Avec cette nouvelle publication, la professeure en criminologie franco-américaine
Gwenola Ricordeau continue son travail de diffusion de la pensée abolitionniste en France, en réunissant dans cette anthologie des textes écrits par des universitaires, des militant·es et des mouvements politiques d'Amérique du Nord engagé·es dans la lutte pour abolir le système pénal (police, prison, justice).
Dans cet ouvrage, l'attention est portée sur l'ensemble de l'activité de maintien de l'ordre public (policing) et non seulement l'institution policière. Née dans des contextes d'esclavage (USA), de colonialisme (Canada), ou de collaboration avec le fascisme (France), la police est une institution raciste, aux coûts sociaux et financiers énormes, sans que la mission qu'elle se donne (assurer la sécurité publique) soit une réussite.
Au contraire, réprimant les pauvres, les minorités (racisé·es, LGBT, personnes handi·es, peuples autochtones) et les opposant·es politiques, sa principale mission est de protéger l'État, l'ordre capitaliste mais aussi d'assurer sa propre existence. Ainsi, comme le rappelle l'autrice dans son introduction «dans une société capitaliste, raciste et patriarcale, choisir le camp des opprimé·es, des exploité·es et des tyrannisé·es, c'est compter la police parmi ses ennemis».
Si la contestation de la police a toujours existé au cours de son histoire, c'est au milieu des années 2010 aux USA que les luttes politiques la remettant en cause ont connu une nouvelle dynamique, influencées par les expériences et analyses du Black Panther Party des années 1960.
L'émergence du mouvement Black Lives Matter, né en juillet 2013 après un énième crime policier, marque le développement des réflexions réformistes. Cette position évoluera dans un second temps, pour devenir abolitionniste, avec la naissance de #8ToAbolition en juin 2020, après le meurtre de Georges Flyod à Minneapolis.
Penser l'abolition de la police, définie par
Grégoire Chamayou comme «l'appareil de capture du pouvoir pénal», permet de saper les fondements du système pénal dans son entièreté et d'envisager sa disparition complète. Cette position politique des mouvements nord-américains diffère de celles des mouvements français engagées contre les violences policières ou l'incarcération.
C'est là que réside l'importance du travail de
Gwenola Ricordeau : organiser la traversée de ces voix abolitionnistes dans un pays où le débat public sur l'institution policière est quasiment impossible et qui permettent de réfléchir et chercher des pistes à cette question : «comment en finir avec cette nuisance qu'est la police ?».
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