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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Elissa vit à Carthage «la métissée, la bigarrée» dans un quartier à la limite de Megara chez sa soeur Faonia et son beau-frère Marcellus potier. Ils l'ont accueillie quand elle est revenue seule de son séjour en Italie, désemparée après avoir été répudiée par Augustinus et séparée de leur enfant Adeodatus («donné à Dieu»). Elle-même participe à l'élaboration de menus objets fabriqués à l'atelier et fait des livraisons. Elle se sent accordée à la terre, à la vie «Je pose une petite boule sur le plateau, je prends le temps de la caresser, nous nous apprivoisons, et hop en route ! le bonheur de sentir pieds et mains se coordonner sans effort, la terre me guide, je l'écoute, nous nous aimons, juste la bonne teneur en humidité, l'argile se creuse et s'érige, le plaisir vient, la forme également...» p165.
Elissa a su restée vivante, ardente et fidèle à la passion qui l'a unie au désormais évêque d'Hippone, fidèle aussi à la foi de Mani qu'ils ont partagé tous les deux et qu'il a trahi comme il a trahi leur amour, pour renouer avec le christianisme. Elle sait reconnaître son talent, la séduction, l'attraction de son verbe mais constate aussi que cette grâce qui l'a saisi, l'a conduit à se raidir dans un dogme et a aussi satisfait son ambition. Elle reste par-dessus tout, à travers souffrances, regrets et révolte qui jaillit parfois contre le traitement qu'elle a subi, fidèle à la vie.


Claude Pujade-Renaud excelle dans l'évocation sensuelle de cette liaison et dans celle de la beauté solaire de la méditerranée. Un très beau roman qui fait vivre toute une époque de profond bouleversement sur les coups de boutoir des barbares qui auront raison de l'empire de Rome. Belle subtilité aussi que celle qui établit le lien entre Augustin et Port-royal p 26 «L'évêque d'Hippo Regius... Encore un nom métissé de punique et de latin. Hippo, le port. Port Royal. Mon homme, évêque de Port Royal.»
J'ajouterais qu'Augustin a rejoint l'église catholique et estime avoir rompu avec son passé soutenu par la grâce divine et que cette même grâce a soutenu les religieuses de Port-Royal dans leur résistance au pouvoir masculin représenté par le Roi et la hiérarchie catholique. Dans l'ombre de la lumière et le désert de la Grâce, deux belles évocations qui se répondent.
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Nous ne quittons plus Saint Augustin depuis quelques temps… Après le Sermon sur la chute de Rome de Jérôme Ferrari, c'est à nouveau lui qui inspire l'auteur de ce très beau roman, toujours chez Actes Sud. Il apparaît ici sous les traits d' Augustinus et c'est Elissa son ex-compagne qui redonne vie à cet homme. Et nous voilà plongés dans l'Afrique romaine au Ve siècle.

Saint Augustin évoque une concubine répudiée dans Les Confessions, puis il se tait. À leur tour, les biographes du saint homme en feront peu mention. Mais la romancière brise le silence au sujet de cette femme et imagine celle qu'elle fut. Elle la prénomme Elissa (prénom phénicien de Didon, la reine de Carthage, grande figure de femme abandonnée) et lui donne la parole. Augustinus fut son grand amour, son compagnon du quotidien, son amant, le père de son fils durant 15 ans. Et puis il l'a abandonnée. Pour quelles raisons ? Comment a-t-elle vécu après sa répudiation, seule sans son fils ? Tout cela , elle va nous le raconter. Mais l'histoire ne s'arrête pas là. Après douze ans de séparation, Augustinus revient à Carthage, la ville où Elissa s'est réfugiée et ce sera une difficile épreuve de revoir le visage de l'homme qu'elle a tant aimé. le pire reste à venir car plus rien n'existe de celui qu'il a été. Lui qui était un amoureux transit et un manichéen convaincu est devenu un homme droit, rigide et irréversiblement catholique.

Alternant entre ses souvenirs et la description de son quotidien, Elissa nous raconte la vie qu'elle a menée depuis sa rencontre avec Augustinus jusqu'à sa mort. Claude Pujade-Renaud excelle dans la manière de donner vie à cette femme et la faire vibrante de vie. Sous sa plume élégante et précise , Elissa est un personnage fort, terriblement attachant. Sa parole sonne juste, parole pleine d'humilité. Troublante et touchante, sa voix est envoûtante. Cette sensuelle oratrice , est l'incontournable témoin d'une vie d'homme, d'une quête spirituelle. Son portrait d'Augustin est humain, vibrant, passionnel et passionné. C'est aussi toute une époque où coexistent manichéisme, paganisme et christianisme qu'elle fait revivre, évoquant la chute de Rome puis l'invasion barbare dans l'est africain. La nature, en toile de fond, est très présente. Présentent aussi les choses de la vie quotidienne : les sorties aux bains, les promenades, le goût des poires, des raisins et des figues, le travail du pain et de la terre, l'odeur du papyrus... On est complètement immergé dans cette période. Tout cela est servi par un style magnifique, lumineux, poétique.

