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Une histoire simple, presque un cliché : une jeune fille naïve, jolie- et pauvre - se laisse séduire par un beau gars malin, égoïste - et riche. Elle s'en éprend et lui s'en lasse. Elle tombe enceinte, et c'est le drame.

Mais, pour Aline et Julien, Ramuz a mis son habit de fête : sa langue à nulle autre pareille, ses images fortes, sensorielles, cueillies dans le livre secret de la nature, et surtout cette étrange focale qui prend les personnages de loin mais les sonde au plus profond.

Un détachement empathique, une froideur poétique.

Un roman de jeunesse, mais déjà tout y est: promesses stylistiques, tragédie discrète du destin et main du malheur qui broie les coeurs sans défense, méchanceté du monde, solitude infinie des êtres et beauté insensible de la nature qui en creuse encore le vertige.

Un petit livre d'une apparente simplicité dans la nudité d'un sujet rebattu, mais qui laisse pantois. Du grand art!
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Ce court roman raconte l'histoire d'une passion naissante entre Aline et Julien. Aline, jeune femme naïve et sincère est prête à braver les interdits pour l'être aimé. Julien est plus aguerrit en amour, séducteur, entreprenant il est d'un tempérament peu scrupuleux. Ils vont vivre leur histoire amoureuse chacun à leur manière jusqu'à ce que la flamme faiblisse dans le coeur de Julien. Peu à peu délaissée, elle finira par lui révéler le fruit de leur relation en espérant une réaction honorable de sa part.

Ramuz, avec une écriture simple et directe décrit admirablement les sentiments passionnels dans tous leurs états. L'écriture est efficace, chaque mot a son importance et aucun n'est de trop. Il y dénonce la place de la femme dans la société occidentale du début du XXème siècle qui pouvait subir outrage et déshonneur tout en étant montrée du doigt. Ce roman dont le thème est peu original reste captivant et d'une étonnante clarté.
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Je ne vais pas aller par quatre lacets de montagne, j'ai beaucoup aimé cette histoire.
Je ne suis pas forcément très objectif. Tout d'abord, Aline est un récit de Charles-Ferdinand Ramuz, auteur que j'affectionne depuis que je l'ai découvert il y a quelques mois. Ensuite il s'agit du premier roman de Charles-Ferdinand Ramuz. Enfin, c'est une belle et tragique histoire à faire pleurer dans les chaumières. Ça c'est pour le côté subjectif. Maintenant, oubliez ce que je viens de vous dire, approchez un peu que je vous dise d'autres choses encore...
Aline est un roman porté par un texte qui paraît simple à première vue. À bien des égards, il vous rappellera des histoires romanesques déjà lues. Et s'il faut puiser dans le registre classique, j'ai aussitôt pensé à certains récits d'Émile Zola dans l'oeuvre des Rougon-Macquart, notamment La joie de vivre, le rêve ou Une page d'amour, qui n'étaient pourtant pas des volumes majeurs de cette saga. Parfois même on ironisait en disant que Zola avait besoin de se reposer après des histoires fortes comme L'Assommoir ou La Terre ou avant d'aborder Germinal.
Aline, c'est une histoire d'amour qui commence bien et qui finit mal. Aline est belle et pauvre, sans expérience. Lui, il s'appelle Julien, c'est un jeune homme issu d'une famille riche et d'emblée il se présente comme un être médiocre, séducteur, entreprenant, peu respectueux de cette jeune fille naïve et sincère, Aline, qu'il courtise, comme un premier amour.
C'est une histoire secrète, une histoire clandestine, une histoire de jeunesse abîmée... Une histoire ordinaire et triste, hélas, comme tant d'autres dans la vraie vie et celle qui nous est racontée dans les romans.
C'est une histoire comme tant d'autres et on pourrait se dire à l'avance, allez ce n'est pas pour moi ou bien, je ne vais pas me faire avoir par cette romance sans intérêt...
D'une apparente simplicité, ce récit nous invite vers d'autres chemins bien plus vertigineux. J'ai senti déjà dans le style de ces premiers pas, de ces premiers mots, le frémissement d'une promesse accomplie bien plus tard dans les récits merveilleux de Charles-Ferdinand-Ramuz qui suivront et qui m'ont enchanté. Comme c'est magnifique lorsqu'une promesse est tenue !
C'est la beauté tragique des coeurs fragiles, épris d'espérance, ballotés par les désillusions qui viennent si vite, qui viennent trop vite, les rebuffades, la vie d'une jeune fille comme cela au printemps de sa vie, qui se heurte aux forces vitales de la nature, au silence et à la grandeur de la montagne...
Le récit est presque banal, mais la manière de poser les mots l'est moins. Il y a leur justesse, la manière de dire ce qui porte les illusions d'une jeune fille et broie dans l'instant d'après son petit coeur innocent, sans défense.
La manière d'écrire de Charles-Ferdinand Ramuz nous entraîne dans l'empathie de ce personnage d'Aline. le petit monde paysan et montagnard qui enrobe l'histoire a sans doute un rôle à jouer aussi.
Et puis, mine de rien, Aline finalement est un personnage de la transgression à son époque, ou à celle où est écrit le roman. Elle s'éloigne des conventions traditionnelles, elle est happée par cet amour rencontré. Elle est la femme pure qui tente de transgresser, face à la supériorité d'un homme arrogant et superficiel...
J'ai vu dans ce texte un ton moderne avant l'heure, féministe presque, une façon d'éclairer les pas d'une jeune femme qui se sentait libre, mais parce qu'elle l'était de manière innocente, intrinsèquement.
La construction du roman est même très ordinaire, l'argumentation sociale aussi... C'est une tranche de vie banale, une sorte de témoignage. Mais alors...
Alors, j'ai été touché par quelque chose qui déroge presque de manière imperceptible à ce qui aurait pu se limiter à une romance triste. Ce roman possède sous ses mots une force indicible. Je vous invite à y venir.
Et puis Aline est un personnage touchant qui mérite notre lumière et notre compassion... À jamais...
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1905 : naît une oeuvre merveilleuse par sa concision et la qualité de son chant : une oeuvre qui défie le temps.

