Humour, fantaisie et en même temps réalisme, personnages attachants, prose fluide, on a dans ce roman tous les ingrédients de ce qui plaît facilement dans la littérature sudaméricaine, et qui a sans doute valu son succès mondial à "
Douce compagnie". Toutefois, ce qui est particulièrement intéressant, c'est que nous, lecteurs français, donc soi-disant cartésiens, nous ne sommes pas plongés d'emblée dans le réalisme magique de
Garcia Marquez ou
Isabel Allende. Ici, nous sommes guidés par quelqu'un d'inédit dans la littérature sudaméricaine qui a du succès, c'est à dire quelqu'un qui raisonne, quelqu'un qui est sceptique, quelqu'un qui est sarcastique, quelqu'un qui ne peut pas croire à cet ange apparu dans les bas quartiers de Bogota. Pour ceux qui sont habitués à l'imaginaire flamboyant de certains auteurs du cône sud, sachez que ce roman ne se contente pas de surfer sur cette vague, il n'y a pas de coquetterie, d'affèterie.
Laura Restrepo est aussi journaliste et il y a un regard très subtil de connaisseuse sur la pauvreté, la violence, la ferveur religieuse.
Si je ne me trompe pas, il n'y a que trois livres d'elle traduits en français, et notamment pas son dernier, "
Demasiados héroes", "Trop de héros", un titre que je trouve fort, beau, et intrigant. Qu'attend
Anne-Marie Métailié?