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EAN : 9782958862107
196 pages
KINDLE SCRIBE (20/12/2023)
4.3/5   5 notes
Résumé :
Des personnages : le brigand ligueur La Fontenelle, le démonologue Pierre de Rosteguy de Lancre, le théoricien du nazisme Rudolf Hess…
Des lieux : le gibet de Montfaucon, le château des gueules cassées à Moussy-le-Vieux, le Hartmannswillerkopf, le sinistre camp d’Auschwitz Birkenau…
Des événements : la grande recrue de Montréal, le siège de La Rochelle, la liquidation du ghetto de Varsovie…
Des objets : la Citroën Kégresse employée lors de la Cr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
"Les romans naissent des lacunes de l'Histoire." Novalis

Des cours d'Histoire de notre enfance, il reste quelques frises longues et abîmées, illustrées de têtes couronnées et de dates dépassées. Il reste l'enfant rêveur, l'oeil accroché, qui voit par-delà cette stèle de tapisserie. Des évènements rabâchés, mâchés et recrachés mille fois, des dates anonnées, et derrière leur mélodie lancinante, l'enfant entend les claquements du métal sur la pierre, les voix qui portent et les chiens qui aboient. Il sent la vie pestilentielle qui palpite derrière la page du manuel, alors il approche son visage pour mieux voir...et il plonge derrière l'écran, nous emportant avec lui.

Cet enfant s'appelle Patrice Quélard, et son recit est stupéfiant. Des cauchemars héréditaires, remontant au Moyen âge et à ses tortures, en passant par la boucherie de la Grande guerre, des nouvelles illustrent avec brio la soif de violence qui caractérise l'Homme. Et Frédéric Soulier, signant la préface, le souligne également :
"Il n'y aura jamais de der des ders. Ils recommenceront dans dix ans, parce qu'ils n'ont toujours pas compris. Et même après, ils recommenceront, encore et encore, jusqu'à la fin des temps. Parce qu'ils ne comprendront jamais. Ils croiront toujours que les coupables sont les autres, et à leurs yeux, cela justifie tout.
C'est la nature même de l'homme qui pose problème. Après une épreuve majeure, il veut s'empresser d'oublier, alors qu'il faudrait au contraire se souvenir. Il veut se laisser aller au plaisir alors qu'il faudrait au contraire redoubler de coûteux efforts pour chercher les causes de la précédente conflagration, et les traiter pour éviter la prochaine. Mais les seuls efforts qu'il consent ne servent qu'à reconstruire un monde à l'identique de celui qui a déjà sombré."

Parmi un dédale d'histoires véridiques, la folie règne, épine plantée dans les personnages cueillis en pleine détresse, du 15ème siècle à une vision apocalyptique du monde. Chacune est un bijou, mais je suis particulièrement sensible au passé, plus qu'à cette nouvelle futuriste. L'apocalypse n'a pas besoin d'un avenir, elle se débrouille déjà très bien au présent.

Un recueil à ne pas manquer, un doublon très réussi, Soulier pour allumer la flamme-Quélard en Alain Decaux. Il me reste une immense frustration, celle de ne pas avoir connu un autre receuil dont il est fait mention, aujourd'hui sorti des parutions (Nutty Wolves).
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Quelques histoires dans L Histoire, les grandes, celles que beaucoup oublient alors qu'il faudrait qu'il nous reste quelques souvenirs pour ne pas renouveler les erreurs du passé. Chaque nouvelle nous fait partir à des époques différentes où des drames historiques ont bien eu lieu.

Le but étant de démontrer que malheureusement les faits les plus terribles et effroyables se perpétuent, et bien sûr aussi de nous divertir. Certains en auront vécu, d'autres en auront entendu parler et pour les plus jeunes je suis persuadée que toutes anciennes histoires se trouvent dans nos gênes! Et pourtant!

"— Pas un seul prisonnier, c'est curieux tout de même, insista Tavernier. Vous êtes des soldats, pas des bouchers ! — T'es un marrant, toi… Y'a des bonnes façons de tuer et des mauvaises, c'est ça ? Brûler des types tout vivants, c'est-y une façon correcte, ça ? Les asphyxier avec du chlore, comme ils ont fait dans les Flandres, c'est-y bon ?"