Dans l'ombre de la lumière est un livre qui se savoure. A travers ces deux portraits, Claude Pujade-Renaud entremêle L Histoire et l'intime tout en finesse et subtilité. Un roman passionnant et poignant. Remarquable !
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Claude Pujade-Renaud, que je découvre avec ce livre, imagine la vie de la femme anonyme qui a partagé la vie de Saint-Augustin pendant une quinzaine d'année, lui a donné un fils, et qui a été répudiée à cause d'un projet de mariage en cours, qui finalement n'aura pas lieu. Elle n'aurait pas rejoint, comme la tradition le laisse entendre, une communauté religieuse, mais serait revenue à Carthage dont elle est originaire, là où elle a vécu la plus grande partie de sa relation avec Augustin. le roman évoque les souvenirs, la relation de couple, mais aussi ce qui advient de suite dans la vie d'Augustin et de celle que Claude Pujade-Renaud a choisi de nommer Elissa. Elle devient en effet proche d'un couple, dont le mari handicapé, Silvanus, est copiste, et reproduit un certain nombre d'écrits de l'évêque d'Hippone, dont les fameuses Confessions, ouvrage pour lequel il se passionne et qu'il évoque longuement devant Elissa , qui découvre un certain nombre de choses sur leur liaison vue par son compagnon, et qui livre aussi en écho son vécu à elle. En arrière plan, le contexte historique et social, les changements entraînés en particulier par le christianisme devenu religion d'état, les convulsion de l'empire romain qui s'achemine vers sa fin sous la poussée des Barbares.

J'ai au départ eu une petite réticence, à cause de l'invraisemblance des données de départ : cette femme qui a vécu un certain nombre d'année avec un homme en vue comme Augustin, qui revient chez sa soeur relativement rapidement (Elissa ne sera pas restée bien longtemps en Italie), dont les voisins et relations, ne devaient pas ignorer la situation, où d'ailleurs Alypius, un ami proche d'Augustin va la chercher sans problème lorsque le récit l'exige, peut devenir après son retour anonyme, personne n'ayant gardé la moindre trace de ses liens avec un Augustin qui devient de plus en plus célèbre. Et puis ce copiste qui lui lit les écrits d'Augustin, dont les Confessions, d'une façon si providentielle. Mais j'ai pu rapidement passer sur cet aspect quelque peu artificiel, car cela permettait en effet de mettre en parallèle les deux voix, et était indispensable pour que le roman puisse développer son propos. Une sorte de licence romanesque en somme.

Comme souvent, il vaut mieux ne pas lire et se fier aux présentation de l'éditeur, d'après qui Claude Pujade- Renaud « replique à l'histoire officielle ». Or elle suit en réalité avec une grande fidélité les données historiques que l'on peut trouver par exemple dans Les Confessions ou dans les biographies de référence, comme celles de Peter Brown ou Serge Lancel, qu'elle cite d'ailleurs parmi ses sources. Elle résume aussi sans réellement les déformer, un certain nombre d'idées exprimées par Saint-Augustin, surtout celles qui sont passées dans le débat plus grand public, en les simplifiant parfois très fortement, mais c'est inévitable dans un roman qui n'est pas par essence un traité de philosophie, et logique dans la bouche d'un personnage comme Elissa. Mais globalement le livre permet à quelqu'un qui n'aurait pas lu Les confessions et ne se serait pas intéressé à Saint-Augustin d'avoir une première idée de ce qu'a pu être la vie et un tout petit peu la pensée de cet homme.

