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4,04

sur 1514 notes
J'avais beaucoup apprécié Pietra viva et j'ai retrouvé dans Amours, de Leonor de Rocondo, ce style travaillé et distancié, ces mots simples mais habilement assemblés, ce faux rythme lent comme le temps hors d'âge qui s'écoulait dans les campagnes françaises du début du XXe siècle.

Je vous parle d'un temps où l'on arrangeait encore les mariages, où une bouche de moins à nourrir suffisait à placer un enfant comme domestique, où le droit de troussage coulait de source, où lire Flaubert (joli clin d'oeil au bovarysme) était quasi pêcher, où le corset vous enfermait dans votre corps et dans votre rôle, où paraître était plus important qu'être, où s'affranchir des conventions était un concept qui restait encore à inventer.

Alors forcément, avec tout ça, les ingrédients du drame sont réunis : la domestique est mise enceinte par le mari, la femme frustrée y trouve opportunité, chacun s'accommode des non-dits. Cela finira mal. Forcément...

Mais entre-temps, il y aura eu l'amour qui sera passé pendant de courts moments. Celui de deux femmes qui se découvrent, se retrouvant soudain moins éloignées que leur condition sociale ne l'avait décidé. Celui d'une femme qui découvre un corps, son corps, longtemps ignoré, détesté, inusité mais désormais sublimé et utile. Celui d'un enfant, qui revient d'un coup à la vie, revigoré par le contact charnel d'une peau maternelle qu'il reconnaît instantanément. Celui du vieux couple de domestiques, fait de bienveillance et de simplicité, envers eux-mêmes, comme envers une famille qu'ils servent et protègent.

C'est beau, fluide, détaché... et tellement agréable à lire.

Une (très) légère déception avec la fin qui manque de force à mon goût.
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Je crois que ce bouquin mérite amplement ce 5 étoiles que je lui mets. Un roman tout court, dont la lecture est rythmée par de courts chapitres... mais pas. Récondo réussi le pari, en quelques pages à installer une psychologie des personnages, à nous les rendre tous attachants, à planter le décor, l'époque et l'histoire. Je me suis prise d'affection pour tous les personnages, qui vivent tous, à leur façon, un amour. L'amour d'un homme qui ne sait pas aimer sa femme correctement. L'amour qui va au delà des conventions sociétales et brisent des interdits. L'amour instinctif d'une mère pour son fils. L'amour pour un icône religieux... et bien plus encore. Les pages défilent et l'écriture de Récondo nous enveloppe et nous bouleverse. Une lecture tendre, fragile, délicate, mais poignante et vibrante. J'ai adoré !
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C'est un texte charmant ! Mais un peu décevant...Car on autait aimé que cela dure un peu plus, un peu plus de profondeur...
Les personnages ont du potentiel : ce sont de purs produits de leur éducation et de leur système social. 1908 : diable, il n'y a pas si longtemps...Monsieur le notaire exerce son droit ancestral de cuissage (ah, mais ça pourrait être aujourd'hui, pardon, question d'actualité) sur sa très jeune bonne Céleste, dix-sept ans. Il ne s'interroge même pas sur son comportement, le corps de Céleste lui appartient de droit (de quel droit, je ne sais pas, mais de droit.) Sa femme aussi, Victoire la bien nommée, lui appartient de droit, mais comme il s'y prend comme un manche depuis leur nuit de noce, elle le rejette de plus en plus, et leur union demeure stérile. Alors que Céleste la bien nommée, elle, conçoit un enfant du viol notarial. Cet enfant va tout bouleverser.
Il y a des thèmes intéressants et bien traités, comme la découverte de leur corps par ces femmes asservies, l'une aux corvées, l'autre à son rang social. L'image des miroirs, qui traverse le texte et reconstitue les corps féminins comme un tout cohérent, est très belle. L'analyse de l'habillement des femmes comme enfermement (corset, multiples couches de sous vêtements et dentelles et soie, qui ne permettent pas aux femmes d'accéder à leur propre peau) est aussi fort pertinente. L'écriture par ailleurs est délicieuse, mélancolique, fluide. Ce qui m'empêche de trouver que c'est vraiment excellent est la rapidité avec laquelle Victoire et Céleste s'extirpent de la carapace rigide de leur éducation. Cela ne leur prend que quelques jours pour tout envoyer valser dans les rosiers du parc, et ça me paraît un peu court. Une centaine de pages de plus pour expliquer cette révolution difficile aurait été, il me semble, nécessaire.
Néanmoins, je répète, c'est vraiment charmant, et ces deux filles sont magnifiques et ...absolument torrides.
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Anselme et Victoire sont mariés. Lui, notaire de métier, connaît là son deuxième mariage. Elle, jeune femme innocente, ne sait rien de la vie de couple. Tous deux se rejoignent sur un point : ils attendent impatiemment qu'un enfant naisse de leur union. Mais, même si ce désir sera finalement assouvi, ça sera au prix de terribles blessures et secrets...
Leonor de Recondo nous offre à nouveau un roman d'une rare finesse. Avec une écriture toute en douceur, elle arrive à nous faire partager les douleurs mais aussi le véritable amour que partage les personnages. Sans vouloir trop en dévoiler, ce roman est celui de passions, coupables ou éternelles... Une histoire forte et touchante...
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Tres belle histoire d'amour,avec beaucoup de sentimentalite,de douceur et de deception.Avec beaucoup d'injustice.
Les temps sont durs pour les pauvres gens,qui n'ont pas de droit,qui doivent subir sans rien dire et tout accepter.
La condition de la femme est mediocre,nulle et ce quelque soit leur degre d'education,de richesse.
Je n'aurais pas voulu vivre a cette epoque revolue et vieillote;heureusement pour nous les femmes,il y a eu de grands changements meme si les mentalites machistes ont encore la vie dure.
Les prejuges de l'Eglise catholique,les interdits ont mene Celeste au suicide...Que de vies gachees par incomprehension,idees recues et conditionnement.
A lire absolument.
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J'ai lu d'un seul trait cette histoire, happée.

