AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,88

sur 242 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
En Bretagne, près de Dinard, Claire, une femme d'une quarantaine d'années traductrice de son métier, retrouve la région qui l'a vu grandir lors d'un mariage. Elle croise au marché son ancienne professeure de piano, avec laquelle elle vivra un certain temps, avant de s'installer dans la maison de ferme de cette dernière. Peu à peu, elle retrouve ses repères de jeunesse, mais aussi Simon, premier amour jamais oublié, devenu maire d'une commune avoisinante. Elle se détache entièrement de son ancienne vie, ne fera plus qu'une avec la nature, mais pourtant, se rapprochera de son frère, renouera éventuellement avec sa fille.

Au fond, il ne se passe presque rien dans le dernier roman de Pascal Quignard, peut-être bien son titre le plus achevé, certainement celui duquel se dégage la plus grande tendresse et que j'ai aimé sans aucune réserve. À petites touches, grâce à une série de circonvolutions, il raconte. Il chuchote plutôt cette histoire, à la fois semblable à tant d'autres et unique. On y perçoit surtout en tout temps une petite musique, presque insidieuse, et qui, pourtant, vous berce, vous apaise.
Lien : http://lucierenaud.blogspot...
Commenter  J’apprécie          110
"Tu es la petite Mathuen?" s'étonne Madame Ladon, vieille dame en fin de course et ancienne professeur de piano de Claire Mathuen, traductrice quadragénaire, qui "a le génie des langues" revenue sur les lieux tragiques de son enfance à l'occasion d'un mariage familial.
Renouant avec le passé, Claire, l'orpheline mise sous tutelle, qui a survécu jadis à un terrible accident de voiture aux côtés de son frère Paul (dont le rapprochement va consolider les liens), va s'installer tout près de Saint Malo.
Les souvenirs émergent: Simon son premier amour, à présent marié, maire et pharmacien, "rempli de joie" lorsqu'elle revient à lui,"qui l'aime mais ne veut pas d'elle", terrorisé à l'idée de perdre son fils; "la cache dans la falaise";une mystérieuse petite soeur etc.. Les crises d'angoisse l'habitent à jamais, la souffrance,les obsessions...
Les solidarités mystérieuses, sur fond de légendes bretonnes, celles de la "goule aux fées", dont les plaintes des femmes malheureuses s'élèvent en attente de déférence, est une histoire, pleine de suspense et de rebondissements, qui vous happe et vous aspire dans ces liens sacrés tissés entre les êtres et les choses, cette étrange alchimie qui transforme pour ainsi dire Claire en paysage comme si elle faisait partie de la baie qu'elle scrute continuellement.
Le talent de Pascal Quignard (philosophe,enseignant, écrivain couronné du prix Goncourt 2002 pour Les ombres errantes tome 1 et du grand prix de l'Académie française pour Terrasse à Rome) est à travers les différents prénoms donnés à Claire, Marie-Claire pour son frère, Chara pour sa mère ou Clara; à travers plusieurs voix ( Simon, Paul, Juliette sa fille,Jean le curé); de nous offrir plusieurs points de vue et plusieurs facettes de sa personnalité; de nous dépeindre la passion impossible qui l'attire vers Simon; de cimenter une tragédie marquée par le sceau de la mort passée, présente et à venir.
A travers Claire, nous voilà à décortiquer les tenants et les aboutissants de cette mystérieuse affaire en nous éloignant du monde "à l'intérieur de son crabe" comme lorsqu'elle déguste un simple tourteau, délice des délices.
Mais, les crabes pincent, et nous voilà pincés!
La vérité sortira de la bouche du cousin Philippe, je laisse aux lecteurs le plaisir d'en découvrir les secrets.
Commenter  J’apprécie          90
Comme un écho aux mots d'Aragon: "Aimer à perdre la raison", Pascal Quignard raconte un amour fou, jusqu'à l'oubli de soi . L'histoire de Claire est déclinée au fil de 5 chapitres, 4 voix et un choral de fin, pour raconter sa vie et son amour pour Simon.
Le livre est fait de cette passion mais aussi de tout ce qui a pu maintenir Claire dans la vie malgré tout, alors que Simon n'y parvient pas. le récit vibre de la force puisée par Claire , dans la vigueur marine de la côte bretonne et dans l'amour de ses quelques proches. Ces solidarités mystérieuses qui tissent des liens forts, donnent lieu à de beaux portraits, celui de Paul le frère, celui de Madame Ladon, le professeur de piano. Elles élèvent également les paysages de cette petite portion de côte, entre Saint Lunaire et Saint Enogat, au rang de personnage à part entière, comme un écrin à vif, battu par les embruns, aux couleurs, aux lumières changeantes où l'amour se niche au creux des roches et des buissons, où la folie De Claire habite la lande avec un parfum de "Hauts de Hurlevent".
Un livre émouvant, tout en finesse.
Commenter  J’apprécie          81
Structuré en cinq parties dont quatre donnent la parole aux personnages « chevilles », ce roman offre au lecteur l'histoire De Claire, la quarantaine, traductrice, revenue à Dinard à l'occasion d'un mariage. Elle ne repartira jamais. (Lorsque je dis « offre », j'insiste, car ce roman est un véritable cadeau).

