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Le livre d'or de la science-fiction tome 17 sur 46

Marianne Leconte (Éditeur scientifique)
EAN : 9782266008884
288 pages
Pocket (09/09/1998)
3.92/5   20 notes
Résumé :
Au milieu des années 70, la publication du Monde inverti révéla, dans le ciel de la science-fiction anglo-saxonne, l'existence d'une étoile de première grandeur. Tournant résolument le dos au magasin des accessoires traditionnels — mutants, robots, extraterrestres, etc. — l'auteur du Monde inverti, Christopher Priest, né en 1943, se lançait à la découverte d'un univers étrange et familier, redoutable et fascinant. Quels sont les thèmes majeurs de cette oeuvre singul... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Jolie anthologie composée de six nouvelles qui sont tout de même assez inégales, que ce soit en terme de longueur comme en terme de qualité. ces textes font partie des tout premiers récits courts de la carrière de Priest. Et on remarque déjà les thèmes qui lui seront chers tout au long de sa carrière. J'ai déjà lu que l'on considère l'auteur comme un des dignes successeurs de K. Dick car remettant constamment en doute et en question notre perception du monde réel, ainsi que l'ambiguité de notre subjectivité. Et je ne puis que confirmer cette opinion.

Sa vision du monde, ou plutôt de son monde, car il introduit déjà ici son fantastique univers de l'Archipel du rêve, est absolument fascinante. Priest a une imagination incroyable et une telle intelligence dans sa façon de narrer les choses que parfois on se sent vraiment bête... une sorte de complexe d'infériorité, car un des reproches que je pourrai lui faire, c'est justement que je ne suis pas toujours certain d'avoir bien compris l'interprétation (ou du moins l'une d'entre elles) à laquelle il songeait lui-même en rédigeant tel passage ou telle conclusion. du coup, le risque c'est de parvenir à la fin d'une de ses histoires en se disant le fameux : "tout ça pour ça" qui est au final extrêmement frustrant. Et je suis d'autant plus frustré que je demeure avec quelques doutes et incompréhensions, même après pris le recul nécessaire à la réflexion. Mais bon, à l'inverse, n'est-ce pas non plus là la force de ce type de littérature, s'impregnant d'une véritable poésie et d'une beauté onirique, que de nous amener à nous interroger sur le sens des choses, et comment nous les percevons justement.

Quoiqu'il en soit, ce fut un agréable et intéressant moment de lecture, qui m'a permis de découvrir les débuts d'un génie de la littérature de SF, avec ses premiers tatônnements et ses débuts dans un monde mystérieux et fantastique.

Pour conclure, j'avais juste envie de rebondir sur la morale, ou du moins un des messages, qui émerge de la dernière nouvelle du recueil, probablement la plus belle des six histoires, à savoir qu'à l'instant présent nous ne sommes que la somme de nos expériences et choix passés. Si nous désirons ardemment changer un événement du passé mais que finalement nous savons que nous sommes heureux à l'instant présent, alors que ferions-nous si nous pouvions voyager dans le temps ? Prendrions-nous tout de même le risque de changer les choses ?
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Ce recueil propose un florilège de nouvelles excellentes dont je ne commente que celle que j'adore particulièrement : «Et j'erre solitaire et pale».
Une lecture qui m'a littéralement fasciné dans le passé, aujourd'hui encore et certainement pour toujours.
Le cadre est un parc, disons anglais, où en famille on fait des pique-niques innocents… On peut aussi s'amuser à voyager dans le temps, il suffit de passer les ponts d'hier ou d'aujourd'hui ou de demain ! Sur cette simple idée, Priest arrive à créer une ambiance fascinante quasi musicale entretenue par les répétitions du récit et onirique, imprégnée du désir de « la Dame sans Merci », le poème de John Keats dont un vers donne le titre de la nouvelle.
On s'aperçoit vite que le voyage dans le temps est une formidable métaphore de la mémoire.
Mais cette manière de voir est très inquiétante parce ce qu'elle induit que la mémoire peut varier, faire vaciller la notion de réalité et de vérité. Les certitudes de son individualité, voir même de son unicité sont également déstabilisées.
Ainsi se développent les thèmes priestiens : réalités plurielles, moi incertain menacé par la possibilité du double, héros pale et solitaire isolé du monde et de l'amour.
La nouvelle explore la possibilité de réaliser un rêve dans le passé, de le changer. Une quête qui tourne à l'obsession et dont on pressent l'importance sans pouvoir la comprendre vraiment.
Modifier la mémoire? Modifier la réalité? Les remplacer par le rêve? Vous avez dit spéculative fiction !
On peut se triturer les méninges, subsiste toujours chez Priest une énigme : le héros a-t-il réussi sa quête ? Ici, faire que Celle du passé, l'ai aimé ou l'aime ou l'aimera… Cet impossible tellement regretté. Car alors je serai celui que je veux, voulais, voudrais être ??
Mystère…
Évidemment logiquement, le paradoxe temporel empêche cet espoir, car si l'on pouvait modifier son passé, on s'en souviendrait dans le présent. Mais Priest lui fait son affaire, le noie, le dissout et nous laisse sans clef, sans explication… Ne reste qu'une impression d'épiphanie étrange et incertaine.