Tirer parti des leçons du passé, des horreurs, des injustices… : Toute une affaire qui tombe dans l'oubli car l'Homme est trop égoïste (ce n'est que mon avis)!

Pour l'écriture, les faits et la présentation des thèmes, l'auteur a déjà fait ses preuves avec "Les incorrigibles", "Place aux immortels", "Oppressions 1 et 2", "Memento Mori", "fratricides", tous lu et pour moi qui n'ai jamais aimé l'histoire à l'école ce sont des histoires incroyables mais vraies qui m'ont happée. Patrice Quélard a une facilité à nous faire lire ses titres et j'ai découvert des faits que je ne connaissais pas. Auteur à lire, à découvrir et à suivre!

Petit plus : La préface est écrite par Frédéric Soulier, un auteur à histoires aussi mais pas du même style et que j'apprécie aussi.



Lien : https://passionlectureannick..
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En plus d'être un romancier accompli et reconnu, vainqueur notamment du Prix du roman de la gendarmerie nationale, Patrice Quélard tâte régulièrement du texte court.
Histoire(s) est son quatrième recueil (et le dernier, annonce-t-il dans la postface). Comme son titre l'indique, les nouvelles qu'il contient concernent de très près L Histoire avec un grand H, vue par le petit bout de la lorgnette d'histoires individuelles.
Chaque nouvelle se passe dans un lieu et un temps bien définis, juste à la lisière de grands événements marquants. Tout ce qui est "historique" est annoncé comme vrai (et je le crois sur parole) et démontre de solides recherches pour donner cette atmosphère spécifique à l'époque choisie. Qu'il s'agisse du vocabulaire employé, des tournures de phrases, des détails disséminés ici ou là, ou encore de la façon de penser des personnages, on s'y croirait !
La grande originalité du recueil est d'avoir introduit à chaque fois une dimension fantastique, qui sert à la fois à dédouaner l'auteur des libertés prises avec la réalité documentée et à lui offrir toute latitude de broder sur un thème que l'on retrouve dans toute son oeuvre. À savoir l'incompréhension face à l'attitude trop humaine de systématiquement choisir le pire, le génie terrible quand il s'agit de faire souffrir l'autre pour telle ou telle raison (parfois, sans raison du tout, d'ailleurs).
Patrice Quélard nous promène entre le Moyen Àge et Auschwitz, en passant par la Première Guerre mondiale. Il s'offre même une incursion dans un futur post-apo tellement réaliste et crédible qu'on aurait envie de se rouler en boule dans un coin, les poings serrés sur les paupières closes. Pour ne pas voir, ne pas savoir.
Mais il ne nous en laisse pas le loisir : il est temps que l'Humanité dans son entièreté affronte enfin ce qu'elle est et tire enfin les leçons des horreurs du passé et du présent, afin que jamais l'avenir ne ressemble à celui qu'il nous propose.
À titre très subjectif, j'ai une petite préférence pour Ultima Thulé, mais je vous invite à découvrir tout le recueil.
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Patrice Quélard écrit superbement bien, je l'ai dit, à chaque ouvrage. "Historiquement" bien aussi : je veux dire par-là qu'il parvient à prendre la Grande Histoire et à immiscer dans ses trames de petites histoires d'êtres de sang et d'émotions. On y croit, on est en empathie, on finirait même par être certain que ce qu'il nous raconte pourrait bien être la vérité, celle que l'on nous a cachée, celle sur laquelle personne avant lui n'avait su mettre le doigt. Ici encore, ce recueil de nouvelles est une réussite, qu'il nous parle du Moyen Age, de la Grande Guerre ou d'un futur guère folichon. Bref, c'est à lire, absolument.
J'ai particulièrement apprécié le texte qu'il a écrit pour une anthologie envisagée par l'éditeur Rivière Blanche, autour de la "Croisière Noire" : "Croissant-d'Argent". Et j'ajoute ma voix à la sienne pour conchier ceux qui ont enterré ce beau projet avant qu'il ne voit le jour, les donneurs de leçon à la petite semaine, des "wokistes" mal éveillés, qui veulent revisiter le monde à l'aune de leur médiocrité.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
