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EAN : 9782374280486
100 pages
Atelier de l'Agneau (30/08/2021)
3.12/5   4 notes
Résumé :
La sueur, dans ce livre, c'est le liquide que le corps produit lorsqu'il se retrouve dans certaines situations désagréables. Mais ce sont aussi tous les liquides exsudés par ce qui vit. Ce sont les fluides inaccessibles que les humains cherchent à s'approprier lorsqu'ils creusent dans la terre. C'est la petite flaque dans les draps où dorment les corps mouvementés qui cauchemardent. C'est l'eau froide que les effrayés distillent. C'est le jus des corps pressurés, c'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Une fleur vertébrée de femmes au milieu de l'espace... invitation à pénétrer dans l'univers étrange d'Aldo Qureshi, composé de courts textes, entre la micronouvelle et le poème, qui tissent l'histoire de Sudator 1er :

"tu es la glande sudoripare de l'univers,
tu es le petit père salé de l'océan,
le créateur de la soupe prébiotique,
tu es vraiment le roi de la sueur" (p 20)


Chercher un sens immédiat, une linéarité serait inutile. Mais ces textes se répondent, construisent une histoire suintant du champ lexical de la sueur (de la peine, du mal qu'on se donne, des tristesses?), au milieu d'un réel peu reluisant que magnifient toutes les images et les objets qui parlent ou se personnifient : une serpillère se blottit dans des bras, les langues se transforment en limaces qui "se faufilent entre les chaises" ; on est si seul que l'on se fait l'ami d'une crampe qui sort du plancher, à laquelle on s'attache et qui vous quitte un jour:

"Une petite plainte de bois. Ce grincement,
peut-être que je pourras me mettre avec lui.
Certes, un grincement, ce n'est pas vraiment une personne
mais c'est quand même quelqu'un" (p 45)


La fille-parfum vit dans une fiole qu'il faudra briser (p 60) ; "la conjugaison du verbe avoir-hâte-qu'elle-soit-là" donne un ton amoureux à la recherche d'emploi (p 19) ; un chien s'écorche pour l'embarras du choix : il n'a pas su quels enfants croquer (p 67).
Il y a aussi le père qui infuse dans la théière et que la mère attrape pour le mettre dans la machine à laver, le même père qui rétrécit, couvert de poils, et que l'on met en cage. Plus loin, il triture une moule géante dans un coin du plafond : "Je cherche une perle"...
Dieu s'incarne dans une grosse mouche qui se nourrit de sueur ; le personnage narrateur demande à une Sainte Vierge écrasant sa cigarette et à son Jésus s'il peut créer sa propre religion.
Et des éclats de poésie, comme dans "Show must go on" (p 76) :


"Dehors un nuage jaune soufre immense
est en train d'aspirer la mer. On voit l'eau bleue
monter dans le ciel à travers les veines jaunes de la tempête.
Un bateau de plaisance est rejeté sur le rivage.
Les touristes encore présents à bord
ont des crabes qui leur sortent de la bouche.
de la soupe e poisson gicle par à-coups sous les sièges.
Le cyclone un mollusque volant qui descend sur le monde.
Le kraken fait trois fois la taille du soleil,
il vient de crever les yeux d'Aphrodite."


Le Roi de la sueur est un drôle d'objet littéraire, qui fait de la poésie avec de la misère. Il est disponible aux éditions de l'Atelier de l'agneau .

Lien : https://lemanoirdeslettres.f..
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Reçu dans le cadre de "Masse critique Babelio", il s'agit d'un recueil de nouvelles très courtes : 1/2 page à chaque fois, mais il ne s'agit pas d'aligner des mots pour en faire des histoires, si courtes soient-elles.
Je n'ai absolument pas adhéré au style de l'auteur, complètement décousu. Je n'ai pas réussi à comprendre où il voulait m'emmener, et quel était le sens de ses textes. Certes, certains auteurs se démarquent en imaginant des textes décalés, mais, en règle générale, ils ont plus ou moins un sens. Là, c'est comme si j'ouvrais une porte sur du grotesque et du ridicule.
Dans ce livre, j'ai eu beau lire et relire certains textes, je n'ai pas réussi à en trouver la subtilité, d'autant plus que beaucoup de ces textes sont très vulgaires, voire porno, et je me suis demandé l'utilité de produire de tels ouvrages.
Pour un livret qui ne totalise que 94 pages, je dirais que c'est 94 pages de trop !
Bref, vous aurez compris, je n'ai absolument pas aimé cette lecture !
Mais bien sûr, cela ne reflète que mon ressenti personnel, qui n'est pas forcément le vôtre, et le mieux sera de vous faire votre propre opinion.
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Lu dans le cadre de masse critique, un recueil de textes courts (une page par texte) déstabilisant mais pas inintéressant ! Les textes parfois à la limite de l'absurde sont souvent teintés de cynisme. On peut y voir une critique de certains aspects de notre société ou de nos vies : des scènes de débauches dans les grands magasins, des locations de logements insensés, et toujours des références aux fluides corporels dont la sueur... Un livre dont j'ai apprécié pioché les textes à la manière dont on lirait des poèmes (glauques) mais qui m'a parfois laissé le sentiment d'avoir les mains sales et le sentiment ambigu de sourire de situations malsaines.
merci à masse critique pour cette découverte !
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Ajax vitres


