AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,1

sur 356 notes
Dimitri est un jeune homme né en 1989 dont on apprend dès les premières pages qu'il est décédé dans un accident de la route à l'âge de 27 ans, qu'il était passager d'une BMW dont la conductrice aurait perdu le contrôle, sans explication. La majorité des personnages présents dans le roman sont inscrits sur la page du faire-part, cependant pas tous. Est notée également sur celle-ci : " Que sa curiosité insatiable, son humour, sa colère et son idéalisme nous servent d'exemple à jamais."
C'est donc la vie de Dimitri Marguerite qu'Éric Reinhardt va nous raconter dans Comédies Françaises. Nous rencontrons ce jeune homme rêveur, railleur aussi, une première fois en juin 2015, à Madrid en Espagne. Alors qu'il flâne, en soirée, une jeune femme attire son attention. le hasard fera qu'il sera amené à croiser à nouveau cette belle, mystérieuse et insaisissable inconnue plusieurs fois, à Paris puis à Bordeaux. Cette quête amoureuse est présente tout au long du roman.
Mais faisons connaissance avec ce jeune homme passionné par le domaine du spectacle vivant et le théâtre. Il est un élève brillantissime mais arrête tout en 2008 alors qu'il est en 2ème année de classe préparatoire scientifique, pour le théâtre. Recalé au concours du Conservatoire national de Paris, il s'inscrit à Sciences Po Paris où il peut enfin s'épanouir un peu, allant au spectacle quasiment tous les soirs. Mais c'est un poste dans un cabinet de lobbying qui va se présenter à lui et qu'il va accepter notamment pour le salaire très attractif. Mais sa culture politique d'extrême-gauche le contraindra à démissionner. Ne sachant pas vers quel métier il va pouvoir se tourner, une amie lui parle alors du concours organisé chaque année par l'AFP pour recruter de jeunes reporters. Il se présente et est admis.
Il propose à Louis Pouzin, l'inventeur du datagramme, c'est-à-dire d'Internet de le rencontrer en vue d'écrire un livre d'entretiens. Intrigué et curieux de comprendre pourquoi les recherches de cet ingénieur français ont été brusquement interrompues par les pouvoirs publics en 1974, il mène son enquête. En parallèle, ayant été profondément marqué, à 18 ans par un documentaire sur Max Ernst, il projette d'écrire comment ce dernier a transmis le flambeau de l'avant-garde artistique à Pollock. Il a donc toujours sur lui pour noter, deux carnets : un carnet Clairefontaine bleu à motifs écossais, à spirales et à petits carreaux consacré à ce projet de roman et un carnet rose clair, où s'accumulent ses notes sur le datagramme, Louis Pouzin et la création d'Internet.
C'est un roman d'une richesse inouïe dans lequel le domaine artistique, avec ces magnifiques pages dans lesquelles Dimitri - l'auteur ? - révèle sa passion pour les arts de la scène, avec le surréalisme et comment la peinture abstraite américaine a été autant mise en avant et a connu une telle notoriété, contrebalance le domaine politique avec sa noirceur et ses dessous de table.
Chacun de nous a entendu parler du lobbying et en connaît la définition. Mais la description qu'en fait Éric Reinhardt est absolument remarquable et convaincante. Je n'imaginais pas que ce pouvoir des lobbies était déjà aussi présent dans ces années 1970 et surtout aussi puissant. Que cet industriel Ambroise Roux ait pu être assez influent pour avoir sabordé l'Internet français et la manière dont cet omnipotent patron de la CGE (Compagnie Générale d'Electricité) a mené à bien sa besogne est vraiment époustouflant !
L'auteur aurait pu écrire un vrai documentaire sur ce fait et sur cet homme. Son talent a été d'écrire un roman passionnant en faisant mener l'enquête par son héros. de plus, l'humour vient souvent agrémenter ses propos, notamment lorsque Dimitri lit des passages du fameux roman Un prince des affaires de Anne de Caumont : jubilatoire.