Emigré de Lausanne, installé à Paris depuis 1902, Charles Ferdinand RAMUZ (dit "C.F." car il détestait entendre prononcer ou lire son "prénom d'archevêque") fréquentait les milieux littéraires, dont le salon d'Edouard Rod : ce dernier l'aidera à publier son premier roman, "Aline", en 1905, aux éditions Perrin.

"Aline" fut le prototype de tous les "romans-poèmes" qui suivront : on peut apprécier cette dense et touchante "petite histoire" très linéaire (scindée en 17 courts chapitres) comme une tragédie des gens dits "ordinaires" (à l'instar de cette argile humaine des "romans durs" de Simenon).

Et puis ? le labeur acharné que représenta - jour après jour - la rédaction de son "Aline" (Pas moins de cinq moutures successives, de mémoire, et ce sur trois années) fut pour Ramuz un véritable combat "avec ou contre" la Langue française qu'il voulait étreindre puis - sic - la laisser "se coucher à ses pieds" (Cf. son "Journal" de ces années-là). Une mystique. Comme l'Appel d'une véritable vocation... Et la première pierre du grand Orry ramuzien.

Se souvenir, maintenant : c'était il y a 20 ans, et j'avais prêté ce livre à un couple d'amis : leur fille, alors âgée de 14 ans, l'avait lu d'une traite, et beaucoup aimé - à ma grande surprise... (Ainsi, le monde intérieur et le style de Ramuz n'étaient donc pas si "vieillots" ?).

Je me souviens aussi de ce petit mot émouvant reçu de Julien GRACQ, à son sujet. Nous avions correspondu (brièvement) en l'espace de plusieurs années et je n'avais pas encore rencontré alors notre "dernier Romantique" dans son étonnante maison haute des bords de Loire : c'était quelques années avant sa propre disparition et je venais de découvrir l'oeuvre de Ramuz, comme toujours impatient de faire partager mes "Grandes Découvertes" à la terre entière... Monsieur Poirier me répondait avoir bien reçu l'exemplaire d' "Aline" (Cahiers Rouges, Grasset : gravure d'un chêne mort "friedrichien" illustrant la couverture) que je venais de lui adresser, m'en remerciait et disait ne pas connaître encore cette "oeuvre de jeunesse" du grand écrivain vaudois ; il semblait apprécier vraiment toute l'oeuvre de Ramuz qui (et je cite là ses mots) "n'avait pas son pareil pour peindre le destin en marche".

Il nous faut lire et relire, et surtout faire lire - à tous - "Aline" !

Et peut-être même convaincre un artiste authentique (suisse ?) de l'adapter au cinéma : faire revivre pour nous tous ses mystères, son sens aigu du Tragique (c'est-à-dire du "Tragique quotidien")...

Ce qu'a décrit Aristote dans sa "Poétique" : "mimesis" et "catharsis" aux forces conjuguées...

