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EAN : 9782702831526
792 pages
Fayard (10/02/1999)
4.7/5   5 notes
Résumé :
"Heureuse une vie qui commence par l'amour et finit par l'ambition" dira Pascal. Le jeune Augustin a connu le premier mais se refuse vite à la seconde, et sa vraie vie débute avec le rejet des ambitions et le deuil des amours humaines.
Ce natif de l'Afrique romanisée du Ve siècle qui voulait se faire moine (la règle qu'il institua influencera profondément et durablement l'organisation monastique) fut choisi comme évêque d'Hippone ; mais, malgré ses lourdes ch... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Serge Lancel, dans l'avant-propos de son monumental d'ouvrage de plus de 600 pages, dit la difficulté d'écrire une biographie de Saint-Augustin. Parce qu'une fois sa conversion accomplie, il ne se passe plus grand-chose en terme d'événements, le parcours devient celui de l'esprit, et ce qui permet de le suivre, ce sont les écrits au combien nombreux de l'évêque d'Hippone. Dire la chronologie devient inséparable de résumer l'oeuvre, la pensée, tant Saint-Augustin s'est identifié à elles. Or cette pensée est complexe, elle a donné lieu à des interprétations, commentaires sans nombre, elle a aussi eu une influence immense dans l'église avant tout, mais pas seulement. C'est un véritable monument et la résumer tient d'une gageure. Mais Serge Lancel relève le défi d'évoquer la vie et l'oeuvre, à destination de ceux qui ne sont pas spécialistes de la patristique. le pari me semble vraiment fort réussi.

La vie d'Augustin est bien plus connue que celle de nombre de ses contemporains, justement grâce à ses nombreux écrits. Bien évidemment Les Confessions, ouvrage au combien célèbre, qui raconte son existence, ou tout au moins un certain nombre d'évènements choisis par lui, jusqu'à l'âge de 33 ans, jusqu'à la mort de sa mère, peu après sa conversion. Mais aussi de très nombreuses lettres pour évoquer les textes les plus utiles au biographe. La prose d'Augustin a eu la chance d'avoir été bien conservée, relativement peu de choses ont été perdues. Serge Lancel nous déroule l'enfance et la jeunesse, d'un garçon sans doute de suite apparu comme brillant, dont le père fait des sacrifices pour pouvoir lui permettre des études, dans lesquelles Augustin réussit fort bien. Une carrière d'enseignant s'amorce, qui le mène jusqu'au poste de maître de rhétorique à Milan, que l'on pouvait considérer comme le poste d'enseignant le plus prestigieux de l'empire à l'époque. Mais Augustin n'est pas heureux : la philosophie en tant que telle ne lui suffit pas, le manichéisme auquel il a adhéré un temps non plus (même si c'est sans doute grâce aux réseaux manichéens qu'il a obtenu son poste). le catholicisme (religion de sa mère) lui pose des questions. Il finit pas se convertir dans un fameux jardin à Milan et à abandonner sa carrière, pour rentrer chez lui en Afrique. Il y sera prêtre, puis évêque d'Hippone jusqu'à sa mort survenue à un âge avancé en 430. Pendant ses longues années au service de l'église, en plus de son office, de ses sermons, de la participations aux conciles, aux arbitrages et décisions dans les affaires de l'église et autres activités normales pour un évêque, il écrira, il commentera et essaiera de comprendre les Ecritures, élaborant progressivement une pensée théologique qui sera la plus influente dans l'église catholique jusqu'à Saint Thomas d'Aquin. Cette pensée va se construire en partie dans les controverses qu'il va soutenir : contre les manichéens, les donatistes, les païens, et enfin contre le pélagianisme.

Personnage d'exception, de par ses immenses qualités intellectuels, mais aussi par une personnalité hors du commun, Augustin a marqué son temps, et au-delà, la culture et civilisation occidentale. Evêque infatigable, voulant convertir au sens fort du terme, pas uniquement pour la forme, se démenant pour ses ouailles, militant pour une forme de clémence des autorités, y compris pour ses opposants, mettant en cause régulièrement sa capacité à comprendre la parole divine et posant la possibilité d'une autre interprétation, il est en même temps un adversaire féroce, tout au moins intellectuellement, pour les non-chrétiens puis ceux qui vont devenir des hérétiques. Sa grande puissance de pensée laisse peu de chances à ses opposants, d'autant qu'il ne lâche rien.

Au-delà de la figure de Saint Augustin, Serge Lancel brosse le tableau de l'époque et de son évolution. le monde dans lequel est né Augustin était encore en majorité païen, d'autres religions que le christianisme avaient de nombreux adeptes, comme le manichéisme auquel il a adhéré un temps. A la fin de sa vie, la paganisme était interdit, l'écart entre les églises orientales et latines se creusait, et un certain nombres de croyants étaient rejetés comme hérétiques : d'une certaine façon le christianisme avait vaincu. Par ailleurs, l'empire romain d'occident vivaient ses dernières décennies ; le monde relativement stable et sûr se fissurait, la prise de Rome en 410 et le siège d'Hippone pendant lequel est mort le vieil évêque en 430 étant plus que les signes avant coureurs, les étapes d'une désagrégation, qui prendra fin officiellement en 476, mais les années à courir étaient plus des soubresauts d'agonie qu'une période de rémission.