Un livre où la femme est au coeur de tout, au coeur de l'amour dans toutes ses variations. L'amour de Dieu, l'amour d'un enfant, l'amour d'un homme, d'une femme.

Une belle histoire, une triste histoire.

Cet amour qui se décline sous des formes inattendues est tout simplement et douloureusement magnifique.

Ce roman nous montre que seule la Liberté peut mener à l'amour. Que les contraintes, sociales, religieuses n'amènent pas au bonheur .

J'ai tout particulièrement aimé cette histoire, les femmes qui la composent : Céleste, Victoire, Huguette.

Il y a une place importante de la vierge Marie dans " Amours ".

Il y a une critique acerbe de cette société du 19ème siècle où les femmes commençaient tout doucement, vraiment doucement à s'affranchir de leurs maris et où la religion brimait encore bien des désirs et des amours ...

Ce livre je le qualifierais de charnel. L'auteure parle de "miracle cutané" oui, j'ai ressenti ce miracle cutané. On touche à travers les mots, l'amour s'impose dans une extrême douceur.

La musique tient une place importante dans ce livre avec Victoire et son piano et l'orgue de l'église. On ressent les vibrations.

L'écriture de Léonor de Récondo est lumineuse, sensuelle et charnelle. Je l'avais déjà énormément appréciée dans "Pietra Viva " ça ne renforce que mon envie de la lire encore et encore.


Ce livre raisonnera longtemps en moi pour sa musique des âmes, pour ses caresses, et cet amour qui ne peut vivre que libre !

♥♥♥♥♥

Un réel coup de coeur, de ceux qui font battre votre coeur à un rythme fou et doux. Un coup de foudre court, intense et renversant !
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Amours est l'histoire d'un couple de bourgeois, le mari, Anselme est notaire. Cette famille a tout pour être une famille conventionnelle. Or, nous sommes dans les années 1900, Victoire sort de son convent, les convenances étant ce qu'elles sont, elle ne connaît rien à la sexualité et rien à son corps. Et pour cause, elle ne s'est jamais vue nue.

Elle subit les assauts de son mari sans ressentir aucune émotion. Elle se languit dans cette maison très belle, mais pleine de solitude où il n'y a personne à qui se confier. Anselme rend visite parfois à la bonne, Céleste.
Un enfant naîtra. Victoire découvre que le père est Anselme. Ils décident de garder l'enfant et de l'adopter, Victoire semblant stérile.

Et c'est là que tout arrive : la rencontre de Victoire et de Céleste. Je n'en dirai pas plus afin de ne pas tout dévoiler. Mais l'une se sacrifiera au détriment de l'autre, afin et surtout, pouvoir assurer à leur fils un avenir.

A la lecture de ce roman, on vole de page en page, on plonge dans ce roman tout en douceur mais qui n'est pas anodin, loin de là. C'est un très beau portrait de femmes, d'amours, amour physique et maternel, de rencontre de solitudes… En plus, cette édition est superbe, beau papier, belle couverture. J'apprécie les romans de cet éditeur, Sabine.Wespieser.
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L'histoire se déroule au début du XXème siècle.
Céleste a grandi à la campagne comme elle a pu au milieu de nombreux frères et soeurs et sans amour parental. Pure et innocente, elle est engagée comme domestique dans une maison où elle subit les assauts sexuels (viols dirions-nous aujourd'hui) d'Anselme, son employeur. Il est notaire dans une ville de province et est marié à Victoire. Céleste essaie de se confier à Huguette, une autre domestique, sur ce qui se passe avec le maître mais celle-ci lui ordonne de ne rien dire et de garder la tête haute. On apprendra plus tard qu'elle-même a été violée de nombreuses fois par Anselme et qu'elle a dû avorter plusieurs fois.
Victoire, quant à elle, n'est guère mieux lotie. Ses parents ont lu l'annonce d'Anselme qui, devenu veuf, cherche une seconde femme. le mariage est arrangé et célébré. La mère de Victoire ne lui a pas non plus parlé de sexualité. Victoire découvre le sexe dans la souffrance tout comme Céleste. Victoire ne partage pas la chambre de son mari et évite les rapports sexuels qu'elles trouvent dégoûtants. Raison pour laquelle Anselme assaille Céleste? Celui-ci souhaite une seule chose, devenir père d'un garçon pour avoir une descendance. Alors qu'il se croit stérile, Céleste tombe enceinte et lorsqu'on l'apprend, il est trop tard pour que la « faiseuse d'ange » intervienne...
« Amours » aborde plusieurs thèmes dont les rapports entre maîtres et domestiques, l'homosexualité, la parentalité, l'amour, le non-dit, les blessures de chacun,... J'aurais aimé que certains sujets soient plus approfondis. On comprend pourquoi tel personnage agit d'une certaine façon sans se remettre en question. On comprend mais on ne peut tout pardonner.... Ce livre met bien en évidence les ravages des non-dits, des contraintes, de la soumission, ...
Ce roman est une belle histoire d'amour impossible et les personnages sont bien campés mais ma lecture a souffert de la comparaison avec ma précédente lecture de Jane Austen et son admirable écriture.
Bonne lecture!

