Quelqu'un à qui parler

La lecture irrigue la pensée, réveille la mémoire. En lisant, Vivre avec l'invisible, de Marie de Hennezel, un titre cité par elle me rappelle que j'ai lu ce livre à nul autre pareil sur la voix intérieure, cette voix que nous avons tellement écoutée ou découverte durant le confinement.
Victor Rosenthal réussit le prodige de matérialiser notre intériorité psychique. le texte dense, serré, ardu parfois, englobe la voilure de la tessiture de ce qui ne se dit pas mais s'entend et s'écoute en nous. Cette petite voix que nous ignorons ou déclenchons selon notre humeur, nos besoins, nos choix, nos décisions. L'auteur convoque littérature, théâtre, sciences sociales, maîtres spirituels, à l'appui d'un pari impossible à première vue : nous faire entendre en notre for intérieur.
J'avais découvert cet ouvrage lorsque j'accompagnais des personnes désorientées, aux propos apparemment incohérents, écho de leurs paroles enfouies. J'avais envie d'essayer de les rejoindre en comprenant ces sentiments, ces pensées qui émanaient du plus profond de leur être.
Quelqu'un à qui parler m'a donné quelques clés, m'a surtout aidé à rencontrer ce qui n'est pas un mythe, mais l'expression de notre essence, incarnée dans la voix quand les mots silencieux consentent à sortir de leur discrète présence. Voix et langage s'accordent à l'unisson.
"La voix intérieure incarne autant qu'elle accompagne." Elle est ce que nous avons de plus intime. Elle nous éclaire si nous la révélons par des mots accentués de nos états d'âme, prolongés dans un corps soulignant l'importance de ce qui émerge au terme d'une longue maturation intérieure.
Du dedans au dehors, à notre guise, en dehors de toute pression. Dès la petite enfance : le nourrisson vocalise sa pensée, l'enfant se parle, parle à voix haute, imagine l'avenir, puis garde ça pour lui quand il grandit. Là se forge son quant à soi, son monde à lui. Adulte, il lui faudra renouer avec la spontanéité d'un verbe énoncé sans arrière-pensée. La voix intérieure guide vers l'extériorisation de l'intime, après avoir élagué l'incompréhension du réel à flux tendu.
Merveilleuse synchronicité que cette alliance des deux titres. Comme la continuation d'une lecture inachevée voici deux ans.
Non JLPV, tu n'es plus seul. Il m'a fallu le temps... de lire
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À l'heure où la méditation est très tendance, ce livre fait figure de provocation. Il défend la thèse du discours intérieur, constructif de la personne. Alors qu'il est actuellement dénoncé, selon son caractère souvent psychotique
Ce livre est à lire pour faire contraste.
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