- Oui... Le général m'a demandé d'enquêter sur cette prise de tranchée... J'ai vu les corps. Vous vous êtes acharnés dessus iusqu'à les rendre méconnaissables... Certains avaient même les membres tranchés...
- Ouais... On a ptêt eu la main un peu lourde, à cause qu'ils nous avaient quand même tué vingt-cinq gars.
Jusque-là, cétait quelque chose que la haine de Tavernier pouvait parfaitement entendre. S'il avait encore eu toute sa conscience professionnelle, il lui aurait répondu qu'il fallait songer à ne pas ajouter la barbarie à l'horreur, que si c'étaient les Allemands qui avaient relevé les cadavres de leurs soldats après une contre-attaque victorieuse, ils en auraient conçu un esprit de revanche et auraient sans doute infligé des sévices aux prochains Français qui seraient tombés entre leurs pattes. Mais Tavernier n'était même plus l'ombre du gendarme exemplaire qu'il avait été. Désormais, ces beaux discours résonnaient en lui commne étant d'une vacuité afligeante. Il poursuivit sur quelque chose qui à présent l'intriguait davantage que ça ne l'écœurait :
- Le problème, c'est qu'on a même retrouvé des Boches à moitié... dévorés.
Meyer jeta à son interlocuteur un regard indéfinissable. Peut-être de l'amusement, peut-être du défi, mais sûrement pas de l'étonnement.
- Dévorés? Euh, non, on a souvent la fringale, mais pas c'point-là... Pas vrai, les gars?
Les Chasseurs des alentours confirmèrent, entre rigolades et borborygmes alcoolisés.
- Demande plutôt à toute la ménagerie qui traîne dans les bois, poursuivit Meyer. Les rats, les renards et les chiens errants... Nous, on morfle, mais eux, ils sont bien nourris, je peux te dire, avec toute cette barbaque faisandée. Des fois, 'reusement qưils sont là pour nettoyer, quand on peut enterrer personne sans se faire descendre ! conclut-il, visiblement satisfait de son envolée de cynisme, tout en terminant son verre.
- Pas un seul prisonnier, c'est curieux tout de même, insista Tavernier. Vous êtes des soldats, pas des bouchers !
- T'es un marrant, toi... Y'a des bonnes facons de tuer et des mauvaises, c'est ça ? Brûler des types tout vivants, c'est-y une façon correcte, ça ? Les asphyxier avec du chlore, comme ils ont fait dans les Flandres, c'est-y bon? Les réduire en copeaux avec des obusiers lourds, ça, ça marche ? Moi, quand j'suis face à face avec un Teuton, j'y cogne dessus jusqu'à être sûr qu'y s'relève pas, et tant pis si même sa mère le reconnaîtrait pas.
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Il n'y aura jamais de der des ders. Ils recommenceront dans dix ans, parce qu'ils n'ont toujours pas compris. Et même après, ils recommenceront, encore et encore, jusqu'à la fin des temps. Parce qu'ils ne comprendront jamais. Ils croiront toujours que les coupables sont les autres, et à leurs yeux, cela justifie tout.
C'est la nature même de l'homme qui pose problème. Après une épreuve majeure, il veut s'empresser d'oublier, alors qu'il faudrait au contraire se souvenir. Il veut se laisser aller au plaisir alors qu'il faudrait au contraire redoubler de coûteux efforts pour chercher les causes de la précédente conflagration, et les traiter pour éviter la prochaine. Mais les seuls efforts qu'il consent ne servent qu'à reconstruire un monde à l'identique de celui qui a déjà sombré.