Tel l'Atlantide qu'on croyait perdue, tout un monde ancien resurgit sous nos yeux (ou dans nos coeurs) - et sa résurrection se trouve curieusement en mesure de "purger nos passions" : d'émouvoir son lecteur...

1905 : toujours si loin, si proche...
HOMERE, HESIODE, ESCHYLE, SOPHOCLE, VIRGILE... les alentours du Lac, les hauteurs du Valais...
Lien : http://fleuvlitterature.cana..
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Il est des écritures simples mais puissantes qui arrivent par leur évocation à vous transporter au coeur du récit. C'est bien ce que j'ai ressenti ici. J'étais dans le livre à écouter, à regarder, à ressentir. Quel charme et quel envoûtement surgissent de cette histoire ! Pourtant ici, pas de trucage, ni d'effets spéciaux, pas de pirouette ni de rebondissement inattendu : on sait ce qu'il va advenir de l'héroïne. Mais finement ferré, le lecteur se laisse mener jusqu'au drame. L'écriture est précise, les mots arrivent par petites touches et dessinent caractères et paysages avec netteté et clairvoyance. Pas d'atermoiement, juste un constat : celui de la vie. La vie simple des petites gens qui triment toute leur vie et aperçoivent parfois quelques éclaircies dans leur quotidien, vite troublées par l'avancée du temps.

Début XXe siècle. Canton suisse. C'est l'été et l'heure des moissons a sonné. C'est aussi le moment où la jeune Aline rencontre Julien, un ami d'enfance. Un moment volé au temps rythmé du dur labeur des champs et autres travaux. Une saison entre parenthèses pour la jeune Aline dont le coeur et les sens se troublent...

« Aline était comme un oiseau qui s'est bâti un nid : le vent souffle, le nid tombe. Elle voyait qu'elle n'avait pas bien connu le monde et tous les empêchements qu'il vous fait de s'aimer. On va où le coeur vous pousse, mais le coeur n'est pas le maître ; à peine si on s'est donné un ou deux baisers que c'en est déjà fini des baisers. »

Cette lecture rafraîchissante et émouvante à la fois, je la dois à Dourvach que je remercie infiniment. Ramuz est un auteur que je découvre avec délectation et grande envie de connaître un peu plus.
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Un des tous premiers romans de Ramuz, paru en 1905.

Un récit poignant et d'une stupéfiante beauté.
Une histoire simple, mais décrite avec déjà toute la poésie de ce grand auteur, poésie qui s'épanouira dans ses oeuvres plus tardives.

« Les histoires d'amour finissent mal en général » comme dit la chanson.
C'est le cas ici.
Aline jeune fille de 17 ans, naïve, pauvre, vivant avec sa mère, Henriette, veuve, s'éprend follement de Julien, un garçon séducteur indifférent, égoïste, …et riche. Aline brave tous les interdits pour rejoindre son bien-aimé, pour qui cette liaison n'est qu'une passade, et qui d'ailleurs, espace progressivement leurs rencontres.
Mais voilà qu'Aline tombe enceinte, aussitôt rejetée par Julien.
Soutenue par sa mère, elle vit sa grossesse dans la solitude et la réprobation des alentours.
Et tout cela se finit en drame pour Aline et pour Henriette, tandis que Julien fait un « beau mariage ».

Cette histoire triste faite de tant d'amour déçu et de tant de méchanceté qui broie les coeurs purs, ne serait rien sans la façon puissante de la raconter, les premiers émois de cette jeune fille, la nature omniprésente, et puis cette respiration du texte, ces images.
Je suis vraiment heureux d'être revenu à Ramuz, et je crois que je ne vais pas m'arrêter là.
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La simplicité a du bon, à condition d'avoir le talent de faire d'une histoire banale un très beau récit.
De talent, Ramuz n'en manque pas, et il le prouve dès ce premier roman.
Quelle maîtrise, déjà, quelle belle capacité à embarquer son lecteur en promenade tandis qu'il raconte !
Oui, l'écrivain suisse nous prend par la main, nous fait découvrir les paysages, nous fait côtoyer les personnages et nous permet d'assister à toutes leurs actions. C'est terriblement vivant, et c'est pour cette raison que le lecteur ne peut qu'être touché.