Marie-Claire, Claire ou Chara, a peu connu ses parents, a été élevée chez un oncle, a passé une partie de son enfance avec Paul son frère dans cette Bretagne où se sont ancrés de très forts souvenirs. Il y a Simon, copain d'enfance et amour impérissable, il y a Mme Ladon professeur de piano, et il y a ceux qui vont rejoindre Claire, Paul, Juliette sa fille avec qui la relation est inexistante, et un cousin Philippe Methuen, puis ceux qui la rencontreront plus ou moins par hasard, le prêtre Jean, le Père Calève… tous parlent De Claire, une femme qui ne passe pas inaperçue malgré sa grande discrétion. Depuis la ferme de Mme Ladon, isolée et au confort rudimentaire, du matin jusque tard le soir, elle arpente en douceur la lande, s'imprègne de la beauté des lieux, se terre dans une grotte pour apercevoir Simon… Entre la nature et elle, c'est fusionnel. Entre elle et les êtres, se sont tissés des liens particuliers ; entre certains, naturellement, ce sont établies des « solidarités mystérieuses ».
Non seulement, j'ai rencontré des personnes attachantes et singulières, mais le désir de Bretagne, jamais enfoui, est réapparu encore plus prégnant.
Enfin, la sobriété et la poésie du style de Pascal Quignard diffusent tout au long de la lecture une ambiance feutrée, magique, lumineuse, une sorte de mélancolie doucereuse qui sourd toujours en moi.
GROS COUP DE COeUR !

Lien : https://mireille.brochotnean..
Commenter  J’apprécie          80
Les solidarités mystérieuses, ce sont ces liens invisibles qui nous attachent secrètement à des individus, à des existences, à des événements, mais aussi à des lieux. Ce sont ces noeuds qui, petit à petit, s'agglomèrent en nous et nous constituent : les premiers instants d'une vie, les traumatismes, les proches, ou encore l'environnement dans lequel nous évoluons.
Commenter  J’apprécie          80
C'est une véritable promenade que le lecteur fait avec le personnage De Claire. La nature un peu sauvage est parfaitement rendue, on sentirait presque le vent et les embruns. C'est aussi une histoire profondément humaine car ce qui lie Claire et Mme Ladon devient très fort, Claire va aussi renouer une vraie relation avec son frère. La relation illégitime entre Claire et Simon prend une tournure assez tragique mais cela semble apaiser Claire. J'ai aussi trouvé les personnages secondaires très intéressants, leur différentes façons de percevoir Claire à la fin du roman sèment un peu le trouble sur ce personnage et je sais plus trop à quoi m'en tenir : une femme éperdument amoureuse ? une folle ? une femme si discrète qu'elle en devient presque sauvage ? une soeur retrouvée ? Ce mystère laisse planer des possibilités ce qui donne libre cours à l'imagination du lecteur.
Commenter  J’apprécie          80
C'est très compliqué pour moi de parler de ce livre tant il m'a touché au plus profond de moi. Ce livre aurait-il résonné en moi de la même façon si les protagonistes avaient habité la Côte d'Opale ou le Golfe du Lion, plutôt que la Côte d'Émeraude en Bretagne, où j'ai mes racines ? Je n'en suis pas certain. Mais je sais que la façon de raconter cette histoire qui n'en est pas vraiment une, cette modeste tranche de vie De Claire et Paul, soeur et frère que tout sépare sauf un lien mystérieux et indestructible, comme est indestructible aussi le lien qui unit Claire et son amour de jeunesse, Simon, comme semble indestructible tout ce qui s'enracine dans cette lande bretonne, à l'image de ces "pierres couchées" qui sont là depuis des temps immémoriaux, au sommet de la falaise; cette façon de raconter, oui, est magnifique et elle donne le frisson.
Commenter  J’apprécie          70
Elle écoute, en contrebas, la mer. Elle ferme les yeux……

Quatrième de couverture
"Ce n'était pas de l'amour, le sentiment qui régnait entre eux deux. Ce n'était pas non plus une espèce de pardon automatique. C'était une solidarité mystérieuse. C'était un lien sans origine dans la mesure où aucun prétexte, aucun évènement, à aucun moment, ne l'avait décidé ainsi."