Bien évidemment, c'est une femme blessée, rejetée par celui à qui elle a tout donné, qui a été séparée de son fils, et qui souffre. Et comme c'est elle qui parle, qu'elle est attachante, on peut avoir la sensation que l'auteur privilégie sa parole, son témoignage, par rapport à ceux de son illustre ex-compagnon. Mais là aussi je trouve que le livre est bien plus subtil et plus complexe que ce certains commentaires pourraient le laisser penser. Par exemple, Elissa évoque longuement Monique, la mère d'Augustin. Autant le dire, elle la déteste franchement, et cela dès le premier regard, pourrait-on penser à lire le roman. Tellement de choses ont été dites et écrites sur celle qui deviendra Sainte- Monique, sa relation avec son fils, en particulier a donné lieu à un nombre incalculables d'interprétations, entre autres psychanalytiques. Nul doute qu'elle aura été pour Saint-Augustin la femme de sa vie, qui n'a laissé que bien peu de place pour les autres. L'aversion d'Elissa est explicable, comme l'est sa façon d'essayer de lui attribuer la responsabilité de tout ce qui ne lui plaît pas chez Augustin, et en premier lieu son abandon. Mais on n'est pas obligé de la croire complètement sur parole, d'autant que Claude Pujade-Renaud suggère à un moment une sorte de mauvaise foi. Elissa exprime dans un passage de la sympathie pour Patricius, le père d'Augustin, qu'elle n'a pas connu. Elle lui reconnaît quelques défauts, comme ses infidélités et sa brutalité, envers serviteurs et animaux. Et là, le lecteur des Confessions s'attend qu'elle parle aussi du fait qu'il battait sa femme, élément qui figure à ce moment du livre de Saint-Augustin. Mais Elissa n'en dit rien, et il est clair qu'elle est au courant, à un autre moment ce passage est évoqué de façon très reconnaissable dans les lectures de Silvanus. Mais elle choisit de passer sous silence ce fait qui rendrait Patricius bien moins sympathique et Monique peut-être moins antipathique. Il ne faut donc pas prendre pour argent comptant tout ce qui dit Elissa, elle aussi livre sa version de l'histoire, qu'elle peut aussi arranger, ou dont elle n'a pas tous les éléments en main pour donner une version tout à fait complète et objective.

Encore plus intéressant à mon sens, ce passage dans lequel Sylvanus lit un extrait des Confessions dans lequel Augustin exprime une intense souffrance psychique, avant sa conversion. Cela aussi a donné lieu à énormément de lectures, à des diagnostics cliniques (dépression etc). Et Elissa réalise qu'elle n'avait pas eu conscience de cette souffrance chez l'homme qu'elle aimait. Comme si deux histoires parallèles se vivaient en même temps, sans réussir à vraiment se rejoindre. Ce qui pose la question du couple, du vivre ensemble, de ce qui est vraiment partagé, commun. Toute cette angoisse existentielle d'Augustin, dont la grande affaire aura été de donné un sens au monde et à son existence, qu'il a résolu uniquement par sa plongée dans la foi, semble avoir complètement échappé à Elissa. Ce qui pose aussi le questionnement, à mon avis essentiel, de savoir pourquoi tant d'hommes se satisfont très bien d'une relation de couple dans lequel leur partenaire partage (en réalité prend en charge) le quotidien, mais pas le reste, dans le cas d'Augustin, le philosophique, le spirituel. Où elle reste exclue de ce qui est considéré comme le plus essentiel. le livre évoque l'histoire biblique de Marthe et Marie, et suggère l'assimilation d'Elissa à Marthe. On a plus tendance maintenant à vouloir, tout au moins dans des déclarations d'intentions, que les femmes assurent les deux postures. Mais c'est vraiment une exigence énorme, si en même temps les hommes ne prennent pas en charge une part conséquente de la part de Marthe, parce que faire peser tout sur les femmes, les quotidien, le professionnel, le sensible, l'intellectuel, les met forcément dans une situation impossible qui peut mener rapidement à un sentiment d'échec.

Aimer Augustin aura été au final la seule chose qui ait eu de l'importance pour Elissa, tout le roman évoque cet amour, dont elle ne s'affranchit pas malgré la trahison, malgré l'absence, malgré les années. le livre est au final une sorte de déclaration d'amour à cet homme, comme Les confessions sont aussi une déclaration d'amour que cet homme fait à son Dieu, qui exclut tout autre amour, comme l'amour qu'Elissa porte à Augustin lui rend impossible d'aimer quelqu'un d'autre. L'absolu de l'un répond à l'absolu de l'autre.