elle avait eu si peur,
quand il était entré tout à coup dans la chambre,
que sa tête était devenue du verre. Le même visage,
une fine enveloppe de verre avec du ciel à l’intérieur.
N’importe qui aurait pu demander le divorce, à cause de ça,
mais lui, il était prêt à l’aider, à faire des efforts,
et il lui avait acheté du produit pour les vitres. Et bien sûr –
puisqu’elle avait maintenant du ciel à l’intérieur – il avait
été obligé de le faire lui-même, de lui laver le visage,
de faire lui-même les vitres, et un jour il lui avait brisé
la tête sans faire exprès. Elle avait perdu l’équilibre,
sa tête avait tapé contre le rebord de la table, et elle avait
volé en éclats. Lorsque la tête de sa femme s’était retrouvée
par terre, en mille morceaux, le visage brisé, le nez, les
lèvres en mille morceaux, il était allé chercher la pelle
et la balayette. Il avait balayé les restes du visage
pour que le corps – debout à côté de lui, désorienté,
qui avait du mal à trouver ses repères à présent –
il avait balayé les bouts de verre
pour que le corps ne se blesse pas les pieds
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l'homme de l'Atlantide


je me suis encore fait virer du supermarché.
À cause de mes palmes et des bouteilles d'oxygène.
J'ai eu beau expliquer au vigile
que c'est une question de conscience professionnelle,
que je dois être prêt à plonger à tout moment,
il m'a quand même jeté sur le trottoir.
Quand on a la plongée dans la peau, on doit être prêt,
quoi qu'il arrive, à rejoindre les abîmes. Si je veux
pouvoir un jour m'ébattre en votre compagnie, poulpes,
évoluer parmi les murènes et chevaucher le calamar géant,
je dois rester sur la brèche. Même au lit je garde mes palmes.
Je dors avec mon masque et mes bouteilles, car les abysses
peuvent arriver n'importe quand. Même chez le dentiste
je m'allonge en gardant mon matériel.
Enlevez au moins votre masque,
dit le dentiste, et moi : je ne peux pas,
les abîmes peuvent arriver à n'importe quel moment.
Même si les gens se moquent de moi,
même si on ne peut pas vraiment parler
de récifs coralliens – ici, dans cette ville –
et que la seule murène du coin travaille chez Carrefour,
moi, en tout cas,
je suis prêt
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phénomènes glissants


nous avons fini par nous faire mettre à la porte.
Et comme nous continuons de rôder sous les remparts,
et parce qu’ils trouvent que ça ne va pas assez vite,
les gardes pour nous chasser nous jettent les têtes de nos amis,
de nos frères et de nos sœurs. De sorte que nous sommes
obligés d’aller vivre dans la forêt. Mais les bêtes sauvages
finissent par nous chasser, elles aussi, et comme nous n’avons
plus ni frères ni sœurs ni amis, elles nous lancent les têtes
de nos parents. Après quoi, nous nous installons en banlieue,
et là encore on nous rejette. Et comme nous sommes
à court de parents, on nous jette des têtes de chiens.
Ce qui nous oblige à déménager dans une autre banlieue,
encore pire que la précédente. Et comme nous n’avons
plus ni chiens ni parents, on nous jette des têtes de souris.
À chaque fois qu’on nous fout à la porte,
c’est une banlieue encore plus miteuse qui nous attend.
Et à chaque nouvelle expulsion les projectiles s’affaiblissent.
On finit par nous jeter des têtes de blattes. Si bien que
sans nous en rendre compte nous souffrons de moins en moins.
Nous vivons dans des lieux toujours plus minables,
rejetés par des êtres toujours plus disgracieux et hostiles,
mais nous souffrons de moins en moins
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