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sur 699 notes
Daphné du Maurier fait partie de mes auteurs préférés, j'ai lu quelques-uns de ses romans, en commençant bien évidemment par "Rebecca", j'en ai même déjà relu plusieurs, et cette biographie signée par Tatiana de Rosnay ne m'était pas inconnue.
Pourtant, j'aime énormément cette auteur, je savais qu'elle avait des ancêtres Français, mais je ne m'étais jamais intéressée plus que cela à sa vie.
C'est d'ailleurs le cas de la grande majorité des auteurs que je lis, je les apprécie pour leurs oeuvres, le reste est secondaire.
Après tout, pourquoi ne pas pousser la porte et visiter l'envers du décors.

J'avoue avoir été piquée au jeu, dans le sens où ce roman a le mérite de rendre de plus en plus curieux le lecteur sur la vie de Daphné du Maurier.
Je ne savais pas à quel point son père avait été proche de James Barrie, l'auteur de "Peter Pan", ni qu'elle avait deux soeurs avec qui elle est restée proche toute sa vie.
La famille Du Maurier n'est pas ordinaire, très jeune les parents encouragent leurs aptitudes artistiques, la jeune Daphné restera d'ailleurs marquée par l'une des gouvernantes qu'elle utilisera plus tard dans son chef d'oeuvre "Rebecca" : "Jamais elle n'oubliera Milton Hall, ni la longue robe noire de Mme Parker.".
Daphné est une personne complexe, pendant longtemps elle tiendra plus du garçon manqué que de la fille coquette, elle sent le carcan qui entoure sa condition de femme et dès son plus jeune âge elle cherche à s'en débarrasser : "Pourquoi ne suis-je pas un homme ? Les hommes font toutes les choses qui demandent du courage.".
Une phrase résume assez bien la personnalité de Daphné du Maurier : "Elle préfère heurter les consciences que de laisser indifférent.".
Et il est sûr qu'elle va heurter les consciences, en développant des sentiments amoureux à l'égard de femmes, la première étant Mlle Fernande Yvon avec qui elle restera en relation toute sa vie durant, un aspect de sa vie qui sera pendant longtemps gardé secret; mais aussi en écrivant des romans sombres, qualifiés de romans gothiques, mettant en scène des personnages torturés psychologiquement avec une emprise là aussi psychologique sur d'autres personnages.
Qui aurait pu s'attendre à ce que tant de noirceur vienne d'une femme telle que Daphné du Maurier.
Dans ce livre, on ressent aussi que Daphné du Maurier, c'est la vie par l'écriture, et quasiment uniquement par ce biais.
Certes, elle aime son mari, mais elle le laissera pourtant seul bien souvent (ce qui ne sera pas sans impact sur sa vie conjugale), elle délaissera aussi ses deux filles pendant plusieurs années et s'attachera de façon prononcée à son fils, en somme pas tout à fait l'exemple d'une mère, elle n'hésitera pas non plus à se détacher de sa mère et de ses soeurs, tout ça pour réussir à mieux crééer et coucher sur papier toutes les idées d'histoires qui lui traversent l'esprit : "Comment leur faire comprendre, à tous, sans les blesser, sans les heurter, que sa priorité, ce n'est ni son enfant, ni son mariage, ni sa mère, ni ses soeurs, c'st écrire ?".
Sans l'écriture, Daphné du Maurier n'est plus grand chose : "Un romancier qui n'écrit plus est une entité sans vie. Un mort vivant.", il n'y a qu'à s'intéresser aux dernières années de sa vie pour le constater; mais dans ce livre elle est aussi présentée comme une personne dessinant nettement les contours de ce que doit être réellement un écrivain et de la façon dont il doit se comporter : "Daphné ne se laisse pas abattre; selon elle, un romancier doit être libre, ne doit pas écrire pour les autres, et doit apprendre à ne pas craindre les réactions d'autrui.".
Je partage assez son point de vue et j'ai trouvé intéressantes les parties qui concernent justement le comportement de Daphné du Maurier face aux critiques et à l'accueil de chacun de ses romans par le public du monde entier.
Tout comme celles qui traitent de l'adaptation cinématographique de plusieurs de ses romans, particulièrement par Alfred Hitchcock, dont elle apprécie très moyennement le résultat à l'écran.
Mais il y a deux choses qui m'ont le plus touchée dans ce roman : l'attachement viscéral de Daphné du Maurier pour Menabilly : "Son beau Boy aux yeux verts va sur ses cinquante ans, et les fait. Elle le regarde dormir et se demande où est passé le magnifique jeune homme sur le bateau blanc. Et elle dans tout ça ? Entre-temps, Lady Browning est tombée folle amoureuse d'une maison. Comment expliquer cela à son mari ? Cela ne s'explique pas, cela se vit.", une demeure qui l'a énormément inspirée d'un point de vue créatif, sans doute car c'est un sentiment que non seulement je comprends mais aussi ressens; et par dessus tout, le fait de connaître la genèse et la naissance de tous les écrits de cette auteur.
J'y ai pris d'autant plus de plaisir que j'en ai lu un certain nombre, et ce livre a une grande qualité : celui de pousser le lecteur a vouloir lire ou relire Daphné du Maurier.
Néanmoins, je ne suis pas sûre qu'un lecteur n'ayant jamais lu ou très peu de Daphné du Maurier pourrait ressentir autant d'émotions que j'ai pu en vivre.
Enfin, si je ne nie pas le long, fastidieux mais abouti travail de recherches de Tatiana de Rosnay, je dois reconnaître que le style narratif est banal.
D'un autre côté, je n'ai pas lu ce roman pour la plume de Tatiana de Rosnay (heureusement car je n'ai pas grand chose à dire d'un point de vue stylistique) mais pour en apprendre plus sur Daphné du Maurier, dans un sens ce roman a donc joué son rôle.