Ahurissant et écoeurant, le pouvoir que peuvent avoir ces lobbyistes sur les hommes politiques et leurs décisions ! Il suffit de regarder ce qui se passe en ce moment, en ces temps de confinement avec les chasseurs pour s'en convaincre.
Comédies françaises est un savant mélange de roman social, de roman historico-politique où la rêverie amoureuse, le sentiment de perte du réel sont aussi présents.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
Commenter  J’apprécie          995
Une idée passionnante dans ce roman : un français était prêt à inventer Internet, et l'incompétence politique a tout fait rater... résultat ce sont les américains qui l'ont fait !
Pour le reste, on s'ennuie un peu.
Commenter  J’apprécie          20
Franchement chapeau ! Après avoir découvert L'amour et les forêts, je n'ai pu que tout lire d'Eric Reinhardt, et ce dernier roman original et complexe est une grande réussite. Les dérives sexuels du personnage principal et les diverses explications sociologique évoquent un peu les romans de Michel Houellebecq. La richesse des thèmes, l'ésotérisme, le surréalisme, l'économie giscardienne m'ont conduit à faire des recherches et après avoir terminé Comédies françaises… J'en ai repris les premières pages.
Commenter  J’apprécie          110
Dimitri Marguerite est journaliste à l'AFP. Il a dans l'idée d'écrire un livre sur Louis Pouzin, l'inventeur français du datagramme qui aurait dû donner naissance à internet si Valérie Giscard d'Estaing sur les conseils d'Ambroise Roux, le très influent patron de la CGE (compagnie générale d'électricité) qui a financé une partie de sa campagne électorale, n'avait torpillé le projet lui préférant le minitel…Les Américains n'ont pas fait la même erreur et se sont emparés du datagramme qui leur a permis de transformer leur Arpanet initial en Internet et de devenir les leaders dans le domaine. Cette situation totalement laissée sous silence révolte Dimitri au point de lui donner cette idée de roman. Mais le livre d'Eric Reinhardt n'est pas uniquement centré sur cette histoire. On suit aussi Dimitri, personnage un peu décalé dans le monde actuel, persuadé que la réalité n'est pas la réalité brute, ce qui serait trop déprimant, qui voit des signes dans tout ce qui l'entoure notamment quand il s'agit de sa vie amoureuse. C'est ainsi qu'il se retrouve fasciné par une femme inconnue qu'il a croisée trois fois par hasard…mais, pour lui, ça ne peut pas être une coïncidence. Elle est forcément la femme de sa vie. J'ai été happée par l'écriture très particulière de l'auteur. Ses phrases sont longues mais elles nous entraînent dans leur rythme. Eric Reinhardt excelle dans les digressions et a bien failli me perdre à plusieurs reprises (notamment avec la première très longue digression sur l'influence de Max Ernst sur Jackson Pollock – Dimitri envisageant aussi d'écrire un livre sur cette question de l'influence du peintre surréaliste sur son homologue américain) et, pourtant, je n'ai jamais lâché le livre. C'est vraiment le style, l'écriture qui m'ont à chaque fois retenue.
Lien : http://monpetitcarnetdelectu..
Commenter  J’apprécie          80
D'emblée je dois avouer que l'ouvrage ne m'a guère plu. L'idée de départ était pour le moins alléchante : comment expliquer le ratage français au début des années 70 qui a conduit à l'abandon de la suprématie française en ce qui concerne la création d'Internet. Eric Reinhardt s'empare ainsi de la vie et du « personnage » (dans tous les sens du terme!) de l'industriel et lobbyiste Ambroise Roux, PDG de la CGE, à l'ego surdimensionné... Par l'entremise de ce « detail-qui-n'en-est-pas » de l'Histoire, l'auteur tente de pointer du doigt certains moments où bifurque le destin, des instants « décisifs », à l'apparence anodine souvent. Entre l'enquête journalistique et les elucubrations romanesques, les histoires s'entrecroisent voire se superposent avec plus ou moins de clarté. C'est sûrement le style de l'auteur qui veut cela mais le procédé m'a vite lassée. Culture et impunité des « puissants » clairement mises en exergue. le jeune journaliste-enquêteur Dimitri Margueritte, bisexuel assumé, se plonge avec délices dans l'entre-soi politico-economique des années 70, et part belle est faite à ses atermoiements affectifs et/ou sexuels. Pour tout dire, le protagoniste principal de ce roman foisonnant m'a prodigieusement agacée! Ton caustique plaisant mais décidément trop de digressions sans grand intérêt à mon goût.
