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Critique de Charybde2


Un petit manuel universitaire dense et précis, particulièrement précieux pour celles et ceux s'intéressant à la forme critique vis-à-vis de la littérature, hier comme aujourd'hui.


Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/05/29/note-de-lecture-la-critique-litteraire-jerome-roger/

C'est la lecture du récent et fort stimulant récit-essai d'Arnaud Viviant, « Cantique de la critique », venant relancer un processus initié par le grand « Cannibale lecteur » de Claro en 2014, ainsi que le besoin ressenti de comparer pour mon propre usage les différentes « formes » de critique actuelle (entre celles pratiquées par les blogueurs, journalistes spécialisés, écrivains et universitaires, avec ou sans théories sous-jacentes – tous les recoupements possibles pouvant naturellement être a priori imaginés) qui m'a conduit vers ce bref mais éminemment solide ouvrage de Jérôme Roger, publié dans la souvent fort avisée collection 128 des éditions Armand Colin. Destiné avant tout aux étudiants de premier cycle universitaire, ce précis dresse un historique robuste de l'histoire de la critique littéraire, en la réancrant dans la Poétique d'Aristote, puis dans les traditions philologique (histoire littéraire) et herméneutique (intention et sens), première lignée de filiation culminant avec les classiques fondamentaux que sont désormais les « Mimésis » d'Erich Auerbach et « Exercices de style » de Léo Spitzer. En rappelant ensuite les paradoxes de la critique normative « classique », puis le passage de l'esthétique seule à la critique scientifique, avec l'apport quelque peu cannibale de la méthode historique au XIXe siècle (avec Taine, Brunetière et enfin Lanson, canonique s'il en est, avec son « Histoire de la littérature française » de 1895), avec l'entrechoc entre les visions de Sainte-Beuve et de Proust, puis avec l'apport des incertitudes du langage de Paul Valéry et de Jean Paulhan, Jérôme Roger nous prépare à parcourir le XXe siècle comme « âge d'or des critiques d'interprétation » : école de Genève et critique thématique (de Marcel Raymond à Albert Béguin, en passant par l'étonnant Gaston Bachelard et sa véritable phénoménologie de l'image poétique), enquête thématique (dont l'auteur montre avec un brio particulier, me semble-t-il, la richesse et la puissance) incarnée par Jean-Pierre Richard et Jean Rousset, critique freudienne, sociocritique, en évoquant notamment Georg Lukács et Lucien Goldmann, ainsi que leurs descendances (surtout une fois pris en compte l'apport de Walter Benjamin), critiques de la réception. Il est temps alors d'aborder les deux dernières parties, essentielles dans cette lecture, avec la critique focalisée sur l'oeuvre comme acte de langage (de Roman Jakobson et Vladimir Propp à l'analyse structurale du récit, de Mikhaïl Bakhtine à Henri Meschonnic, Mikhael Riffaterre ou Jean-Claude Mathieu, ou encore à la génétique des textes ) et avec la critique d'écrivain (avec Charles Péguy, André Gide, Jean-Paul Sartre, Maurice Blanchot, Roland Barthes, et bien sûr Julien Gracq).

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Moins audacieux sans doute que l'ouvrage de Fabrice Thumerel sur le même thème (dont on vous parlera prochainement sur ce même blog), le manuel proposé par Jérôme Roger se révèle néanmoins fort précieux par son sens prononcé des perspectives et de liens entre les diverses écoles et formes de critique, par sa capacité à rendre intelligibles les plus délicates d'entre elles, notamment celles pénétrées de sciences humaines pointues et celles opérant à la charnière des consciences écrivantes elles-mêmes, et sait aussi se permettre in fine une belle ligne de fuite, en forme d'invitation de la critique sur un terrain spécifique, celui des littératures en français de l'ailleurs.

Lien : https://charybde2.wordpress...
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