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EAN : 9782866458461
304 pages
Le Félin (01/09/2016)
4.33/5   3 notes
Résumé :
Les restaurations monarchiques de 1814 n’impliquent pas la disparition des idéaux et des forces révolutionnaires, C’est particulièrement le cas en Espagne ce qui constitue le principal problème de politique étrangère du règne de Louis XVIII.
Par un pronunciamiento des généraux Riego et Quiroga, les libéraux obligent Ferdinand VII à accepter la constitution de Cadix en 1820. Le mouvement révolutionnaire gagne l’Italie, inquiète le gouvernement français et ses ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Mes connaissances sur la période politique entre les deux empereurs Napoléoniens avaient jusqu'ici toujours été nébuleuses. Quant à l'Histoire de l'Espagne après le 1er Empire, elle n'avait même pas atteint le questionnement. C'est pourquoi, le livre d'Antoine Roquette est, pour moi, une révélation.

Antoine Roquette a une empathie pour les assemblées du peuple espagnol, les Cortes, et une répulsion pour les absolutistes royalistes. Antoine Roquette est français et c'est, par ces prismes, qu'il raconte l'intervention militaire des Français, en Espagne, en 1823.
Le livre ne retrace pas les détails des batailles ou de régiments (la seule information soldatesque délivrée est la composition de l'armée : "cent mille fils de Saint Louis"). En revanche, après avoir dressé un tableau de la situation des deux pays à la fin de l'épopée Napoléonienne, il explique pourquoi la France, alors au ban des nations, va retrouver son lustre et son unité : la Restauration. Il explique, en outre, pourquoi l'Espagne, malgré l'ingérence positive et bienveillante de la France, n'a pas pu retrouver la paix, au grand détriment du peuple espagnol.
Quelques extraits de lettres seulement, judicieusement choisis, étayent le récit, sans alourdir la lecture.
Seul, un chapitre sur les vingt cinq que compte le livre, est consacré à l'emballement de la finance pendant la Restauration. Ce sujet reste (pour moi) difficile d'accès, mais crée le lien avec "le dernier des Camondo" de P.Assouline.

Digression : Pendant que j'attendais le bulletin météo de France Info, le Vendredi 14 octobre, quelle ne fut pas ma surprise d'entendre Karl Zéro relater cette expédition française avec la justesse d'une seule phrase. Chapeau bas.

Remarque pour l'éditeur : il semble qu'il y ait une erreur de typologie concernant la datation du règne de Fernand VII (page 275).
Merci à la Masse critique et aux éditions du Félin pour cette découverte.
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Livre reçu grâce à l'opération Masse Critique.

C'est à Cadix que tout commence et tout finit. du moins pour l'épisode historique que se propose de retracer Antoine Roquette, de 1812 à 1823, même si l'auteur, il faut bien le dire, s'autorise des digressions chronologiques heureuses qui permettent d'apporter un éclairage intéressant sur ces années de trouble.

A partir de 1808, en effet, l'Espagne est plongée dans une guerre atroce contre l'envahisseur français : Napoléon a placé son frère, Joseph, sur le trône d'Espagne et retient prisonnier à Valençay le roi légitime, Ferdinand VII. Par une constitution qui fera date en Espagne et en Europe (elle est reprise notamment à Naples et dans le Piémont), établie en 1812 à Cadix, les Cortès espagnoles bâtissent un régime constitutionnel (avec une chambre législative) qui rompt avec l'absolutisme auquel était habituée la branche espagnole des Bourbons. Ferdinand VII parvient à rétablir, cependant, l'absolutisme avant qu'en 1820, une nouvelle révolution ne consacre le pouvoir des Cortès. C'est le début du Triennat libéral qui se termine par l'intervention française de 1823. C'est par la prise du fort du Trocadero, à Cadix, que se termine cette guerre nouvelle et que Ferdinand VII peut revenir, alors, à son régime idéal.

