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Myriam Bellehigue (Traducteur)
EAN : 9782330183943
272 pages
Actes Sud (01/11/2023)
3.74/5   41 notes
Résumé :
Sara, arrivée d'Inde pour étudier dans une prestigieuse université britannique, résiste à un profond sentiment de solitude en consacrant son temps libre à la poterie. Ces moments de réconfort sont aussi l'occasion de convoquer ses souvenirs d'enfance, marqués par la figure de celui qui lui a enseigné cet art, Elango, un Hindou mis au ban du village parce qu'il est tombé amoureux d'une musulmane.
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique

De construction classique, le roman s'ouvre sur le journal de Sara qui entreprend des études littéraires dans une grande université britannique bien loin de Kummarapet, petite ville indienne. D'abord simple récit d'exil, le roman prend une autre envergure lorsque Sara découvre l'atelier de poterie qui va réveiller ses souvenirs d'enfance. le roman se transforme alors en un long flashback, histoire dans l'histoire, où l'on retrouve Sara enfant, ses parents et sa petite soeur, ses voisins et surtout Elango, qui va lui faire découvrir la poterie.

La nostalgie de l'enfance sera bouleversée par un drame dont Elango sera la première victime.
Tout commence par un rêve.
"C'était un cheval en feu. Il errait sous la mer, crachant des flammes, et quand il secouait sa crinière, les vagues rougeoyaient, et quand il surgit hors de l'eau, il était haut comme un arbre et le feu qu'il crachait produisit un son de papier froissé. Il surplombait la maison basse d'Elango. Les flammes léchèrent d'abord les sabots de l'animal, puis ses canons longs et robustes, et quand elles atteignirent le museau, Elango se demanda avec inquiétitude si le cheval n'allait pas exploser sous l'effet de la chaleur. Il avait bien fait un trou pour laisser sortir l'air ? L'angoisse finit par se frayer un chemin à travers son sommeil agité, il ouvrit les yeux d'un coup. "

Ce rêve d'un cheval d'argile grandiose, que ses ancêtres potiers fabriquaient pour le temple, devient une preuve d'amour qu'Elango destine à Zohra, la jeune musulmane dont il est épris. Or en Inde, les mariages mixtes ne sont pas tolérés et l'oeuvre d'art qui devait rassembler au-delà des préjugés, devient un objet de haine.

Il y a quelque chose du cheval de Troie dans cette sculpture, où sont gravés des mots ourdous, d'abord par un calligraphe aveugle, puis par Zohra, la bien-aimée.
" Chevauche ton esprit libre et vagabond
Jusqu'au ciel."
Mais les fanatiques religieux repoussent violemment les esprits libres et le cheval, bien qu'il soit une oeuvre d'art et un hommage aux ancêtres, sera détruit avec rage.

Le retour vers le journal de Sara nous permettra de découvrir le destin d' Elango et de Zohra, mais aussi celui du petit chien qui lui aussi avait momentanément réussi à rassembler les habitants de la petite ville.
Cette histoire d'amour impossible, avec en toile de fond la situation en Inde, m'a laissée à distance des personnages et des situations. Certes l'histoire, la construction et l'écriture sont plutôt classiques mais il m'a surtout manqué une authenticité et une singularité dans la voix de Sara qui porte l'histoire.


