La dérive émotionnelle, pour Jean Romain, est un mécanisme de désarroi intérieur, de trouble profond qui affecte extérieurement tous les domaines de la société, pratiquement tous les aspects de la vie des hommes. C'est cette dérive émotionnelle qui enfonce notre terre – produit de la Création de Dieu – dans le trouble le plus pernicieux qui infecte ce monde – partie de la terre sous l'influence du diable.
De plus, trop vouloir donner de l'importance au diable, aux forces mystiques et à toutes les spiritualités ésotériques, relève de cette perdition moderne des émotions déroutantes, des sentiments exacerbés, qui gangrène notre civilisation, notre société et toutes les vraies valeurs du christianisme. L'émotionnel de notre (soi-disant) modernité ou postmodernité procure ainsi un surcroît de malheur, de dépression, d'instabilité à toute une frange de la population déjà bien fragilisée par l'actualité de ce monde – dirigé par son prince Satan – et pousse en fin de compte bon nombre de personnes – notamment parmi les jeunes – à l'imparable du suicide, des drogues et des actes les plus abjectes…
Nous vivons actuellement et de plus en plus dans une société caractérisée par l'injustice sociale des plus débridées, la culture de la jouissance à outrance ; une société où l'hédonisme, le narcissisme, la sensualité et l'égoïsme gouvernent les esprits. Il faut insister, car cela est flagrant : nous nous trouvons devant une justice à l'envers quand le coupable est exonéré de toute peine et l'innocent châtié de manière inique, quand la corruption, les pots de vin, les dessous de table deviennent monnaie courante dans les affaires et les transactions. Et le résultat de cette injustice qui règne à tous les niveaux est tout aussi choquant et ignoble : une civilisation fondée sur les sensations et les émotions fortes, une religion mondaine centrée l'homme seul, mesure de toute chose et divinisé par le culte du corps, de la personnalité, des exploits sportifs, des médias et du show-business… Tel un dévoiement dans la bonne conduite de l'existence des hommes, dans la marche chrétienne et biblique des croyants. Telle une puissance d'égarement qui incite sans vergogne à croire aux mensonges des mondanités les plus futiles et aux promesses fallacieuses de l'hypocrisie ambiante. La pente de
la dérive émotionnelle sur laquelle se sont risqués bon nombre de moralistes s'est transformée en machine à abuser le peuple, notamment en remettant au goût du jour l'antique idée de responsabilité collective. Et ces nouveaux démagogues prétentieux se sont même avancés sur le terrain de la proclamation d'« une foi en la grandeur de l'homme », au détriment de la vraie foi en Dieu et en sa Parole. Tel est la prédication de la doctrine humaniste : « l'homme est la mesure de toute chose » (Protagoras). C'est le culte de l'homme par l'homme pour l'homme. L'humanisme a fait de l'homme son propre dieu. C'est aussi cela
la Dérive émotionnelle d'une époque en désarroi, comme l'explique si bien Jean Romain.
Un ouvrage à lire en ces temps difficiles, car il donne quelques explications de cette dérive générale de notre société qui est de plus en plus dépassée par ses propres progrès et qui peine de plus en plus à y faire face…