Commenter  J’apprécie          40
J'avais bien aimé le “pitch” de la couverture qui m'avait donné l'envie de découvrir cet auteur plutôt loué sur les plateaux de télévision.
Je suppose qu'il en a été de même pour de nombreux lecteurs qui ont été pris en otage par la perspective alléchante de découvrir sous une forme romancée comment la France serait passée à côté de l'invention d'Internet.
Malgré toute ma bonne volonté je n'ai tenu que six chapitres ennuyeux soit à peine un sixième du livre sans pouvoir atteindre l'intrigue promise. Je n'ai donc pas été frappé contrairement à beaucoup d'autres par le syndrome de Stockholm qui m'aurait fait tomber dans une admiration inconditionnelle de l'auteur.
Voulant malgré tout m'assurer que les éléments d'accroche de la page de couverture n'étaient pas une tromperie totale j'ai feuilleté rapidement le livre jusqu'à atteindre la mention du nom de Louis Pouzin, notre supposé héros sacrifié de l'aventure internet française.
N'ayant plus le courage de continuer à lire le récit des pérégrinations inintéressantes du héros Dimitri pleines de réflexions banales, de digressions ennuyeuses, de listes a n'en plus finir sur le mode “moi président “ je me suis résolu par dépit à me reporter directement à la source, en l'occurrence la page Wikipedia de Louis Pouzin où j'ai trouvé ce que je cherchais sans avoir à m'infliger des pages et des pages de réflexions sans intérêt de l'auteur.
Ce livre m'a laissé la désagréable impression d'avoir été écrit au fil de la plume.
Commenter  J’apprécie          60
Attirée par la quatrième de couverture qui a véritablement piqué ma curiosité, j'ai accepté la Masse critique privilégiée de @babelio_ et autant vous le dire, mal m'en a pris, car je n'ai pas du tout apprécié ma lecture. Je me suis lassée, ennuyée. Je n'ai pas compris le travail de l'auteur. Il n'y a pas de cohérence dans ce roman. On passe du coq à l'âne sans transition. On aborde des thèmes, des sujets qui n'ont rien à voir les uns avec les autres. Et le thème évoqué par la quatrième de couverture n'est abordé qu'à la page 276, soit dans les 200 dernières pages. Et là encore, j'ai éprouvé beaucoup de difficultés. le texte est lourd, redondant, répétitif. le sujet, très intéressant, ne suffit pas; ne nourrit pas l'intérêt qui disparaît dans un flot continu et excessif de phrases et de mots dénués de sens. Ma lecture était laborieuse, pénible. Vraiment, je ne peux conseiller.
Commenter  J’apprécie          50
Un roman à plusieurs facettes autour du personnage principal de Dimitri un jeune homme de bonne famille tour à tour lobbyiste, journaliste pour l'AFP, écrivain en herbe avec deux projets en préparation, l'un sur la rencontre de Max Ernst et Jackson Pollock en 1942 et la naissance du dripping art, l'autre sur les origines françaises d'Internet et le personnages centraux de Louis Pouzin, l'inventeur du futur internet, et son fossoyeur, l'industriel patron de la CGE Ambroise Roux.
Dernier volet du roman, la quête amoureuse de Dimitri, ses relations avec ses amies, ses fantasmes sexuels sur les femmes, ses aventures, son obsession des rencontres amoureuses provoquées par le destin, les faux hasards heureux, les énergies individuelles, les rêves individuels.
Chaque chapitre traite exclusivement ou mêle ces thématiques.