Un beau livre qui ouvre beaucoup de pistes de réflexion.
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J'ai lu il y a quelques temps ce beau roman de Claude Pujade-Renaud. "Dans l'ombre de la lumière" ou l'itinéraire intime et sensuel d'une jeune femme (Elissa), de sa passion amoureuse pour celui qui deviendra plus tard Saint-Augustin, évêque d'Hippone, un des Pères de l'Église.
La vigueur et l'innocence de leur jeunesse les liait profondément l'un à l'autre. Rien ne semblait pouvoir leur résister. Ensemble, ils étaient tout.
Et puis les terribles volontés de la mère d'Augustin (Monnica) autant que L Histoire (l'avènement du christianisme, la disparition progressive du culte réservé aux dieux païens, les Barbares qui menacent la puissance de Rome, etc.) se chargèrent de changer le cours de choses.
Membre de la secte des Manichéens, Augustin (Augustinus) se mit à nourrir de nouvelles ambitions. Devenu un brillant orateur, désireux d'acquérir un plus grand prestige social, c'est lors d'un voyage qui le mène à Rome puis à Milan qu'il décide de se marier à une jeune femme, issue de la haute société milanaise. Cette union va le contraindre à répudier Elissa.
Claude Pujade-Renaud retrace d'une écriture féminine et sensuelle le terrible déception d'Elissa en confrontant la monotonie des jours à qui s'écoulent et le poids des regrets nés du temps passé, le tout contenu dans les reflets du soleil chaud, des paysages, des couleurs et des parfums de l'Afrique du V ème siècle. Si loin et si proche en même temps.
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"Les confessions de St Augustin" Ce titre figure dans ma collection de livres , dans un placard, jamais je n'aurais imaginé qu'un jour, l'envie me viendrait de reprendre cette lecture oubliée depuis tant d'années. Claude Pujade-Renaud a su, à travers la voix de cette femme aimée passionnément , puis répudiée par Augustinus, au 4ème siècle, redonner vie à cet homme, et nous parler des religions, celles de l'époque bien sûr, mais aussi celles de toujours , avec leurs passions aveugles, leurs débordements, leurs injustices , donc leurs limites. Un beau, très beau livre.
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Ce roman donne la parole à Elissa la compagne du saint homme avant qu'il n'entre en religion, dirons nous.
Elle observe de loin l'évolution et l'ascension de celui qu'elle a aimé.
Un texte plein de contradictions: Elissa la manichéenne qui de ce fait doit nier le corps a des regrets très sensuels (est-ce bien utile ici d'ailleurs...) et Augustin est d'abord grammairien (art du discours qui peut être vide) puis s'intéresse à la philosophie (recherche de la vérité, doute) avant de se lancer dans le christiannisme et dans ce qu'il a parfois de plus intransigeant (sa réaction face aux rescapés de Rome ravagée par les Barbares).

Ce qui m'a particulièrement intéressée: les doutes, l'évolution intellectuelle et humaine des personnages, dont Claude Pujade-Renaud parfois à nous rendre témoin. Elissa, femme seule et blessée qui revient dans sa famille, Faona sa soeur et son beau-frère braves "païens", Paulina riche patricienne, Sylvanus le savant copiste infirme de corps mais dont l'esprit est toujours en éveil et toute une galerie de personnages aussi attachants qu'intéressants..... Sauf peut-être Monnica, "the" belle-mère.....

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Une belle et bonne surprise pour moi ! Ce roman est remarquable à divers titres. D'abord pour ses personnages principaux. Elissa est une amoureuse déçue et ambivalente, dont on suit le parcours avec une réelle empathie. Mais il y a surtout Augustinus (que, au XXIème siècle, nous appelons communément Saint Augustin): la pensée mais aussi le vécu de ce Père de l'Eglise sont très bien connus, notamment grâce aux extraordinaires "Confessions" qu'il a écrites et qui sont parvenues jusqu'à nous. Un homme extrêmement brillant, ardent, allant tout au bout des choses, mais aussi tourmenté, variable dans ses convictions et... très sensuel. Un adulte qui est resté sous l'influence de sa mère, elle aussi exceptionnelle: Monnica (Monique). Freud, s'il avait voulu se pencher sur cette mère et ce fils, aurait sans doute écrit beaucoup de choses sur leur relation ! Monnica, fervente chrétienne, voudrait bien qu'Augustinus suive ses pas. Il le fera assez tardivement, répudiant sa concubine chérie, Elissa. Il deviendra un chrétien exigeant, presque fanatique, austère, avant d'être choisi comme évêque de Hippo Regius (actuellement: Annaba) dans sa province d'origine en Afrique du Nord.
Mais il y a plus. La vie quotidienne dans les villes où Augustinus a habité est montrée d'une façon vivante; le lecteur ressent l'authenticité des descriptions d'atmosphères, très différentes dans les villes d'Afrique, à Rome ou à Milan. L'ambiance particulière de l'époque est aussi bien rendue: tout est en train de changer. L'Empire romain est en décadence et les Barbares sont de plus en plus menaçants (les Vandales assiègeront bientôt la ville de Hippo Regius). Sur le plan religieux, le christianisme triomphant - mais embarrassé par des hérésies - le paganisme et le manichéisme se disputent les fidèles, dans une coexistence qui n'est pas vraiment pacifique.
Quant à l'écriture de Claude Pujade-Renaud, elle est simple et accessible, sobre mais chaleureuse. Elle trouve les mots adéquats pour bien évoquer les sentiments et les atmosphères. L'ensemble des qualités de ce roman en font une vraie réussite.
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Avant d'être un saint homme, Saint-Augustin a été Augustinus, un homme qui vivait loin de la foi chrétienne et faisait partie des "manichéens".
Pendant une quinzaine d'années, il a vécu en concubinage avec Elissa pour laquelle il a eu une passion très charnelle.
Au bout de quinze ans, influencé par sa mère, il la répudie pour faire un riche mariage avec une très jeune fille.
C'est à ce moment qu'il a la révélation de la foi et qu'il se convertit à la religion chrétienne.
Il deviendra évêque et aura une grande influence intellectuelle et morale.