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Cela arrive parfois, avec un auteur dont on a aimé tous les livres précédents, d'être soudain moins touché par son dernier roman en date, sans que l'on sache véritablement en expliquer les raisons. Avec Anuradha Roy, le coup de foudre avait été immédiat, en commençant par son premier roman traduit en France, en 2011, le somptueux Un atlas de l'impossible. Les ouvrages suivants n'engendrèrent aucune déception, bien au contraire, avec en particulier le merveilleux Toutes ces vies jamais vécues. Mais avec le cheval en feu, la magie n'a pas opéré, est-ce la faute de l'écrivaine ou de son lecteur habituellement énamouré, pour une fois pas conquis, qui n'est quand même pas à vouer le roman aux gémonies. Il y a dans le livre deux histoires en une, celle d'une étudiante indienne en Angleterre qui souffre un peu de l'exil et celle de ses souvenirs de son pays, avec son père encore vivant, un chien errant recueilli et surtout, l'amour de son professeur de poterie pour une jeune fille d'une autre religion que la sienne, le genre d'idylle susceptible de provoquer l'opprobre des communautés impliquées, hindoue et musulmane. Sachant que Anuradha Roy a suivi des études à Cambridge, à la période dont il est question dans le cheval en feu, et qu'elle aime s'adonner à la poterie, il est possible que la double intrigue ait quelques résonances autobiographiques. Mais peu importe, au-delà du triptyque travail, famille, poterie, il y a quelque chose de mélancolique mais aussi de nonchalant dans ce récit qui ne parvient pas à nous emporter sur les ailes du romanesque malgré les ingrédients qu'il contient : amitié, amour, nostalgie, violence ... le mystère du manque d'enthousiasme de votre serviteur ne sera pas élucidé et ce n'est pas si important. Celui-ci sera fidèle au prochain roman de la native de Calcutta, sans l'ombre d'un doute.
Lien : https://cinephile-m-etait-co..
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Le Cheval en feu est un petit bijou dont je vous invite à ouvrir la boite pour y découvrir le trésor de beauté qu'il renferme : un roman total, aux accents tantôt poétiques, tantôt mythiques, irrigué par des thèmes existentiels. Sublime !


C'est par le prisme de son journal intime que nous découvrons Sara, une jeune Indienne fraîchement arrivée à Londres pour y poursuivre des études de littérature. Afin de combler sa solitude, elle s'adonne à une passion de l'enfance depuis longtemps délaissée : la poterie. La magie opère puisque le contact et l'odeur de la glaise suffisent à faire ressurgir les souvenirs de ce temps révolu ; nous plongeons d'abord pleinement avec la narratrice au coeur des années 1970, dans son univers natal de Kummarapet, avant d'être happés, grâce à Elango, un artisan potier, par un récit aux accents mythiques.

D'emblée, j'ai été emportée par le pouvoir évocateur des mots et des images qui m'a permis de vivre au rythme des habitants de cette petite ville de l'Uttar Pradesh : au fil des pérégrinations des personnages, on prend plaisir à goûter aux savoureux laddu et biryani, à écouter les histoires « incroyables et sans fin » d'Elango dans son autorickshaw, ou encore à se prélasser au pied du moringa. Et que dire des descriptions des gestes à la fois méthodiques et passionnés du potier, hérités d'une longue lignée d'artisans, qui donnent aux lecteurs l'impression d'être au contact de la glaise, de façonner « la terre informe » et de créer de « magnifiques poteries » ? Elles offrent au roman des pages divines de sensualité.
Par contraste, cette écriture pudique et suggestive fait ressortir d'autant plus brutalement la violence inouïe qui émerge subitement à l'occasion d'un match de cricket ou d'un attroupement devant une sculpture jugée scandaleuse. Kummarapet apparaît en ce sens comme le microcosme de cette région du monde qui voient se déchirer, depuis la partition des Indes, communautés hindoues et musulmanes.

Si le dépaysement est d'abord géographique, il est aussi temporel : Raghav, le père de Sara, et Elango ont le pouvoir de transfigurer la réalité quotidienne en récits d'un autre âge. Leur appréhension du monde singulière et poétique déplace le regard de la jeune Sara - et celui des lecteurs - et confère aux événements, banals ou violents, une dimension poétique et mythique éblouissante. Pour preuve, la magnifique histoire d'amour qui se déploie dans le roman entre le potier hindou et une jeune femme musulmane ; à « l'espace qui les divise, un charnier de chair humaine calcinée et ensanglantée, une immense crevasse dans la terre, une gueule ouverte prête à l'engloutir », Elango oppose la beauté des signes du destin, des songes et de l'art incarnés en ce cheval de terre cuite décoré de vers ourdous.