Complexe comme un grand rêve. Ça tape très fort.

Personnellement, ce qui est étonnant avec cette nouvelle, c'est que je lui ai trouvé un lieu pour exister dans le réel. Mon parc c'est Kew Gardens, les jardins botaniques de Londres que je visite périodiquement. Comme dans la nouvelle je me rencontre en train de faire mes précédentes visites. C'est intense et cela rajoute au charme évident de ce parc, ainsi je m'invente des féeries pleines de consolations.
La nouvelle continue de s'écrire pour moi, je fais toutes les visites en même temps. Un moment je vais me revoir avec ma mère assis près de la folie attendant que la pluie cesse, une autre fois je vais me revoir sur ce banc, à coté de cette vieille dame, dans le froid de décembre, dans un échange muet plus fort que bien des paroles…
Mais je vous l'avoue, je cherche surtout Estyll et elle me manque.

« Palely loitering ». Tu es cela.
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6 nouvelles plus une préface et une bibliographie. Marianne LECONTE, Les Îlots obsessionnels de Christopher Priest, Préface très intéressante qui souligne l'aspect très intellectuel de la SF de Priest . « La Tête et la main » (1971) Glaçante nouvelle sur le voyeurisme .Plus fantastique que SF. « le Monde du Temps-Réel » ( 1971) Situation claustrophobique qu'affectionne Priest . Observateurs observés, expérimentateurs cobayes . Troublant « L'Été de l'infini » (1976) Voyageurs du temps voyeurs . Très beau texte.« le Regard » ( 1978) Enigmatique nouvelle située dans « L'archipel du rêve » et consacrée au fantasme favori de Priest :le voyeurisme. D'un érotisme troublant « La Négation » (1978)Nouvelle en demi teinte sur l'écrivain et son lecteur mais aussi la dissidence sous une dictature « Et j'erre solitaire et pâle » (1979) Très belle et poétique nouvelle sur le thème du voyage temporel . Au total une excellente anthologie qui souligne l'originalité et la qualité de cet auteur.
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Le livre d'or de la science-fiction consacré à Christopher PRIEST est excellent de bout en bout. Outre la passionnante préface de Marianne LECONTE, lisible en ligne[1], elle réunit six nouvelles de jeunesse de l'auteur britannique.

La Tête et la main (The Head and the Hand, 1971, traduction de Henry-Luc PLANCHAT) aborde le thème de l'art corporel dans sa forme la plus extrême.

Le Monde du Temps-Réel (Real-Time World, 1972, traduction de France-Marie WATKINS) est certainement le plus ancien témoignage en français de ce qui est devenue depuis la thématique priestienne par excellence. C'est celle de la subjectivité de l'appréhension du réel par l'homme, ses sens le trahissant sans qu'il n'en ait jamais conscience.

L'Été de l'infini (An Infinite Summer, 1976, traduction de Sonia FLORENS) est une histoire d'amour impossible entre un homme et une femme, alors que l'Europe connaît une période troublée entre 1903 et 1940. C'est une autre façon d'aborder le thème de la perception de la réalité.

Avec le Regard (The Watched, 1978, traduction de M. MATHIEU), on entre dans le cycle de L'Archipel du Rêve, le « paysage de l'âme » de Christopher PRIEST. Rappelons que ce récit particulier, repris depuis dans l'édition du recueil éponyme dans une autre traduction, est dédié à la fascination d'un homme pour les moeurs sexuels d'une communauté autochtone.

Autre nouvelle relevant de L'Archipel du Rêve, elle aussi reprise sous une autre traduction dans l'édition récente du recueil qui lui est dédié, La Négation (The Negation, 1978, traduction de M. MATHIEU) est une réponse contradictoire à La fontaine pétrifiante (The Affirmation), roman majeur de Christopher PRIEST s'il en est.