Pascal Quignard nous offre à lire avec Les Solidarités mystérieuses un roman aux descriptions minutieuses de la nature, d'un visage, d'un corps, d'un geste quotidien, un roman aux descriptions romanesques aussi avec ses secrets de famille, les jalousies amoureuses. Chapitre après chapitre ...
...Portrait énigmatique de femme, Claire... suite sur le blog
Commenter  J’apprécie          71
Ce n'est pas la première fois que je lis Quignard et je suis une lectrice assidue de ses productions, même si je trouve parfois ses essais inaccessibles.
C'est la première fois que je retrouve l'atmosphère qui règne dans les romans de Duras (qui est mon auteur favori).
Conquise !
Commenter  J’apprécie          40
Les solidarités mystérieuses appartient à la catégorie des textes rares qui modifient par leur beauté et l'intensité de leur texte le rapport au monde du lecteur.



Il chante la limpidité de la vie et des instants saisis dans leur pureté lumineuse :



« Elles restent assises dans l'herbe.

Tout est silencieux.

Il n'y a pas encore de sauterelles, de papillons, de cigales, d'abeilles. C'est un peu leur silence qu'elles entendent. Il n'y a pas de vent. Tout est vide.

Les nuages se déchirent silencieusement les uns après les autres laissant passer de plus en plus de lumière.

Et cette lumière inonde la lande. » (p. 40)



La nature omniprésente est le miroir des émois et des pensées De Claire, mais petit à petit ces paysages happent Claire avec une telle force qu'elle devient partie intégrante du monde qui l'entoure. Les oiseaux ne s'envolent plus à son arrivée, elle est une composante essentielle du paysage et souffre quand les éléments lui refusent sa promenade quotidienne.



« Elle avance le plus près possible, courbée sous le vent, la tête en avant, les cheveux tout raides et tout blancs tombant sur ses yeux, au bord de l'à-pic.

Il fait froid.

Maintenant le soleil s'était éloigné dans le ciel.

Maintenant les étoffes avaient des couleurs extraordinairement variées. Maintenant on pouvait voir sans être aveuglé ou ébloui. Parfois le réel revenait. Parfois la nuit s'allongeait peu à peu dans les jours. Parfois le goudron était solide et blessant. Parfois on pouvait oublier le bonheur de l'été. Parfois il fallait de nouveau lutter contre le vent et se protéger contre le froid. » (p. 98)



- le titre du roman fait référence aux liens ténus qui s'imposent entre Claire et son frère Paul, des liens qui transcendent les sentiments amoureux et restent inexpliqués, inexplicables, rayonnant de beauté mystérieuse :



« Ce n'était pas de l'amour, le sentiment qui régnait entre eux deux. Ce n'était pas non plus une espèce de pardon automatique. C'était une solidarité mystérieuse. C'était un lien sans origine dans la mesure où aucun prétexte, aucun événement, à aucun moment, ne l'avait décidé.» (p. 185)



Claire est une femme amoureuse meurtrie qui essaie de vivre dans le mince interstice

qui s'épanouit entre la vie et la mort.



« Les femmes ne désirent pas les hommes comme les hommes se désirent entre eux.

Les femmes ne sont pas vraiment sensibles à la beauté invraisemblable de leur sexe.

Les femmes ne séduisent pas non plus les hommes pour mettre la main sur leur pouvoir, ni pour l'exercer en sous-mains, ni pour les domestiquer, ni pour prendre leur argent, ni pour acquérir ce qu'elles convoitent.

Les femmes ne veulent même pas des enfants des hommes qu'elles étreignent afin de les reproduire, ni pour se reproduire elles-mêmes, ni dans le dessein d'assouvir leur vengeances en lançant leurs petits à la conquête du monde.

Les femmes n'attendent même pas des hommes des maisons où s'ennuyer auprès d'eux et y vieillir.

Les femmes ont besoin des hommes afin qu'ils les consolent de quelque chose d'inexplicable. » (p. 195)



Un texte lumineux éblouissant…


« Qu'il réfléchisse au mystère des origines, de la mort ou de la sexualité dans les essais de Dernier Royau­me, qu'il subjugue par son érudition ou la fulgurante beauté poétique de ses contes et de ses Petits Traités, qu'il se promène en imagination dans la Rome antique (Albucius), la France janséniste du XVIIe siècle (Tous les matins du monde) ou le monde d'aujour­d'hui (Les Escaliers de Chambord, Villa Amalia)..., chaque phrase, chaque ligne de Pascal Quignard sonde sans fin l'énigme que constitue le fait d'être au monde : naître du néant pour finalement y retourner, entre-temps choisir de vivre, d'aimer, de vieillir - ou s'extraire du cycle, s'absenter, faire sécession. » Nathalie Crom, Télérama
Lien : http://lecturissime.over-blo..
Commenter  J’apprécie          40




Lecteurs (565) Voir plus



Quiz Voir plus

Tous les matins du monde

En qu'elle année Pascal Quignard a-t-il écrit Tous les matins du monde?

1816
1917
1991
1899

10 questions
283 lecteurs ont répondu
Thème : Tous les matins du monde de Pascal QuignardCréer un quiz sur ce livre

{* *}