Je conseille "Manderley for ever" à tous les amateurs et connaisseurs de l'oeuvre de Daphné du Maurier qui souhaiteraient voir l'envers du décors et le processus créatif de cette auteur par rapport à ses histoires, et dans une moindre mesure aux novices de cette auteur, ne serait-ce que pour leur donner l'envie de découvrir les romans de Daphné du Maurier, est-il besoin de le dire, grande dame de la littérature Britannique.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Depuis la lecture de "Rebecca", puis des "Oiseaux", Daphne du Maurier trône sur mon podium d'auteurs favoris. J'ai donc été charmé de la connaître un peu mieux, autrement qu'à travers ses fictions. D'un point de vue littéraire, "Manderley for ever" n'offre hélas guère d'intérêt : ça se lit vite et bien, c'est de l'écriture journalistique pas folichonne mais pas désagréable non plus. En revanche, l'aspect biographique est très précis, très documenté, et plaira je pense aux aficionados de la célèbre romancière.
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Panorama assez fascinant de la vie bien remplie de Daphné du Maurier, et énormément de découvertes. Son enfance dans les quartiers aisés de Londres, bercée par le théâtre de son père et les récits de J.M. Barrie, ainsi que la relation à ses soeurs. Son passage en France et son histoire passionnée avec une de ses professeures, puis sa découverte des Cornouailles, de l'océan, de la navigation et du processus d'écriture. J'ai adoré lire sur ce qui lui a inspiré Rebecca, découvrir ses oeuvres chronologiquement. J'ai également beaucoup apprécié les passages qui parlaient de son rapport aux lieux, aux différentes maisons qu'elle a habitées, et à la nature. En fait, j'ai adoré lire sur Daphné du Maurier l'autrice, la solitaire, moins sur Daphné du Maurier l'épouse et la mère, rôle qui lui sied moins, notamment dans la relation qu'elle a entretenue avec ses filles. L'aspect féministe que l'on peut lui associer vient surtout de son statut de grande romancière à succès, beaucoup moins dans ses convictions personnelles. Une femme de son époque, mais fascinante, attachante sous beaucoup d'aspects, avec un esprit d'une imagination et d'une liberté débordantes.
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Une lecture intéressante, qui nous fait découvrir la vie mais surtout l'univers littéraire assez méconnu de Daphné du Maurier, au delà de son célèbre Rebecca. L'ensemble est très documenté et raconté simplement. On peut regretter l'écriture parfois inutilement romantique et les incursions de l'auteure au début des différents chapitres mais la lecture reste agréable et très instructive
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Daphné du Maurier : j'ai rencontré cet auteur quand j'avais 14 ans et j'ai dévoré tous les textes qu'elle avait écrit et qui étaient parus en livre de poche. Je suis une vieille fan de cet écrivain qui me semble-t-il, a rapidement disparu du paysage littéraire et n'avait pas la reconnaissance qu'elle méritait. J'ai donc vu la parution de la bio arriver avec grand plaisir et finalement, je suis déçue. L'auteur de la bio se dit une grand fan et je la crois, mais je n'ai pas retrouvé le souffle que j'attendais surtout que j'avais dévoré la nouvelle sortie des nouvelles dont "La poupée" de D. du Maurier quelques temps auparavant avec délice. Il manque quelque chose à ce texte, un je ne sais quoi, un twist, une ambiance. Je regrette de ne pas lire l'anglais pour attaquer la lecture du texte de Margaret Forster (1993 je crois) consacré à D. du Maurier. Je vais dévorer "le monde infernal de Branwell Brontë pour me consoler.
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Voici l'histoire de la grande écrivain britannique Daphné du Maurier, de ses débuts dans sa famille iconoclaste pour la société britannique du début vingtième, jusqu'à la fin de sa vie. La famille est très aisée, les parents sont tous deux des artistes.