Aline aime Julien, d'un amour sincère et profond, mais pour Julien, Aline n'est qu'une occasion de s'amuser et de passer du bon temps...
Changez les prénoms et vous trouvez le point de départ de tant de livres ou de films.
Du déjà vu. du déjà revu. du déjà rerevu.
Et pourtant...
De ce vieux sujet éculé, Ramuz parvient à faire du nouveau.
Grâce à une écriture terriblement efficace derrière une apparente simplicité, grâce à sa façon de donner vie aux personnages et de plonger l'histoire dans le paysage qui devient plus qu'une simple toile de fond.
L'auteur nous immerge dans le drame qui se noue. le poids des convenances, les commérages, les attitudes des uns et des autres, tout se joint pour en arriver au drame final, que l'on sent venir sans savoir précisément sous quelle forme il va se produire.
Le lecteur est emporté par le courant du récit et comprend qu'il ne sert à rien de lutter : ce qui doit arriver arrivera. Rien ni personne ne peut s'opposer à cette force que certains appelleront destin, d'autres fatalité ou bien conséquence inévitable de la nature humaine.

Publié en 1905, Aline a le charme des temps anciens, et des qualités qui rendent le roman intemporel : Aline est humain et authentique.
Ramuz "écrit vrai", comme l'on dit de certains personnes qu'elles parlent vrai.
La beauté de la nature environnante contraste avec la laideur de l'histoire et je ne peux m'empêcher de faire un parallèle tout en étant consciente de son anachronisme : l'homme mérite-t-il d'habiter cette planète ? Ne gâche-t-il pas par ses mauvaises actions la nature dans laquelle il a la chance de vivre ? J'avoue me poser de plus en plus la question.
Mais je m'égare... revenons à Ramuz !
Après m'être doublement régalée dans Si le soleil ne revenait pas et Aline, je vais continuer à explorer l'oeuvre de cet auteur suisse que je suis ravie d'avoir découvert grâce à plusieurs amis sur Babelio.

♬ Et j'ai crié, crié, "Aline" pour qu'elle revienne... ♬
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‘'Aline'' ou ‘'Chronique d'un amour annoncé'' tel pourrait être le sous-titre de ce court roman de Charles-Ferdinand Ramuz, son premier roman, édité en 1905. Un des grands classiques sur le drame amoureux.
Aline est une belle jeune fille, simple et sage, vivant dans un petit village suisse, avec sa mère Henriette, une vieille femme un peu traditionnelle, s'usant au travail. Issu d'une famille d'agriculteurs plus aisée, Julien Damon vit dans le même village. Apprendre le nom du jeune homme tandis que qu'on ne connait que le prénom de la jeune fille suffit à poser le rang social des deux jeunes gens.
Lui, c'est un peu le coq du village. Et quand on a dit cela, on se dit qu'on connait la chanson… On imagine aisément que les chabada bada vont tourner au vinaigre au rythme d'un autre refrain… ‘'Les histoires d'amour finissent mal… en général''. Et on suit Ramuz dans ces débuts amoureux tout en craignant déjà la fin.

Ramuz nous décrit avec minutie l'évolution des sentiments des deux jeunes gens. Des sentiments qu'on a déjà connus, où l'autre -comme de manière inversement proportionnelle à notre attachement- déjà se détache, déjà se lasse et regarde déjà ailleurs. Commencent alors pour le jeune homme les petits mensonges, les évitements, les non-dits, sans aucun scrupule, rejetant presque les torts sur la jeune fille trop naïve et amoureuse. Aline, c'est vrai qu'elle est un peu naïve. Mais c'est la naïveté d'une adolescente de 17 ans qui découvre l'amour, qui tombe amoureuse pour la première fois, et se laisse séduire par ce Julien, ce beau parleur égoïste qui aime faire le Don Juan et aller papillonner rapidement ailleurs. [On pense également au concept de cristallisation que Stendhal a défini dans « de l'amour » en 1822, cette idéalisation de l'être aimé au début de la relation amoureuse.]

