Bagages : Mon histoire

On aime bien ces projets d'ateliers d'écriture de Simon Boulerice, cédant la parole à des exclus ou des masses sociales plus réservées.
Nous avions adoré le grand volume des pensées poétiques de participants du 3ème âge et ses illustrations lumineuses par Rogé dans " Ma mémoire ma maison".
Ceci aura notamment permis de mettre en lumière d'autres titres du même genre, avec les mêmes auteurs, dont :
" Bagages mon histoire".

Magnifique, également. Optant par la manière douce du partage du sujet, par le biais délicat et personnel des pensées, ce qui permettra d'attirer le public vers des galeries de portraits entre deux pages d'un oeil esthète et de se montrer plus à l'écoute, avec le coeur et l'amour des mots.
Ce sont des ados qui se prêteront à l'exercice de se livrer et on l'imagine, ce n'est pas facile.
" Je me souviens de ma ville
Petite et bruyante
Je me souviens de ses rues, ses parcs
Minuscules, mais adorables ..."
Ariel Kegeles ( Israël )

" L'aéoroport Pierre-Elliott-Trudeau
Tout autour était inconnu et nouveau
La neige tombait
Le vent soufflait
Les gens passaient ..."
Dimitri Dogot ( Moldavie )

" J'ai jeté mes douze ans
Mes vieux souvenirs,
Mes vieux amis, mon vieux pays
Mon cocon, le noeud de ma vieJ'ai de nouveaux ans ... "
Dohee Kim ( Corée du Sud )

"Je suis une chinoise
Avant de partir
J'étais un oisillon en cage
Un jour, par le hublot
Un paysage inédit
Forêt, montagnes, ciel bleu

Arrivée à Montréal
Je sors ..."
Shuning Dou ( Chine )

" Aux Philippines, les fêtes sont extravagantes
C'est fort et bruyant
Feux d'artifice en mains ..."
Olhin Natolla ( Philippines )

Et Maria Alejandra Sotelo Rodriguez de Colombie, Daniil Kondratenko d'Ukraine, Grigor Mihaylov de Bulgarie...

Comment ne pas être sensible?
Qui n'aura pas ressenti un jeu de sa vie la peine du départ, le choix contraint d'aller voir ailleurs et d'aller de l'avant sans nos proches, même ici en France, choisissant une vie moins morne ou au contraire plus tranquille, une meilleure qualité de vie qui offre les vraies opportunités de bien vivre, se nourrir, se soigner et se divertir.
C'est un choix, parfois, oui, forcé mais au bout du compte consenti, nous emportons avec nous dans nos bagages des acquis, qui nous donneront des droits ailleurs.
C'est rassurant.
Nous parlerons avec "Bagages mon histoire" de déracinement plus profond, de violences quotidiennes, de misères et ceci à hauteur d'ados.

Ils connaitront la fuite et l'exil, non pas par le premier TGV avec la réduction "Famille" dans un carré de places - Mais où sont les toilettes, et le wagon restaurant? C'est long, fatiguant et on tient bon- .
On ne le sait que de trop aujourd'hui, les médias et les littératures en parlent beaucoup, et l'histoire des USA, de la France et de l'Angleterre entre autres le confirment : la migration n'a pas toujours été une invasion ressentie, elle a même été choisi pour faire prospérer des économies.
Ces migrants qui choisirent de venir faire des tâches jugées indignes à une époque, ont gagné le droit d'être français ou américain.
L'histoire n'oubliera pas non plus la contrepartie des grandes colonisations passées : certains grands pays auront posé leurs bagages chez les autres un jour, il ne faudra pas s'étonner donc à ce qu'ils viennent frapper à notre porte à leur tour, n'est-ce pas? L'idée est pertinente.

" Bagages mon histoire " permet de ne pas oublier qu'ils sont encore des enfants.