Daphné est touchante, très seule, vraiment courageuse et assurément indépendante. Rien ne l'arrête. Par exemple, Daphné fait du bateau par tous les temps sur son petit esquif et coupe même le bois pour se chauffer ! Une longue et difficile route ne la dissuade pas de tenter la visite d'une maison abandonnée. Celle-ci marquera son imagination au point de l'utiliser comme modèle pour « Rebecca ».

Elle pense à son écriture avant tout, et parfois bien même avant ses tous jeunes enfants. Elle est sans complexes, ni culpabilité, sans concessions. Elle ne veut pas faire de promotion pour ses livres, ni répondre aux demandes d'interviews des journalistes … et ça à une époque où la société britannique était très codifiée sur les devoirs d'une femme , qui plus est, femme de militaire et mère.
Sa première interview la présentait comme une jolie petite épouse de militaire, un peu en retrait, afin de la présenter sous son meilleur jour, sans doute. Mais cela ne l'intéresse pas de savoir ce qu'on peut penser d'elle. Elle a toujours été ainsi, dès son plus jeune âge.
Par exemple, elle refuse d'assister aux obsèques de son père. Pendant que celles-ci se déroulent, elle libère deux oiseaux en cage en guise de rituel d'adieux.
Elle décide et elle agit. Elle possède la force pour devenir écrivain à part entière.
Son attitude vis à vis de ses enfants a pu choquer, mais elle avait besoin de solitude, de vider son esprit, être très concentrée sur ses récits. Elle sait rire et s'amuser aussi.
Sur les photos présentées dans le livre, Daphné est fascinante, magnifique, un peu ailleurs.

Cet écrivain n'a pas eu la reconnaissance méritée de son vivant, peut-être parce qu'elle était vraiment libre. Elle n'avait peur de rien, ni de la noirceur dans ses écrits, ni de ce qu'elle pouvait provoquer comme sentiments en tant que femme émancipée, ni nuire à la carrière militaire de son mari.
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Parfois il se passe de choses étranges dans la vie des lecteurs : tu regardes en replay une émission que tu ne regardes jamais (en l'occurrence Télématin) et tu te cales juste sur les reportages littéraires de l'été d'Anne-Marie Revol sur les Best seller. Comme ça, parce que tu es intriguée. Et bim !, sans savoir pourquoi, tu te retrouves avec un pavé de plus de 500 pages dans les mains ! Toi qui ne lis pas tant que ça de best seller, encore qu'en y réfléchissant, il y en a quand même pas mal dans ta bibliothèque... Bref, l'un des reportages évoquait Manderley for ever de Tatiana de Rosnay, avec l'interview de l'auteure. J'ai vite été convaincue, d'autant que Tatiana de Rosnay disait que ce livre a été un tournant dans sa vie d'écrivain.
Manderley for ever est un roman-biographie sur Daphné du Maurier, auteure trop trop célèbre Rebecca et L'Auberge de la Jamaïque lu dévoré quand étais ado. Et puis, j'ai lu il y a quelques semaines le monde infernal de Branwell Brontë de Daphné du Maurier, justement, réédité par les éditions de la Table Ronde, biographie sur le frère maudit de la famille.

