La Terre n'est qu'un point dans l'espace, une molécule astrale ; mais pour les hommes qui la peuplent, cette molécule est encore sans limites, comme aux temps de nos ancêtres barbares. Elle est relativement infinie, puisqu'elle n'a pas été parcourue dans son entier et qu'il est même impossible de prévoir quand elle nous sera définitivement connue. Le géodésien, l'astronome nous ont bien révélé que notre planète ronde s'aplatit vers les deux pôles; le météorologiste, le physicien ont étudié par induction dans cette zone ignorée la marche probable des vents, des courants et des glaces ; mais nul explorateur n'a vu ces extrémités de la Terre, nul ne peut dire si des mers ou des continents s'étendent au delà des grandes barrières de glace dont on n'a point encore pu forcer l'entrée.
En commençant un travail d'une aussi grande étendue, mon devoir est de m'engager envers le lecteur à une extrême sobriété de langage. J'ai trop à dire pour ne pas être tenu à me garder de toute parole inutile ; je serai donc aussi bref qu'il me sera possible de l'être sans nuire à la clarté de l'exposition. La Terre est assez grande et les quatorze cent millions d'hommes qui l'habitent présentent assez de diversités et de contrastes pour que l'on puisse en parler sans se livrer à des répétitions inutiles.