Ce roman de 144 pages est un condensé parfaitement maitrisé sur l'histoire d'amour qui, peu à peu, se transforme en tragédie. Un récit qu'on pourrait croire, de prime abord, raconté simplement, comme ce qu'il se passe dans tous les petits villages où le temps (suisse ou d'ailleurs) et les tâches quotidiennes s'écoulent au rythme du soleil et de la nature. Une simplicité pourtant bien orchestrée, avec Ramuz en fin observateur des aléas amoureux, presque pointilliste.
Ramuz expose les pensées des deux jeunes gens qui se font de plus en plus dissonantes... Il raconte aussi les corps, les sensations diverses qui se conjuguent avec les émotions. Pour dépeindre le déroulement implacable et comme pour aider le lecteur à mieux le ressentir, l'auteur intègre en parallèle la description de ce qui les entoure (le temps qui change, les animaux, les moissons…). Comme si la nature elle-même menait la même danse (ou inversement), comme si c'était dans l'ordre des choses et que cela faisait partie d'un cycle naturel. le début et la fin de toute chose. Et c'est comme si étaient posés les principes des lois de la nature, de l'amour, de la vie.
Et cette atmosphère poétiquement douloureuse nous prend au coeur. le lecteur ne peut s'empêcher d'éprouver -bien entendu- beaucoup d'empathie pour cette pauvre Aline tombée amoureuse du mauvais garçon. Par ce minimalisme, l'auteur réussit à tout intensifier.
Si j'ai trouvé certains chapitres de la dernière partie un peu moins intéressants (à moins que je n'aie souhaité inconsciemment une autre fin), ce roman n'en reste pas moins de très grande qualité et il annonce déjà ses futurs romans.

Ce récit pourrait être transposé à notre époque, presque 120 ans après sa première parution, en ajoutant les nouvelles technologies d'aujourd'hui, et il résonnerait de la même manière. Parce que Ramuz a subtilement raconté l'amour, les premiers émois et les tragédies sentimentales intemporelles. La quintessence du drame amoureux.
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Dans un petit village au nord de Lausanne, issue d'une famille modeste, Aline vit avec sa mère Henriette, veuve à la suite du décès de son mari détruit par l'alcool. Elle y coule des jours heureux jusqu'à sa rencontre avec le beau Julien, dont elle tombe aussitôt éperdument amoureuse. Hélas, pour Julien il ne s'agit là que d'une amourette dont il a tiré profit par la naïveté d'Aline qui, aveuglée par l'amour, ne se doute évidemment de rien
persuadée que les sentiments de Julien sont réciproques. Aussi, lorsqu'elle lui annonce qu'elle porte le fruit de leur amour, Julien qui n'est ni plus ni moins qu'un jeune homme riche et volage, ne l'entend pas de cette oreille et l'abandonne sans état d'âme avec l'enfant qui grandit en son sein. Humiliée, trahie, souillée aux yeux des villageois, la pauvre malheureuse n'est pas au bout de ses surprises en apprenant le prochain mariage de ce bonimenteur avec une autre. Blessée au plus profond de son être, trahie par celui qu'elle a aimé, c'est là, on le devine que va se jouer un terrible drame.

Voilà un récit cruel sur les sentiments amoureux qui n'est pas sans rappeler cette citation De Musset " On ne badine pas avec l'amour " tant elle colle parfaitement à cette tragédie.

Telle est la malheureuse histoire d'Aline, superbement campée par Charles-Ferdinand Ramuez
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Aline, je l'ai croisée dans la Soustraction des possibles. Comme quoi un roman mène à un autre. Là, c'était une recommandation forte d'un des personnages principaux. Un de ses livres de chevet. Et tout à coup j'ai réalisé qu'il y avait dans ma culture littéraire, un trou dans la raquette : je n'avais jusqu'à Aline, jamais lu de littérature suisse classique. Certes j'ai feuilleté quelques Titeuf de Zep et lu quelques Joël Dicker et même Belle du Seigneur d'Albert Cohen, mais rien de plus.
La lacune est à présent réparée. Et cette rencontre sur le tard fut fort agréable. Un roman qui a la fraicheur d'un bonbon suisse, avec un arrière-très amer. Une histoire banale : une jeune fille sans le sou qui tombe sous le charme du beau jeune homme de bonne famille. Mais la vie est mal faite. Comme la plupart du temps, il y a celle qui aime, confrontée à celui qui pense aimer et finalement aime surtout séduire et se lasse rapidement. Mais le drame couve. Et hélas la balance ne penche pas du côté de la gentille. Alors oui, on a l'impression qu'on lit Heidi au début, avec le petit village mignon, l'herbe bien verte et le ruisseau qui glougloute joyeusement en bas du pré. Mais ensuite l'histoire même, semble s'assombrir, se recroqueviller sur la pauvre Aline. Dans un monde idéal, on l'aurait plainte et consolée d'avoir perdu son amoureux. Là c'est le contraire qui se passe : son malheur devient une tare et Aline, décriée par tous expérimente une solitude insupportable, dons l'issue est tragique.
Bref, c'est pas gai. Mais c'est beau comme une triste symphonie.
Alors, faut-il le lire ? Oui. C'est un beau roman et une triste histoire. Mais les plus belles oeuvres sont souvent issues de souffrances les plus intenses.
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