Si on est intéressé par l'histoire d'internet on adorera les chapitres qui y sont consacrés, inversement ces chapitres pourront être un passage à vide si on s'attache uniquement à la narration autour de Dimitri. Idem pour le chapitre autour de Max Ernst et le dripping art, qui tombe un peu comme un cheveu sur la soupe, même si c'est le sujet d'un des deux romans de Dimitri. Là, l'auteur s'est fait plaisir, il a évoqué un sujet qui l'intéressait personnellement.

La vie amoureuse et fantasmatique de Dimitri fait parfois sourire mais le personnage est attachant, on le suit dans ses pérégrinations. L'auteur aime les femmes, la sexualité, et si le lecteur le suit sur cette thématique, alors on aime. Moi j'aime quand l'auteur parle des femmes, même si parfois je trouve qu'il tombe dans la vulgarité gratuite et inutile, ce qui déclenche chez moi un petit malaise, au point que je me demande comment l'auteur peut aller jusqu'à écrire de façon aussi crue, crue au sens du choix des mots, pas des scènes décrites. Car il n'existe pas de sexualité vulgaire en soi. Exemple, les scènes sexuelles entre Max Ernst et son amie Peggy Guggenheim, inventées, et à mon sens inutiles.

Là où Eric Reinhardt est le meilleur, à mon sens, c'est dans le portrait drôle, cynique d'Ambroise Roux, l'industriel qui a délibérément empêché le développement d'internet en France. On rit, on sourit, Eric Reinhardt excelle dans les descriptions au vitriol. Toute l'enquête de Dimitri sur son projet de roman autour de l'histoire d'internet avec Ambroise Roux comme figure centrale mais aussi Valéry Giscard d'Estaing, est vivante, intéressante, amusante, notamment l'excursion à Trégastel dans la propriété de l'industriel.

On peut regretter que certains passages du roman soient un peu superficiels ou se noient dans les détails. On peut s'ennuyer ou décrocher quelque peu si l'histoire d'internet n'intéresse pas particulièrement. Mais l'intrigue est relancée au chapitre suivant et on poursuit sa lecture avec plaisir. Donc globalement, un roman agréable à lire.

J'aimerais que l'auteur pousse encore plus loin ses qualités d'humoriste, de conteur ironique voire cynique et nous ponde un jour un roman léger et drôle de bout en bout, avec une veine narrative qui ne dévie pas, des personnages caricaturaux à la Clochemerle comme celui brillamment brossé d'Ambroise Roux. Son mordant m'a fait penser à celui de Pierre Lemaitre dans la trilogie « Au-revoir là-haut », « Couleurs de l'incendie » et « Miroir de nos peines ».

Commenter  J’apprécie          40
Si j'avais pu donner mon avis sur le titre de ce roman, j'aurais opté pour « Les tribulations du jeune Dimitri » au lieu de « Comédies françaises ». En effet, l'auteur s'attarde davantage sur la vie de son personnage, ses hésitations, ses non-choix, sa vie sentimentale que sur l'enquête curieusement mise en valeur par l'éditeur. Pour autant, si on retire le chapitre 8, sur le surréalisme, les peintres et le carnet Clairefontaine bleu du jeune Marguerite, et le chapitre 10 sur ses fantasmes sexuels, on arrive à reconstituer une histoire, sur un fonds d'analyse politique, qui se laisse lire mais dont on reste, en définitive, assez insensible.

Je remercie l'équipe du site Babelio de m'avoir permis de lire ce roman.
Commenter  J’apprécie          60
je dirais que ce roman est remarquablement écrit ! mais alors que certains s'écoutent parler ,l'auteur ,lui ,se regarde écrire !
Je ne l'appellerais pas roman, car l'intrigue est très mince, ,mais plutôt journalisme d'investigation ,bien qu'évidemment, le style sophistiqué ne convienne guère à un journal. le héros est d'ailleurs un journaliste qui enquête sur l'expressionisme américain ,le surréalisme français ,et surtout sur la création d'Internet, qui aurait pu devenir une création française si les hommes politiques des années 70 ,dont Giscard d'Estaing, avaient écouté le savant Louis Pouzin ,vrai inventeur des Data, plutôt que le puissant homme d'affaire et manipulateur Ambroise Roux On apprend donc beaucoup dans ce roman et c'est une grande partie de son intérêt , le style est brillant ,souvent pamphlétaire ,contre le libéralisme ,les élites au pouvoir , la droite ,les grandes écoles ,au lecteur ensuite d'apprécier ... Quelques belles pages sur la vieillesse ,le IX ème arrondissement de Paris et les amours impossibles .
Merci à Babelio et aux éditions Gallimard pour l'envoi du livre
Commenter  J’apprécie          61




Lecteurs (751) Voir plus




{* *}