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EAN : 9782889230204
176 pages
Atrabile (18/03/2014)
3.38/5   12 notes
Résumé :
Le Nord face au Sud, l’Occident face à l’Orient, la tradition face à la modernité, ou encore, plus prosaïquement, ceux pour qui les frontières s’ouvrent face à ceux pour qui elles se ferment; ce sont toutes ces relations, ces affrontements mâtinés d’interdépendance, mais aussi la limite de ces définitions, qu’interroge Nicolas Presl dans son nouveau livre, Orientalisme.
Quelque part en Turquie, de l’autre côté du Bosphore, des gens se croisent; un berger rêve... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Nicolas Presl nous propose à nouveau une histoire sans paroles, comme dans “Fabrica” que j'ai encensé sur ce forum. le graphisme est en noir et blanc, au trait, avec un style un peu rétro, peu conventionnel en bande dessinée, qui fait plus référence aux artiste surréalistes ou naïfs du début du XXe siècle. Les personnages ont des gueules de poissons, des yeux globuleux, les mentons se lèvent à la verticale, c'est assez étrange, et ce style met parfois mal à l'aise, il ne sont pas très beaux. le dessin est en trait noir, mais parfois, des couleurs viennent agrémenter, pour donner une signification à un objet en particulier, il y a d'abord le rouge, il vient signaler les chaussures, le thé, puis le drapeau Turc, comme s'il marquait ce qui à trait à la patrie, à la culture nationale, puis les bleus, dans les motifs artistiques de l'art turc, ces bleus désignent des détails religieux ou mystiques, plus abstraits… Là où le langage des mots fait défaut, Nicolas Presl nous propose un langage des couleurs, des traits, et il nous raconte sa Turquie dans un parcours de rencontres sensible et minutieux. Chaque illustration semble être l'icône d'un Pop Art qui n'aurait jamais franchi le Bosphore. On peut détacher chaque vignette de son contexte, elle contient déjà une histoire entière.
On découvre dans “Orientalisme”, une Turquie rurale. C'est un récit naturaliste, qui décrit une réalité sociale, on est loin du récit dystopique et symbolique de Fabrica. Ici, Nicolas Presl s'attache aux détails réalistes, un quasi inventaire de ce qu'on peut y trouver dans cette société rurale et encore archaïque : le touriste qui vient découvrir la Turquie profonde, ses jeunes habitants qui aspirent à la modernité, attirés par la mégalopole, Istanbul, comme un idéal de rêve, et les vieux résignés, attachés aux traditions. Il met en scène cette société, par une suite de faits, d'anecdotes, et comme c'est sans paroles, on ne comprend pas tout de suite les aspirations de chaque personnage. L'histoire se construit par recoupements, rencontres, comme un puzzle. L'auteur évite de porter des jugements sur les personnages qu'il met en scène, nous laissant nous imprégner, nous immiscer, ou pas… C'est dans cette neutralité apparente que le récit arrive à nous secouer, il y a un peu de tristesse, de dureté, et aussi de petits bonheurs. Cette bande dessinée est sans doute plus hermétique que “Fabrica”, le propos est sans doute moins radical, mais si on accepte de jouer le jeu que nous propose Nicolas Presl, Si on accepte de se laisser bercer par cette histoire, l'émotion sera au rendez-vous.
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Nicolas Presl a le don avec ses albums muets de plonger le lecteur dans une ambiance oppressante. Non seulement le parti-pris de chasser le texte pour laisser toute la place au dessin, ce qui oblige à en renforcer l'expressivité, mais encore le style composite de Presl -étrange comme celui de Picasso-, produisent ensemble cette sensation d'oppression.

Les BD de N. Presl fascinent comme un Jérôme Bosch, bien que celui-là ne cherche peut-être pas à délivrer le même message chrétien que Bosch : la société, c'est l'enfer, catastrophe sans remède humain. Une philosophe juive parle aussi de la société comme d'un « gros animal » ; en temps de guerre, quand le dragon crache le feu, cette métaphore est compréhensible par tous, mais « en temps de paix », quand le gros animal ronronne, tel un chat digérant ses proies ou des lions qui rotent dans la savane après leur dîner, seuls des artistes comme Bosch ou Presl devinent le danger derrière la publicité, l'imagerie complaisante, et savent faire ressortir que le gros animal est seulement assoupi, prêt à dévorer de nouveau dès que le besoin s'en fera sentir.

Pour ainsi dire, la bête ne fait qu'enfler. Nicolas Presl parle en effet d'une société mondialisée, ultime ; dans son dernier album comme dans le précédent (« Heureux qui comme »), voire peut-être le premier (« L'Hydrie »), bien qu'il soit situé dans la Grèce antique ; la société ne forme pas seulement un tout dans l'espace géographique, mais aussi dans le temps, l'homme semblant répéter à l'infini les mêmes erreurs.

« Orientalisme » traite comme le récent « Arabe du Futur » de Riad Sattouf de la confrontation du Nord et du Sud, que ces deux auteurs présentent comme un dialogue de sourds. Les scènes d'« Orientalisme » se déroulent en Turquie, une Turquie rurale qui peut passer dans le meilleur des cas pour pittoresque du point de vue occidental -au pire pour un moyen-âge arriéré. Riad Sattouf décrit même ce phénomène, à l'intérieur des pays arabes, d'élites occidentalisées qui n'hésitent pas à conduire à coups de trique et de bottes les populations rurales musulmanes sur la voie du progrès social.

Le moins qu'on puisse dire, c'est que la décolonisation n'a pas dissipé le malentendu entre les peuples. le laconisme de Presl, par comparaison avec Sattouf, souligne plus encore la tension. On se situe à l'opposé de Hergé, apôtre de la colonisation, et donc de l'amitié entre les peuples du monde, sans doute d'une manière que l'on peut trouver démodée, mais qui n'est guère plus condescendante que les méthodes nouvelles (B. Kouchner sera peut-être démodé avant Tintin). Avec N. Presl le vernis des bonnes intentions, dont l'enfer est pavé, craque.

«Orientalisme» est un titre ironique.
Lien : http://fanzine.hautetfort.co..
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Chouette histoire, mais portrait assez affreux, surtout en ce qui concerne les nez: on dirait presque à chaque fois des bouches de poisson. Juste 3 couleurs d'impression: je me suis dit que le bleu, c'était pour le sacré, le rouge pour la "terre"?.. Chouette histoire quand même. Et dessins très nets...
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critiques presse (1)
BoDoi
22 avril 2014
L’auteur interroge la diversité du monde, ses clichés, ses géographies, ses sociétés, puis télescope les points de vue dans le fait incongru, tragique ou tendre, pour mieux bâtir des ponts entre les générations et les sexes.
Lire la critique sur le site : BoDoi

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