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EAN : 9782868535818
147 pages
Le Temps qu'il fait (25/10/2012)
5/5   1 notes
Résumé :
Voici cinq nouvelles qui mettent en scène des figures de femmes, femmes d'aujourd'hui, inscrites dans la vie sociale et ouvertes sur le monde, ou femmes de toujours, souveraines dans leur désir de plénitude en dépit des situations infériorisantes qui leur sont faites. Femmes différentes, car éprises d'art ou de littérature, femmes ordinaires cependant, engagées dans leurs sentiments avec une sincérité entière. Pétries de lumière et de solitude, elles sont saisies au... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Librairie Atout-Livre-Paris 12e- Choisi en fouinant au hasard...décembre 2012-- Lu le 4 octobre 2022

***Une découverte sensationnelle, dont j'ai eu beaucoup de mal à me défaire, comme lorsqu'on quitte à regret un ami !!...

Déjà trois semaines que j'ai achevé ce recueil de nouvelles magnifiques. Généralement, sauf cas d'exception un recueil de nouvelles comporte des différences de tension, de densité. Des déséquilibres se font très fréquemment.

Dans ce volume, rien de tout cela ; on accompagne avec le même suspens et la même curiosité ces cinq portraits de femmes.
Des figures de femmes du présent, seules ou mal accompagnées, avec chacune des métiers plus ou moins satisfaisants, qui ont toutes, en dénominateur commun, une égale exigence d'une vie autre, avec l'envie de cultiver et d'exercer un talent particulier: l'une , la lecture, trois autres, le dessin et la peinture, une cinquième exerçant avec passion le métier de Bibliothécaire...

Chacune a des failles, des douleurs anciennes dans leur enfance ou dans une vie de couple, médiocre. Elles aimeraient bien sûr , ne pas être seules; toutefois elles préfèrent, chacune s'épanouir avec ce qu'elles aiment, ce qui les fait vibrer...et ces noyaux vitaux ont tous à voir, avec l'Art, la création...

" Avec John Fante" , l'une de mes préférées, elle met en scène Louise, épouse ayant décidé de se séparer de son mari, Xavier, englué dans une routine et une inertie désespérantes; leur fille Clotilde, jeune adulte, plus proche du caractère paternel, comprend très mal la décision de sa mère. Crise existentielle, avec bien sûr une solitude toute nouvelle,à assumer .Toutefois, Louise trouve un vrai réconfort dans la lecture et en l'occurence dans l'oeuvre et le ton déjanté de John Fante...

" Maison au bord de la voie ferrée "
Un frère, Simon retrouve après une assez longue absence, sa soeur, Paula.Tous les deux ont vécu très différemment une mère toxique et envahissante...Paula, se sentant de plus, différente des enfants de son âge, se réfugiera très tôt dans la solitude et dans la peinture.
Elle quittera sa famille, se retirera dans un domaine isolé, et réussira sa carrière de peintre, même si elle reste "sauvage" et limite ses relations sociales...
Simon , à la mort de la mère, veut retrouver sa soeur. Lui, qui semblait très soumis à cette mère possessive et destructrice, confie à Paula, qu'il n'avait pas son courage, avait trop besoin d'être aimé. Alors, il a " plié " devant la Mère...la sensation d'un vaste gâchis et d'un immense malentendu entre le frère et la soeur!
Simon, sans la mère, n'a plus rien, alors que Paula a sa peinture, pour la faire tenir debout !


" Dans le champ de pommes de terre"

Nathalie, 39 ans, célibataire, a candidaté pour un poste de Bibliothécaire dans le Sud de la France, loin de sa province d'origine ; Sa candidature est retenue à sa grande surprise: elle quitte donc tout ce qui faisait sa vie jusque-là : les amies, sa région natale...un certain confort de vie, pour recommencer seule , ailleurs.
Elle s'implique avec enthousiasme dans son travail de bibliothécaire, sympathise avec un lecteur singulier, Sylvain, agriculteur de son état, empruntant beaucoup de livres, dont ceux de Brautigan, Faulkner...qu'il affectionne tout particulièrement....Sylvain lui louera une vieille grange aménagée...Tous les deux, avec leur passion des livres, arriveront-ils à s'apprivoiser ?


" Les Beaux jours"

Marlène et Greta, des soeurs jumelles,jeunes adultes aux caractères diamétralement opposés , vivent ensemble, avec leur mère...
Marlène, dans la séduction et les papillonnages...a bien du mal à comprendre Greta, si sauvage et avide de solitude; Greta est consciente d'être "en décalé " mais sa peinture lui suffit et accapare toute son énergie.

Elles seront invitées ainsi que leur mère par un voisin, artiste nombriliste, qui à défaut de pouvoir séduire Greta vers laquelle il est attiré, prendra dans "ses griffes"Marlène et aussi la mère .A cette découverte déplaisante, Marlène se vengera de la plus façon, et se rapprochera, retrouvera une nouvelle complicité avec son " artiste de soeur"

C'est ce qui m'a transporté....des femmes entières , idéalistes, différentes qui se battent pour assumer une vie en accord avec leur personnalité , leurs curiosités artistiques, littéraires...En dépit de moments de crise, d'angoisse existentielle...elles avancent avec détermination, et une belle lumière , même si pour cela, il faut choisir d'assumer de vivre seules...!

