ils jouent à pile ou face au salon ! Quand j’étais jeune, aussitôt dit, aussitôt fait : un gars qui en avait se faisait pas prier pour culbuter une fille et il prenait bien soin qu’elle se relève pas pareille qu’elle s’était couchée.
George Trott jura bruyamment. Il empocha ses gains et sortit.
George était beau garçon. Il ne mit pas longtemps à persuader Lily, qui lui permit de jouir d’elle à l’ombre des grands arbres où elle cueillait des campanules.
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Videos de John Cowper Powys (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de John Cowper Powys
« C'est afin de savoir si je pouvais exprimer avec suffisamment de clarté des sentiments ressentis très tôt et les justifier avec assez de force que j'en suis venu à écrire ce livre ; comme pour faire de ces sentiments une sorte d'incantation, à même de chasser chez ceux dont la nature s'apparente à la mienne les démons particuliers qui m'ont assailli […]. Comme j'ai été suffisamment chanceux pour échapper à une telle existence et revenir à une vie plus naturelle, je me vois confier, tel un cadeau reconnaissant au destin, la tâche de fournir à ceux se trouvant encore dans la situation que j'ai connue un certain nombre de formules magiques, grâce auxquelles, peut-être, ils pourront exorciser leurs pires démons. J'écris ainsi en connaissance de cause, à partir d'expériences accumulées de résistance à la vie moderne, consolidées en habitude mentale […]. […] nous en venons tellement, dans la grande cité moderne, à nous cogner la tête contre les murs, nous sommes si assourdis par le tumulte, si saoulés de sa sexualité éhontée et de son alcool meurtrier, la confusion grégaire empêtre tellement nos nerfs dans ses scories, que la seule chose qui puisse vraiment nous aider serait une philosophie bien plus précise et radicale […] ; une philosophie réelle, forte, redoutable, sans rhétorique, une philosophie de l'introspection, de l'introspection métaphysique, qui se confronte au socle de granite de la situation ultime, dans sa réalité brute et nue. […] Les choses vont si mal que ce qu'il nous faut, ce sont des attitudes mentales claires, définies, qui sortent de la mêlée et nous fournissent, tels les vieux drapeaux en lambeaux, lacérés par la guerre, des symboles combatifs plutôt que des systèmes rationnels. […] le lecteur doit garder en mémoire que cet ouvrage se veut un moderne “Enchiridion” ou un “Manuel de contemplation dans la difficulté”. […] Plongeons donc […] dans nos âmes et soyons seuls, dans cette Solitude qui peut créer et détruire sans recourir à la violence. […] » (John Cowper Powys [1872-1963])
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Référence bibliographique : John Cowper Powys, Une philosophie de la solitude, traduit par Michel Waldberg, Éditions Allia, 2020
Image d'illustration : https://www.abebooks.com/first-edition/John-Cowper-Powys-Selection-Poems-Published/30698385168/bd
Bande sonore originale : So I'm An Islander - The White Troll And The Dead Tree The White Troll And The Dead Tree by So I'm An Islander is licensed under a CC BY-SA 3.0 Attribution-ShareAlike 3.0 license.
Site : https://www.free-stock-music.com/soimanislander-the-white-troll-and-the-dead-tree.html
#JohnCowperPowys #UnePhilosophieDeLaSolitude #PhilosophieAméricaine
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