Parmi la galerie de personnages qui agitent les pages et la période, quelques uns méritent une attention particulière. Ainsi Ferdinand VII, personnage odieux et double, conscient de la fragilité de sa situation entre 1812 et 1823, est bien heureux de l'intervention française. Son dilettantisme menace à plusieurs reprises de faire choir le fragile édifice politique espagnol. Il en va de même pour Gabriel-Julien Ouvrard, financier français aux moyens considérables et qui tenta de faire triompher ses vues politiques (par exemple : en acceptant de soutenir la Régence d'Urgell, repaire d'ultras royalistes, en contrepartie de la reconnaissance de celle-ci par la France) et qui finança l'expédition d'Espagne, palliant ainsi au manque de préparation - du moins financière - de la guerre. Troisième personnage, parmi d'autres illustres et intéressants, le duc d'Angoulême, neveu de Louis XVIII et cousin de Ferdinand VII, érigé en chef de guerre redoutable. Homme simple malgré sa condition, il comprend vite que l'amnistie réclamée pour les constitutionnels - c'est-à-dire des libéraux - et accordée après le bombardement de Cadix, ne sera jamais appliquée et que l'Espagne continuera de s'enfoncer dans la crise.

Antoine Roquette ne dresse pas seulement le portrait de l'Espagne. Il trace en réalité les deux trajectoires de la France et de l'Espagne. La France, ruinée par les guerres napoléoniennes et discréditée diplomatiquement après le congrès de Vienne en 1815, parvient à se redresser économiquement et l'opération militaire qu'elle conduit en Espagne, reconnue salutaire par le concert des nations d'Europe (y compris l'Angleterre), lui redonne une place à la hauteur de son ambition. L'Espagne, elle, s'enfonce lentement dans la gabegie. Il est intéressant de noter qu'à 15 ans d'intervalle (1808-1823), les deux interventions françaises dans la péninsule ibérique sont perçues de façon radicalement différente par les Espagnols, rendant compte que la communication politique du ministère Villèle fut, là aussi, un succès.

L'étude que propose Antoine Roquette est, comme l'annonce le sous-titre, "De Cadix au Trocadero", chronologique. Elle est également très factuelle et donne une vision complète des événements qui s'enchaînent. Peut-être le récit manque-t-il, parfois, de hauteur de vue, ce qui permettrait à qui n'est pas familier du contexte chronologique, géographique, social et économique, de mieux appréhender les événements. C'est, à tout le moins, une étude intéressante puisqu'elle porte sur l'un de nos voisins dont l'histoire contemporaine, agitée, n'a retrouvé son calme qu'à l'extrême fin du siècle dernier. Nul doute que les événements décrits par Antoine Roquette sont la matrice des difficiles 19ème et 20ème siècles.
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Ce n'est pas la période historique la plus enseignée en France, c'est le moins que l'on puisse dire...Généralement les manuels d'histoire se contentent d'un bref survol de l'histoire de la Restauration. Quant à l'Espagne du début du 19e siècle, elle n'existe quasiment pas dans les ouvrages de vulgarisation historique !
C'est dire que ce livre vient réparer une double injustice car la période est féconde en combats politiques essentiels entre libéraux et conservateurs, et surtout les liens entre la France et l'Espagne sont explorés de manière très détaillée.
L'autre intérêt de l'ouvrage, c'est qu'il fait la part belle à l'histoire politique et à la chronologie, même si parfois, de malencontreux retours en arrière peuvent finir par égarer le lecteur...C'est néanmoins salutaire pour quiconque veut s'immerger dans cette période, surtout lorsqu'on est vierge de toute connaissance, comme c'était mon cas !
L'auteur fait un usage immodéré de la citation des sources contemporaines des événements, c'est parfois un peu gênant dans la mesure où il eût pu dire la même chose en quelques mots seulement...Mais ne gâchons pas notre plaisir car la langue politique du premier 19e siècle est un délice.
Enfin, on ne peut que remercier notre auteur d'avoir su faire apparaître les liens complexes entre la France et l'Espagne, dans un concert des nations dominé par l'Angleterre, l'Empire austro-hongrois, la Prusse et la Russie tsariste. On aurait aimé en savoir plus sur ces familles espagnoles réfugiées en France, et sur ces familles françaises installées en Espagne. Des prosopographies sont souhaitables !
Au total, c'est une belle découverte que je conseille sans remords !
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Chateaubriand est très clair avec notre ambassadeur à Saint-Péterbourg :
- Nous ne souffrirons pas que des proscriptions déshonorent nos victoires, que les bûchers de l'Inquisitions soient les autels élevés à nos triomphes. Nous aimerions mieux à l'instant quitter l'Espagne que de prêter nos armes à ceux qui ne veulent qu'égorger l'objet de leur haine, et qui préfèrent le sang répandu sur les échafauds au sang versé sur le champ de bataille.
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