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Quelle magnifique découverte que ces Amours ! Merci à mes amies du challenge Dévoile ta consigne de l'avoir conseillé, car j'ai passé un excellent moment, entre tendresse et larmes, en compagnie de Victoire, Céleste, Anselme et les autres.
Encore un livre sur la condition féminine, me direz-vous ? Oui, mais essentiel, dur, et traité d'une manière plutôt inattendue lorsqu'on ne connait pas le thème principal de ce roman.
J'y ai retrouvé un peu de Carole Martinez, mais en moins alambiqué, dans le traitement poétique de la souffrance et le combat éternel entre la Femme et le Destin.
Une très, très belle lecture, de ces gourmandises douces amères dont je suis définitivement friande.
A lire !
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Alors là je dis oui ! Mais oui à quoi me direz-vous (j'imagine déjà vos mines interrogatives :)) ? Je dis enfin oui à la critique unanime faite à propos du talent de notre jeune virtuose du violon, consacrée écrivaine, Leonor de Recondo ! Parce que soyons honnêtes, elle ne m'avait pas du tout emballée avec son roman, Rêves oubliés, qui nous contait l'histoire d'une famille d'exilés catalans pendant la guerre civile espagnole, mais alors pas du tout ! Mais avec Amours et bien que l'histoire soit d'une simplicité stupéfiante (histoire d'amour de deux femmes), je touche du doigt le talent de Leonor de Recondo, son style fluide et d'une grande sobriété, sa prose pudique disséminant par touches légères (à l'instar d'un impressionniste) des perles de créativité littéraire : phrases ciselées, mots justes, un parfait équilibre qui rend ce portrait de femmes absolument maîtrisé.

Nous sommes au début du XX siècle au coeur d'une demeure bourgeoise d'une région cossue de la Loire. Victoire est une jeune femme mariée qui s'ennuie, âme esseulée traînant son mal être - celui de ne pouvoir répondre à la pression sociale de donner la vie, l'héritier tant attendu - dans cette morne maison. Elle n'aime pas son mari, Anselme, notable notaire de province qui aimerait plus souvent « visiter » sa tendre épouse dévouée mais qui s'oppose quasi systématiquement à un mur d'indifférence. Et parce qu'un homme a des besoins naturels dirons-nous, quoi de mieux que visiter la jeune bonne, la naïve et serviable Céleste, à coups de ruades sauvages et de râles bestiaux. Après tout, en maitre des lieux, Monsieur à bien le droit de s'octroyer ce droit de cuissage ! Pendant ces brèves incartades, notre jeune Céleste s'évade.
Le hic et le point de départ de notre histoire, tombe le jour où Victoire découvre le pot aux roses : Céleste est enceinte d'Anselme. Pour sauver les apparences et les convenances (on ne peut avouer sur la place publique avoir rudoyé la bonne), le bébé sera celui de Victoire, le présent qu'elle n'a pu offrir à son époux et à la bonne société. Ce lien inextricable prendra au fur et à mesure un tour inhabituel : Victoire, engoncée dans ses corsets (métaphore du carcan social dans lequel elle vit), découvre la plénitude d'un corps sensuel et épanoui, vierge de toute convenance, celui de Céleste. Liées par le secret de la naissance du petit Adrien, chacune s'offre à l'autre dans une ronde sensuelle et amoureuse qui balaie tout. Mais jusqu'à quel point ?
Certes, Amours traite d'un sujet éculé maintes fois rebattu (l'amour adultérin, difficile de faire plus banal). Mais la qualité indéniable du style et la justesse de ton donnent la pleine mesure à cette histoire qui évitent les excès manichéistes et autres effusions sentimentales et nous livre une page d'amour. Aux amoureux de belle et sobre prose, jetez donc un oeil à ce roman
Lien : http://livreetcompagnie.over..
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