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Comment annoncer à son amoureux qu'on le trompe depuis des mois et qu'il est temps de rompre ? C'est le problème vécu par Francesca, assistante vétérinaire qui file un amour vaguement coupable avec son collègue Luca, expérience médicale qui aura son utilité lors de l 'attaque d'un doberman nommé Günter (oui, comme le compagnon facho de BB) : lancez des projectiles à distance, le chien ne peut savoir comment répondre et c'est ainsi qu'on se débarrasse d'un molosse redoutable. Mais revenons au sujet : Francesca a une idée que beaucoup n'auraient pas eue, à savoir proposer à son violoncelliste de Vittorio un périple allant de Turin à Bari (soit plus de neuf cents kilomètres) et à l'arrivée de ce voyage en train (oui, en train) lui dévoiler en douceur la douloureuse réalité. Alors là, j'ai une question : avant ou après le concert qu'il doit donner ? Si c'est avant, elle lui fusille sa prestation ou au contraire le plonge dans des affres de douleur qu'il exprimera merveilleusement - succès artistique garanti – si c'est après elle flinguera ladite réussite, dans les deux cas il faut une bonne dose d'inconscience voire d'égoïsme. Sans parler du côté « voyage en amoureux » auquel il va croire avant la chute finale. Cruel. Donc, un projet déjà mal embarqué. Mais qui va se compliquer quand leur copine de toujours, Manu, arrive en piteux état, tabassée par son Ivan, avec dans le coffre un tableau qu'elle lui a volée pour se dédommager. L'idée pointe alors : on va tous se tasser dans la petite et déjà bien vieille Punto, ajouter le tableau, le violoncelle et le barda de Manu et nous voilà partis pour un road-movie plein d'aventures drôles ou pas, qui permet aux regards de s'échanger (juste les regards, et quelques bisous), aux vieux souvenirs traumatisants de remonter, aux participants de découvrir l'Italie sous la neige et de se régaler de paysages inattendus et superbes, le tout sous la plume acérée et amusée de Enrico Remmert qui a intitulé son roman – choral Strade bianche (la route blanche) bizarrement traduit par « Petit art de la fuite » là où j'aurais préféré « Petit art de la fugue » pour la polysémie du terme et l'ambiance musicale du livre à trois voix. Je me demande quand même pourquoi l'auteur a choisis de dissocier la voix de Manu des deux autres par ce procédé de mise à distance utilisant le « tu » quand c'est elle qui est supposée parler. Un procédé de style vu il y a longtemps (Butor) et dont je ne vois pas ici la justification. Un livre agréable à lire entre deux autres plus difficiles. Merci à Zazy de le faire voyager et de m'avoir fait partager ses impressions sur les trentenaires parfois un peu prise de tête ! + Lire la suite |