Et j'erre solitaire et pâle (Palely Loitering, 1979, traduction de M. MATHIEU) conclut superbement le recueil avec une histoire émouvante sur le thème du double où l'auteur a également mis beaucoup de lui-même.

Ces six récits sont en quelque sorte la genèse de l'oeuvre de Christopher PRIEST et témoignent du fait qu'il a été un grand écrivain très précocement.

[1] http://www.noosfere.com/icarus/articles/article.asp?numarticle=621
Lien : http://philemont.over-blog.n..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Le titre de la nouvelle "Palely Loitering" est tiré d'un poème de Keats.

La Belle Dame sans Merci
1

Oh ! de quoi souffres-tu malheureux,
Errant solitaire et pâle ?
Les joncs de l’étang sont flétris,
Et aucun oiseau ne chante.
2

Oh ! de quoi te plains-tu malheureux,
Si hagard et si accablé ?
Le grenier de l’écureuil est plein,
Et la moisson est rentrée.
3

Je vois un lis à ton front
Moite d’une rosée d’angoisse et de fièvre,
Et, sur ta joue, une rose mi-flétrie
Achève de mourir.
4

Je vis une Dame par la prairie,
Elle était belle — une fille des fées,
Ses cheveux étaient longs, ses pas légers,
Et ses yeux étaient fous.
5

Je la mis sur mon coursier paisible,
Et ne vis qu’elle tout le long du jour,
Car elle se penchait sans cesse de côté, et disait
Un refrain enchanté.
6

Je tressai une couronne pour ses cheveux,
Et des bracelets, et une ceinture embaumée ;
Elle me regarda comme si elle m’aimait,
Et fit entendre une très douce plainte.
7

Elle me découvrit des racines savoureuses
Et du miel sauvage, et de la rosée de manne,
Et sûrement son étrange langage
Disait : « Je t’aime fidèlement. »
8

Elle m’amena dans sa grotte féerique,
Et là me regarda en soupirant,
Et là je baisai ses yeux fous et tristes,
Jusqu’au sommeil.
9

Et là nous sommeillâmes sur les mousses,
Et là je rêvai. — Oh ! malheur à moi,
Le dernier rêve que je rêvai
Sur le flanc de la froide colline.
10

Je vis des rois pâles, et des princes pâles,
Des guerriers pâles, tous pâles comme la mort ;
— Ils me criaient : « La Belle Dame sans merci
T’a pris dans ses rets. »
11

Je vis dans l’ombre leurs lèvres décharnées
Ouvertes dans un affreux avertissement ;
Je m’éveillai et me trouvai ici
Sur le flanc de la froide colline.
12

Et c’est pourquoi je languis ici
Errant solitaire et pâle,
Bien que les joncs de l’étang soient flétris
Et qu’aucun oiseau ne chante.


La Belle Dame Sans Merci

Ballad
I.

O WHAT can ail thee, knight-at-arms,
Alone and palely loitering?
The sedge has wither’d from the lake,
And no birds sing.
II.

O what can ail thee, knight-at-arms!
So haggard and so woe-begone?
The squirrel’s granary is full,
And the harvest’s done.
III.

I see a lily on thy brow
With anguish moist and fever dew,
And on thy cheeks a fading rose
Fast withereth too.
IV.

I met a lady in the meads,
Full beautiful—a faery’s child,
Her hair was long, her foot was light,
And her eyes were wild.
V.

I made a garland for her head,
And bracelets too, and fragrant zone;
She look’d at me as she did love,
And made sweet moan.
VI.

I set her on my pacing steed,
And nothing else saw all day long,
For sidelong would she bend, and sing
A faery’s song.
VII.

She found me roots of relish sweet,
And honey wild, and manna dew,
And sure in language strange she said—
“I love thee true.”
VIII.

She took me to her elfin grot,
And there she wept, and sigh’d fill sore,
And there I shut her wild wild eyes
With kisses four.
IX.

And there she lulled me asleep,
And there I dream’d—Ah! woe betide!
The latest dream I ever dream’d
On the cold hill’s side.
X.

I saw pale kings and princes too,
Pale warriors, death-pale were they all;
They cried—“La Belle Dame sans Merci
Hath thee in thrall!”

XI.
I saw their starved lips in the gloam,
With horrid warning gaped wide,
And I awoke and found me here,
On the cold hill’s side.
XII.

And this is why I sojourn here,
Alone and palely loitering,
Though the sedge is wither’d from the lake,
And no birds sing.


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