Loin d'être réservés aux vocations religieuses, les couvents, et particulièrement ceux de femmes, ont souvent servi à se « débarrasser » des cadettes de la famille, empêcher des unions non désirées, ou parfois offrir une enfant à Dieu. Les couvents ont parfois été des lieux de débauche et à partir du 17e siècle ils ont été des lieux fermés destinés uniquement au service de Dieu. Prières, travail manuel, repas frugal, voile et robe austère, la religieuse renonce au monde et se voue à la vie éternelle. Pour certaines cela peut aller jusqu'à la flagellation, la possession, des mises en scène corporelles très violentes, qui donneront quelques affaires célèbres comme celle des possédées de Loudun. Mais souvent heureusement ce sont des vies simples consacrées à la religion, l'éducation des nonnes restant assez limitée.
A partir du 18e siècle les couvents auront également un rôle éducatif, en plus d'un rôle de protection pour les femmes seules, soins des malades, accueil des filles repenties. On peut dire que paradoxalement ils ont également servi une certaine émancipation de la femme qui pouvait y trouver refuge et avoir un rôle utile dans la société. Les jeunes filles de la haute société y sont élevées avant leur mariage. Ils disparaitront après la révolution.
Un livre très documenté du point de vue historique, qui manque malgré tout d'une conclusion. Sa fin plutôt brutale nous laisse sur notre faim et du coup souligne la faiblesse de l'ouvrage : un inventaire certes intéressant des différents aspects de la vie monastique féminine, forcée ou volontaire, sincère ou hystérique, pure ou habitée par la frustration…mais pas vraiment de fil conducteur pour en permettre l'analyse. D'où un sentiment un peu confus qui en ressort mais qui laisse dominer une impression plutôt négative : lupanar, lieu de mortification, tombeau ou prison, le couvent est un lieu où s'exerce le pouvoir religieux et politique sur le corps et l'âme des femmes même si certaines abbesses y ont trouvé une vocation véritable.
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Mais la pensée de la mort, évoquée ainsi chaque soir, peut-elle suffire à la préserver du mal qui rôde dans l'obscurité ? Car "il y a un démon qui épie leur sommeil pour l'infecter de quelques mauvaises imaginations, et un qui épie leur réveil afin de remplir leur esprit de mille vaines et inutiles cogitations". Ainsi, même dans le repos et l'abandon de la nuit, la lutte se poursuit entre les forces de Dieu et celles du diable. Et tandis que la religieuse, étendue sur sa couche dure, glisse doucement dans le sommeil, les ténèbres de sa cellule se remplissent des ombres inquiétantes des démons et du bruissement d'ailes des anges.