Je découvre avec moult enthousiasme cette auteure, qui a aussi écrit pour la Jeunesse...Deux autres textes chez cet excellent éditeur, " le Temps qu'il fait" m'attendent, dont " Les Royaumes obscurs" que je vais m'empresser d'acquérir !

(**Sans oublier , en passant, une grande envie relecture de John Fante, dont l'auteure nous parle avec une " gourmandise " communicative, dans la première nouvelle, qui donne le titre au recueil...)

....Et la dernière nouvelle, " Couleurs d'automne ":

Marcia, artiste- peintre, installée au Canada avec son mari, doit revenir en France, pour les obsèques de son père.
Un moment à la fois douloureux et émouvant...un deuil qui va obliger Marcia à se poser et ,par le flot émotionnel causé par le décès paternel , tout remettre en question, dont sa vie de couple.Comme pour les autres figures féminines , Marcia se réfugie et s'épanouit à travers sa peinture !

"- C'est en cette saison que j'ai commencé à dessiner, reprit-elle au bout d'un moment ; l'année où ma mère est morte. J'utilisais les crayons de couleurs, uniquement. Cette lumière d'automne...elle me bouleversait., creusait en moi un autre vide douloureux, insupportable. Il fallait que je m'en empare, que j'essaye d'en fixer des bribes pour qu'il ne m'aspire pas. Je me souviens si parfaitement de ça, de mon mal-être de petite fille qui ne comprenait pas ce qui lui arrivait ni pourquoi elle n'éprouvait pas les mêmes émotions que les autres. Je dessinais des arbres ou des maisons ou mon père (...)
Je m'arrangeais comme je pouvais avec la réalité, en somme."

Des portraits de femmes, auxquelles on s'attache spontanément...tant elles sont toutes à la fois créatives et "écorchées vives"...avec autre fil conducteur, irrésistible : l'amour de la Littérature et des livres, qui aident à vivre si merveilleusement...j'achève ce très long billet par un dernier extrait :

"Avec John Fante
Louise n'écoutait plus, le rire la prenait, une phrase de " La Jument verte" lui revenait qui illustrait parfaitement le monde qu'évoquait sa fille:" Et le village sommeillait, perclus, ossifié était triste comme un dimanche au paradis". Marcel Aymé était un de leurs auteurs culte, jadis, elle en connaissait par coeur des pages entières et elle avait souvent pensé- et encore aujourd'hui- que ces premières lectures ironiques et lucides l'avaient marquée à vie."





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Avec John Fante

Louise n'écoutait plus, le rire la prenait, une phrase de " La Jument verte" lui revenait qui illustrait parfaitement le monde qu'évoquait sa fille:" Et le village sommeillait, perclus, ossifié était triste comme un dimanche au paradis". Marcel Aymé était un de leurs auteurs culte, jadis, elle en connaissait par coeur des pages entières et elle avait souvent pensé- et encore aujourd'hui- que ces premières lectures ironiques et lucides l'avaient marquée à vie.

( p.21 )0
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Couleurs d'automne

- C'est en cette saison que j'ai commencé à dessiner, reprit-elle au bout d'un moment ; l'année où ma mère est morte.J'utilisais les crayons de couleurs, uniquement. Cette lumière d'automne...elle me bouleversait., creusait en moi un autre vide douloureux, insupportable. Il fallait que je m'en empare, que j'essaye d'en fixer des bribes pour qu'il ne m'aspire pas.Je me souviens si parfaitement de ça, de mon mal-être de petite fille qui ne comprenait pas ce qui lui arrivait ni pourquoi elle n'éprouvait pas les mêmes émotions que les autres. Je dessinais des arbres ou des maisons ou mon père (...)
Je m'arrangeais comme je pouvais avec la réalité, en somme.
( p.137)
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Les beaux jours

L'enchantement avec cette peinture que je peux étendre à l'infini jusqu'à la teinte des rêves, celles affaiblies mais scintillantes du jour naissant et du soleil montant.
Moi Greta je peins, c'est un besoin comme de boire quand on s'est desséché au soleil, un besoin tellement impérieux qu'il m'effraye et me dessèche la bouche comme une vieille honte ou un désir obscur.
( p.92)
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Avec John Fante

" il était un chien pas un homme, un simple animal qui en temps voulu deviendrait mon ami, remplirait mon esprit de fierté, de drôlerie et d'absurdités. C'était un misfit et j'étais un misfit..."

Quelque chose l'étreignait; elle leva les yeux, aspira l'air poisseux d'humidité, profondément. Ce bouquin allait être son oxygène pour le week-end, elle le sentait.Partir.
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Avec John Fante

Elle finit le bouquin de Fante dans la soirée. Elle lisait plus légèrement, comme si elle connaissait déjà l'histoire ou si son intérêt depuis midi avait faibli.Et c'était un peu ça, la fin la fit sourire et lui serra le cœur mais ne l'étonna pas et, sur la couverture du livre refermé, l'image pathétique de la tête du chien pourvu de lunettes rejoignait en correspondance celle des deux vieux hommes partis à la recherche de l'émerveillement.

( p.125)
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