Daphné est d'un milieu très bourgeois, tendance grande bourgeoisie. Elle a vécu au milieu de gouvernantes et servantes etc. Son grand-père paternel (Georges du Maurier, surnommé "Kiki") était français, artiste-écrivain fantasque et connu. Son père, Gerald est un acteur archi connu. Daphné, née en 1907, vit à Londres, avec ses parents. Et ses deux soeurs.
Très tôt elle se sent garçon dans un corps de fille. Une dualité qui la hantera toute sa vie, l'amenant à une bisexualité, même si elle se marie à Frederick Browning, anoblit par la reine. Elle devient donc une lady mais s'en contrefiche. Elle est d'une timidité maladive, parler en public ce n'est pas pour elle. Daphné déteste les réceptions, mais elle est obligée de suivre son militaire de mari à l'étranger, en Egypte, notamment, avant que n'éclate la Seconde Guerre mondiale. Son mari monte les échelons gradés, a de plus en plus de responsabilités qui l'oblige à s'absenter longuement. Avec lui, Daphné aura trois enfants : deux filles et un garçon.
Daphné était la préférée de son père qui entretenait avec sa fille une relation particulière. Il était très possessif et elle a dû se battre mentalement pour s'arracher à son emprise, se révolter même si ça ne l'empêcher pas de l'aimer. Garçon dans un corps de fille, fille à son papa contre son gré, elle rêve de mettre au monde un garçon. Une fois ce voeu réalisé, son fils sera à son tour son préféré. J'ignorais tout de cet aspect de l'écrivain. Tout cela, sa dualité, sa part d'ombre vont être source d'inspiration.

L'écrivain est passionnée par les vieilles demeures. Si elle aime ses proches, elle aime encore plus ses maisons, en particulier Menabilly dont elle ne sera jamais propriétaire mais locataire. Elle va retaper cette vieille baraque magnifique, même si pour céder à son caprice, sa famille doit vivre sans chauffage ni eau courante pendant le terrible hiver 1954.  La mémoire des murs est quelque chose qui la passionne et c'est là qu'elle laisse "infuser"  (idée d'un roman). Daphné a aussi un langage codé, dont on retrouve les termes, dont le sens est expliqué en annexe du livre. C'est parfois imagé et parlant, parfois complètement déroutant...

Elle développe une passion pour la France, à cause de son grand-père Kiki qui l'intrigue jusqu'à l'obsession. Source d'inspiration, lui aussi !

Daphné est en effet une obsessionnelle. Quand elle a une idée en tête, elle fait tout pour y arriver. Son autre obsession grandissante : écrire. Elle est incapable de s'occuper de tout ce qui est logistique et matériel (à part faire retaper les vieilles maisons). Elle a du caractère et sait ce qu'elle veut. Elle devient célèbre très tôt et l'on suit tout sa carrière littéraire. Il y a un personnage épouvantable qui apparaît parfois dans ce roman : c'est sa traductrice en France : la toute puissante Mme Butler qui publiait sous son nom de jeune fille, Denise van Moppès, capable de convaincre l'éditeur (Albin Michel) de retirer des nouvelles d'un recueil  parce qu'elle les trouve "peu crédibles" ou "ennuyeuses", ce qui ne l'empêche pas de se planter complètement en matière de traduction, parfois ! Rebecca a longtemps été tronqué à cause de cette charmante madame ! Grande fut ma surprise quand j'ai constaté que Rebecca a été retraduit il y a peu de temps, en 2015, par Anouk Neuhoff ! La vilaine madame est décédée en 1968 et c'est un autre traducteur qui a pris le relais pour les derniers livres de Daphné du Maurier : Maurice-André Endèbe. Pas trop sympa avec elle non plus. Cet aspect "traduction" m'a bien amusée ! Je me suis demandé si tous les autres livres sont toujours avec la version de "l'affreuse"... Je ne manquerai pas de vérifier en librairie. :)