Le livre commence dix ans après leur séparation alors qu'il vient faire un sermon à Carthage où habite Elissa.
C'est l'occasion pour elle d'évoquer leur relation forte et douloureuse.
Elle est encore sous l'emprise de cet homme qui a été pour elle un amant inoubliable et un compagnon d'une intelligence supérieur.
Maintenant il prône la rigueur et la chasteté, il vilipende les femmes infidèles et n'hésite pas à se rapprocher du pouvoir pour augmenter son influence.
Elissa oscille entre la nostalgie des moments heureux et la colère envers cet homme...


Claude Pujade-Renaud réussit de manière magnifique à la fois à décrire une époque et à évoquer des sentiments qui sont, somme toute, universels.
Les personnages secondaires sont également très attachants, sa soeur et son beau-frère qui sont païens, Sylvanus le savant copiste infirme, Monica la belle-mère...
Elle a réussi à inventer le quotidien d'Elissa tout en se documentant sur l'aspect historique et religieux et elle le fait avec brio.
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La romancière nous offre une plongée exceptionnelle dans la grande Histoire- fin de l'Empire romain et raconte l'histoire (possible) de celle qui fut la concubine de Augustin pendant plus de dix ans. Evoquée en quelques mots dans les "Confessions" , elle retrouve ici un prénom, une vie après sa répudiation.

Un très beau récit, une destinée de femme tragique et émouvante mais jamais larmoyante. Une "aimante" fidèle à Augustin, au-delà de toute raison, à sa propre foi, à sa ville. Cette fois les mots mettent sa vie en lumière et c'est en creux, en ombre que l'on découvre les pensées d'Augustin d'Hippone.
L'auteure nous permet de comprendre avec beaucoup de talent ce temps de bascule historique, mais aussi les enjeux religieux qui lui sont contemporains.
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Portrait intime et romancé de la compagne d'Augustinus avec laquelle il eut un fils. Claude Renaud-Pujade imagine leur vie de couple, leur relation très amoureuse, passionnée et érotique, un Augustinus aimanté par les plaisirs de la chair et sa compagne Elissa en admiration pour le brillant étudiant, puis professeur de rhétorique. Tous deux adeptes du manichéisme qui rejette l'Ancien Testament, alors que la mère d'Augustinus, est une fervente catholique qui nourrit de grandes ambitions pour son fils. Cette mère dominatrice, trompée et humiliée par un mari païen, a transféré tout son amour et ses aspirations sur Augustinus qui la craint et la tient à distance en quittant Carthage pour Milan, puis Rome. Orgueilleux, il finit par se rallier à sa cause, renie le manichéisme pour se tourner vers le catholicisme et répudie sa compagne. Elissa a trouvé refuge à Carthage, sa ville natale, auprès de sa soeur et de son beau-frère, païens et tolérants. Auprès d'eux, elle tente de faire le deuil de son amour et de son fils disparu. Lors de la venue à Carthage de l'évêque d'Hippo Regius, Augustinus, pour un prêche, Elissa revit leurs 15 années de vie commune avec douleur mais avec la fierté d'être restée fidèle à ses convictions. En toile de fond, les croyances et les conflits entre païens et chrétiens : manichéens, ariens, donatistes, catholiques et la progression des Barbares qui, bientôt, vont traverser l'Italie et franchir la méditerranée avec leur cortège de pillages, massacres, sièges et famines.
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