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C'était un jeune garçon, âgé d'environ vingt à vingt- et-un ans, de médiocre taille, plutôt petit pour son âge que grand ; les yeux hagards, enfoncés et noirs, n'osant quasi regarder le monde au visage. Il était aucunement hébété et fort peu spirituel, ayant toujours gardé du bétail. Il avait les dents fort longues, claires, larges plus que le commun, et aucunement en dehors, les ongles aussi longs, certains noirs depuis la racine jusqu'au bout, et on eut dit qu'ils étaient à demi usés et plus enfoncés que les autres. Ce qui montre clairement quil a fait le métier de loup-garou, et comme il usait de ses mains, et pour courir et pour prendre les enfants et les chiens à la gorge, il avait une merveilleuse aptitude à aller à quatre pattes. Il me confessa aussi qu'il avait inclinaison à manger de la chair de petits enfants, parmi lesquels les petites filles lui étaient un délice, parce qu'elles sont plus tendres.
Pierre de Rosteguy de Lancre, Tableau de l'inconstance des mauvais anges et démons, 1612
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Au moment de la passation, son pere lui avait dit : si tu ne le sens pas, tu ne le fais pas.
Il lui avait dit aussi : les gens t'énerveront terriblement, mais tu devras les aimer quand même. Cherche la beauté dans leurs excès, les circonstances atténuantes dans leurs erreurs S'ils se perdent dans des abîmes de superficialité, ne les en aime que davantage. Abstiens-toi de juger, aide-les simplement. C'est à la fois ta grâce et ton fardeau.
Il lui avait dit encore : il n'y a pas de magie noire ní de magie blanche, il n'y a qu'une seule et même magie. C'est le mage qui exploite l'un ou l'autre des revers de la médaille. selon qu'il veut se consacrer à sauver l'humanité ou à la détruire.
II lui avait dit toujours : la magie, c'est une question de contrepoids. Avec la magie blanche, tu t'affaiblis à renforcer les autres, mais c'est l'arbre apparent qui cache la forêt invisible de la rédemption. Avec la magie noire, tu te renforces à affaiblir les autres, mais c'est l'arbre apparent qui cache la forêt invisible de la damnation. C'est ce que les anciens prenaient pour la sainteté ou pour l'antéchrist : ils avaient à peu près tout compris, sauf que ça n'a rien à voir avec Dieu.
Il lui avait dit enfin : la magie blanche est constructive, la noire est nihiliste, La blanche est altruiste, la noire égoïste. La blanche est humaniste, la noire aliénante. En quelque sorte, la blanche est de gauche, la noire de droite.
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En fait, il avait quitté Paris dès le lendemain. Il était écœuré de cette ville où l'on ne pensait qu'à faire la fête au lieu d'empêcher que cela ne recommence. Pendant que les musiciens de jazz terminaient leurs soirées au Bœuf sur le toit devant un parterre «d'intellectuels» obsédés par le présent, des poilus continuaient à cracher ce qui leur restait de poumons dans les hospices ; d'autres blessés, devenus accros à la morphine, se prostituaient pour acheter leur dose, et d'autres encore, I'âme morte, revenus alcooliques du front, continuaient à se finir au gros-qui-tache entre deux nuits peuplées de cauchemars incoercibles. Pourtant, au même moment, des hordes de fêtards se déhanchaient en rythme sur du charleston, imitant Josephine Baker qui triomphait aux Folies Bergère pour sa nouvelle version de la Revue nègre, affublée d'un pagne à bananes ridicule. Cette femme se rendait-elle seulement compte de l'ignoble condescendance de ses spectateurs? Elle était la honte de sa race, pensait Joseph, qui avait vu couler à flots le sang des tirailleurs sénégalais, et pouvait certifier qu'il était de la même couleur que celui des blancs.
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Video de Patrice Quélard (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Patrice Quélard
Après avoir délibéré il y a quelques semaines, le jury du ✨"Prix du roman de la Gendarmerie Nationale​"✨ composé de gendarmes​, de personnalités du monde culturel et des Editions PLON, a récompensé Patrice Quélard pour son œuvre romanesque "Place aux immortels". Vidéo mise en ligne sur la chaîne YouTube de la Gendarmerie nationale.
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