Mis à part sa traductrice française, Daphné aura à souffrir toute sa vie d'être considérée par certains critiques comme un auteur de romans à l'eau de rose, de la romance etc., alors que c'est tout le contraire ! Ce qu'elle écrit n'est pas franchement rose, mais bien noir, gothique et d'un suspense infernal. Moi qui déteste les romances bluettes depuis toujours, je n'aurais pas dévoré ses deux romans les plus connus vers 12-13 ans. C'est le suspense, le côté alambiqué de ses personnages qui me tenait en haleine. On lui reprochait d'être populaire, vendeuse de best seller comme si c'était synonyme de mauvais écrivain. Ce qui est faux, bien sûr : il y a de tout parmi les auteurs et les romans " best seller", comme pour les autres qui n'ont pas cette chance.

J'ai dévoré le roman en une semaine à peine : j'ai beaucoup aimé. C'est un roman fouillé, Tatiana s'est vraiment documentée, elle est partie sur les traces de cette écrivain qui est sa préférée, si j'ai bien compris. L'édition du Livre de Poche est agrémentée de photos.
J'ai peut-être un peu moins accrochée pour la période à partir de 1969.

Une invitation à approfondir la connaissance de son oeuvre et un bel hommage à l'écrivain.
Il y aurait encore beaucoup de choses à dire mais je vous laisse découvrir...
Lien : http://milleetunelecturesdem..
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Quel bonheur que cette biographie ! Pas lue à sa sortie je ne sais pourquoi.
Et là subitement, après avoir appris qu'une nouvelle traduction de Rebecca était à présent disponible et en poche en plus, je décidegrâce ou bien "à cause" de Babelio de plonger d'abord dans la bio de Tatiana de Rosnay avant de re-plonger dans Rebecca nouvelle traduction.
Bon j'ai assez raconté ma vie. Un véritable bonheur que cette biographie pour moi qui déteste ce genre. Ici c'est quasiment le roman de sa vie que nous conte l'auteur et ça rend Daphné du Maurier si proche que ça en devient troublant.
En complément Je recommande la vidéo du cours de Marie Darrieusecq à L E.N.S quant à l'accusation de plagiat dont a été victime Daphné du Maurier.
https://www.youtube.com/watch?v=KUiEdVV3J1k
Je viens d'amorcer la relecture de REBECCA en nouvelle traduction. Un véritable régal.
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Superbe biographie, qui se lit avec plaisir, comme un bon roman... Tatiana de Rosnay s'est attachée à nous présenter son auteure favorite avec beaucoup de justesse. Je ne connaissais pas du tout Daphné du Maurier, et j'ai trouvé cette biographie passionnante. La vie de l'auteure a été marquée par des lieux, des maisons, mais aussi par des personnes. On a plaisir à découvrir tout cela...
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Ce fut une fille puis une femme intéressante et originale Daphné du Maurier, et Tatiana de Rosnay raconte très bien ce qu'a été sa vie ; c'est un livre passionnant qu'elle a écrit, l'histoire de l'auteure de "Rebecca" est un gros bouquin, fort bien documenté, qui se lit rapidement et facilement et qui insiste sur la passion de l'écriture, la naissance du processus de création littéraire.
La personnalité forte et le besoin de liberté de la romancière anglaise sont bien rendus ; petite fille, Daphné ne s'entend pas très bien avec sa mère, elle aurait voulu être un garçon et d'ailleurs elle porte en elle un double, de nature masculine, à qui elle a donné le nom d' Eric Avon et qui réapparaît de temps à autre. Elle n'aime pas les mondanités de ses parents, dire bonjour, sourire, et elle restera toujours ainsi, à fuir le monde et les assemblées nombreuses.