Clair, passionnant, d'une grande richesse, un livre à recommander à ceux qui s'intéressent aux sujets évoqués.
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Professeur émérite de l'université de GrenobleMembre de l'Institut

Saint Augustin appartient à la culture universelle, donc à l'humanité entière, mais en premier lieu à la terre dont il est issu, cette Algérie qui s'est souvenue magnifiquement de lui, lors d'un colloque international organisé au printemps 2001 à Alger et à Hippone, sa ville épiscopale. Serge Lancel, membre de l'Institut et auteur d'un Saint Augustin, (Fayard, 1999), nous invite à mettre nos pas dans ceux de ce grand voyageur qui, sur les routes romaines de l'Italie du Nord comme sur les chemins de son vaste diocèse africain, a trouvé l'inspiration d'oeuvres appelées à devenir les fondements de la pensée chrétienne..

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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Ce rendez-vous manqué, organisé par la grande histoire et refusé par la petite, a quelque chose de frustrant, au minimum de paradoxal, si l'on songe que dans les vingt années qui lui restent encore à vivre l'évêque d'Hippone investira le plus clair de son énergie et de ses ressources intellectuelles dans ce débat contre Pélage et ses disciples qui le fera sortir de son Afrique, en termes de renommée, et dont procédera l'apport augustinien le plus marquant, qui traversera les siècles et éclipsera souvent pour la postérité, les autres aspects d'une grande oeuvre et les autres facettes d'une telle figure. Ce deux hommes dont l'affrontement spirituel fut si fort s'aperçurent à peine, alors que la destinée avait d'abord tout fait pour les mettre face à face ;...
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L'occasion se présenta enfin d'un colloque en petit comité : flanqué de ses amis, Augustin s'ouvrit à "l'évêque" manichéen des questions qu'il se posait. Il ne tarda pas à comprendre qu'il n'obtiendrait pas de lui les éclaircissements espérés, notamment sur la discordance constatée entre les données de l'astronomie et les fables manichéennes relatives au ciel, aux astres, au soleil et à la lune. Avec une modestie et une franchise inattendues, qui redoublèrent en sa faveur la sympathie naissante de son interlocuteur, Faustus se récusa sur son incompétence. Augustin le trouve beau joueur, mais resta sur sa faim.
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Il n'est pas, dans toute la littérature de l'Antiquité, de langue grecque ou latine, de texte où reviennent si souvent, en si peu de lignes, les mots "amour" et "aimer" : l'amour en tant qu'appétence de l'être, le vouloir aimer traduisant véhémentement un besoin, en termes qui rappellent - sans surprise - : le néoplatonisme était passé par là - que, chez Platon, Eros est fils de Poros, la débrouillardise, mais aussi de Penia, la pauvreté. Et Augustin, dans se dix-septième année, tenait moins de Poros que de Penia. Et qui plus est - c'est du moins l'évêque qui le dit pour l'étudiant - , assoiffé d'amour il regrettait de ne pas être dans une soif plus grande encore.
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Rome, où Augustin débarqua au seuil de sa trentième année, à l'automne de 383, était restée la ville magnifique qui, vingt-cinq ans plus tôt, avait si fort impressionné l'empereur Constance. Lui qui résidait dans la capitale orientale fondée par son père Constantin, après avoir fait dans la Ville éternelle une entrée triomphale, en avait longuement parcouru tous les quartiers sans lasser son admiration. Ainsi Rome dut-elle apparaître à Augustin après son débarquement à Ostie.
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Appliquant la méthode allégorique à l'Ancien Testament, en particulier au Pentateuque, Philon s'était attaché, sans cesser pour autant de défendre le sens littéral, à dégager la signification profonde qui se dissimulait derrière l'étrangeté de certains préceptes de la Loi. Origène avait développé et perfectionné ce système "herméneutique". L'Ecriture en son entier, l'Ancien et le Nouveau Testament, avait pour pour lui un sens spirituel, que seule pouvait découvrir l'ascèse de la contemplation. Il n'y avait de pierres d'achoppement dans le Bible que pour ceux qui s'en tenaient au sens littéral, les "charnels" ; si l'on visait, au-delà, le sens "moral", il fallait utiliser l'exégèse allégorique dans une perspective anthropologique qui était déjà celle de Philon ; si l'on s'attachait à la recherche du "sens spirituel", on pouvait grâce à la même méthode débusquer dans tout détail de l'histoire de l'Ancien Testament des figures significatives de l'histoire du salut. Pour parvenir au sens, il fallait "casser la noix", disait Origène. C'était cette méthode qu'appliquait Ambroise.
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