- Comment prétendons-nous qu'un autre garde notre secret si nous ne pouvons le garder nous-mêmes ? -
- La connaissance de soi-même est le commencement de l'amendement. -
- Lorsque tu t'impatientes contre quelque chose, tu oublies que tout arrive conformément à la nature universelle ; que la faute commise ne te concerne pas, et aussi que tout ce qui arrive est toujours arrivé ainsi, arrivera encore et arrive partout, même à l'heure qu'il est. -
Nous cherchons souvent à égayer la teinte morne du présent par des spéculations sur des possibilités de chance favorables, et nous imaginons toute sorte d’espérance chimériques dont chacune est grosse de déceptions ; aussi celle-ci ne manquent pas d’arriver dès que celle-là sont venues se briser contre la dure réalité. Il vaudrait mieux choisir les mauvaises chances pour thèmes de nos spéculations ; cela nous porterait à prendre des dispositions à l’effet de les écarter et nous procurerait parfois d’agréables surprises quand ces éventualités ne se réaliseraient pas. N’est-on pas bien plus gai au sortir de quelque transe ? Il est même salutaire de nous représenter à l’esprit certains grands malheurs qui peuvent éventuellement venir nous frapper ; cela nous aide à supporter plus facilement des maux moins graves lorsqu’ils viennent effectivement nous accabler, car nous nous consolons alors par un retour de pensée sur ces malheurs considérables qui ne se sont pas réalisés.
Schopenhauer, Aphorismes sur la sagesse de la vie
Il ne faut pas juger des hommes comme d’un tableau ou d’une figure, sur une seule et première vue : il y a un intérieur et un cœur qu’il faut approfondir. Le voile de la modestie couvre le mérite, et le masque de l’hypocrisie cache la malignité. Il n’y a qu’un très petit nombre de connaisseurs qui discerne, et qui soit en droit de prononcer ; ce n’est que peu à peu, et forcés même par le temps et les occasions, que la vertu parfaite et le vice consommé viennent enfin à se décaler. La Bruyère, Les caractères