Elle est née en 1907, deuxième d'une famille de trois filles et son père, dont elle est la préférée, est un acteur connu qui sera annobli ; sa mère a abandonné son métier d'actrice quand elle s'est mariée. Il y a de l'argent, Daphné, ses deux soeurs et ses parents vivent dans une certaine opulence, belle et grande maison, domestiques, réceptions...
Vers l'âge de seize ans, Daphné va à Paris, la ville de son grand-père surnommé Kiki, qui était à moitié français ; elle y fréquente un pensionnat pour jeunes filles et se lie avec Mlle Fernande Yvon, qui a des "favorites" dont Daphné fait vite partie... C'est sa première grande histoire d'amour.
Assez vite Daphné écrit, des poèmes surtout au début, et pour cela, elle a besoin de tranquillité, de liberté ; elle aime les Cornouailles où la famille a une maison de vacances, et quand elle n'écrit pas, elle passe son temps à nager, naviguer, pêcher, s'habiller en marin. Il lui faut un coin à elle, un endroit où elle s'isole pour faire mûrir ses textes, pour "travailler ardement, complètement habitée par ses personnages".
Puis elle publie des nouvelles et enfin, à vingt-deux ans, son premier roman "L'amour dans l'âme", qui restera son préféré longtemps. Ecrire est une nécessité pour elle et elle souhaite vivre de sa plume, gagner son propre argent, ne pas dépendre de son père ni de son mari... Elle épouse "sans chichis" en 1932 un officier auréolé de gloire, Tommy Browning, part avec lui et sa première fille en Egypte où elle est très malheureuse : elle ne rêve que de falaises, de petites pluies, de beaux paysages et de fraîcheur, le désert ne l'inspire absolument pas.
Après un livre sur son père, Sir Gerald du Maurier, décédé puis un roman "L'auberge de la Jamaïque" qui ont été des succès, elle écrit "Rebecca" dans lequel elle s'investit tellement qu'elle délaisse ses deux filles. Daphné a trente et un ans et son livre est un immense succès. Quelle adolescente ou jeune femme n'a pas lu "Rebecca" ?
Selon son inspiration, elle va écrire des biographies, en particulier celle de Branwell Bronté, le pauvre frères des soeurs Bronté, d'autres romans "Les parasites", "Ma cousine Rachel", des nouvelles dont "Les oiseaux" qui seront un grand succès mis en film par Hitchcock ; elle produira aussi ses mémoires à soixante-dix ans parce qu'il faut vivre et donc écrire...

C'est une femme qui aime les maisons, en tout cas certaines maisons, et en particulier "Ménabilly" qui a servi de modèle à "Manderley" la maison de "Rebecca" ; elle vivra plus de vingt-cinq ans à Ménabilly comme simple locataire. Dans son livre T. de Rosnay a glissé quelques photos, on y voit les maisons que Daphné a aimé et où elle a vécu, de grandes et belles maisons qui apparaissent ensorcellantes et qui souvent l'ont inspirée.

Déjà, Fernande lui avait posé la question au tout début de savoir "pourquoi les écrits de la jeune fille sont-ils aussi lugubres, noirs, alors qu'elle est drôle et gaie dans la vraie vie ?" Elle n'a jamais su répondre à cette question et sera d'autant plus en colère qu'une certaine presse la considère comme un auteur romanesque ! Elle pense, elle, réussir "ce panachage unique du subtil et du sinistre qui la caractérise aux yeux de ses millions de lecteurs."

Daphné du Maurier était une femme incroyablement moderne, en avance sur son temps en ce qui concerne l'indépendance et le désir de liberté ; Tatiana de Rosnay est possédée par son sujet, elle aussi est "habitée par son personnage" cette auteure qui a été son idole et son modèle. On sent une vraie relation entre les deux écrivaines qui ne se sont jamais rencontrées, dommage, elles auraient sûrement eu beaucoup à se dire !



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