Loin d'épuiser l'oeuvre d'Anuradha Roy, le détour par le mythe permet enfin d'aborder avec une acuité magistrale les thèmes existentiels qui irriguent le roman avec le douloureux passage de l'enfance à l'adolescence : les premiers émois amoureux, la communication difficile avec les êtres qui nous sont chers, la perte de proches admirés partis prématurément, le sentiment de ne pas être à sa place, etc. Les va-et-vient temporels donnent l'impression que les époques se répondent et que la compréhension du présent s'éclaire à la lecture du passé. le cheminement introspectif et mémoriel permettra-t-il à Sara de se réconcilier avec elle-même et de « chevaucher son esprit libre et vagabond / Jusqu'au ciel ? » le Cheval en feu est aussi un sublime roman d'apprentissage !
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Sara est à l'université en Angleterre. Elle vient d'Inde et tente de retrouver une activité familière pour elle : la poterie. Elle nous emmène entre le présent et ses souvenirs en Inde. On rencontre son professeur de poterie, Elango, hindou tombé amoureux d'une musulmane. C'est autour de l'histoire de la fabrication d'une de ses oeuvres, un cheval géant en terre cuite, que Sara, nous présente un homme atypique, passionné, prêt à se mettre en danger par amour. On découvre aussi son histoire familiale autour d'une mère chargée du courrier des lecteurs d'un journal, les chamailleries avec sa soeur et la maladie de son père.
Le style poétique, l'alternance des histoires qui s'imbriquent donnent un récit magnifique. Anuradha Roy est une formidable conteuse qui nous plonge dans une histoire tantôt pleine de tendresse avec des tournures lumineuses tantôt sombre. On se retrouve dans une sorte de monde féérique de la création implantée dans un monde qui peut être très violent et intolérant.
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Sara, originaire de l'Uttar Pradesh, fait ses études dans une université anglaise. Avec sa maigre bourse, elle ne peut se permettre aucun excès. Aussi, passe-t-elle son temps libre dans l'atelier de poterie, activité gratuite au sous-sol de l'église.
Là, elle rencontre celle qui sera sa meilleure amie, Karin Wang, une jeune malaisienne excentrique. Mais surtout, elle revit la passion de son enfance apprise auprès d'Elango, un potier hindou avide de rêves.
Fille d'un passionné de géologie et d'une journaliste, Sarayu vit dans une petite zone pavillonnaire de l'Uttar Pradesh. Chaque jour, Elango, potier et conducteur d'un autorickshaw, l'emmène à l'école avec sa soeur Tia et d'autres fillettes. Chaque semaine, il lui donne des cours de poterie.
Elango est un jeune homme rêveur, prompt à perpétuer l'art de son grand-père. Au bord de l'étang, il entreprend de modeler le cheval de feu aperçu dans ses rêves, ce cheval d'argile autrefois fabriqué chaque année à Kummarapet, le village des potiers.
Ce cheval sera aussi le symbole de son amour pour Zohra, une jeune musulmane, fille du calligraphe aveugle.
Mais cet amour est mal vu par la communauté du village et surtout par Akka, une voisine un peu sorcière. En gravant sur le cheval une poésie en ourdou, langue des poètes mais aussi des mollahs, Elango devient la cible des émeutes déclenchées par Akka.
A cette époque, Sara n'est qu'une enfant. Certes, elle a déjà vécu de telles émeutes suite au match de cricket entre l'Inde et le Pakistan. Mais elle ne voit pas le danger et profite de la présence d'Elango et de son chien Chinna.
Ensuite, elle gardera un sentiment de culpabilité vis à vis d'Elango.
Malgré le sentiment de liberté ressenti en Angleterre, Sara peine à s'intégrer. Elle garde la nostalgie de son pays, et pense souvent à son père disparu.
Son amitié avec Karin est soumise à quelques épreuves. Elle subit aussi quelques attaques racistes.
Sara devra trouver son cheval de feu, peut-être en rendant hommage à Elango. Si la mémoire est défaillante, il faudra modeler le passé.
Anuradha Roy construit un roman sensible à partir des souvenirs d'une jeune fille éloignée de sa famille et de son pays. Un environnement qui l'a pétrie avec ses joies et ses douleurs. L'auteur draine en toile de fond la situation sociale du pays. Émeutes violentes depuis la partition, actes criminels, peur des femmes, expropriations, poids des traditions sont évoqués pour comprendre le destin des personnages. Sara, la présence réconfortante de Chinna, la création artistique, le soutien familial et amical apportent de la douceur et de la tendresse à ce récit douloureux d'un amour interdit puni par l'intolérance d'arrivistes jaloux.

Un roman sensible et éclairé.
Lien : https://surlaroutedejostein...
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Une nuit, un cheval de terre cuite le visita en songe : ses naseaux crachaient du feu, il avait des yeux de braise et il s'adressa à lui si clairement que le potier comprit chacun de ses mots. S'il apprenait à chevaucher ce cheval de feu sur la terre et sous l'eau, la femme serait à lui. Il se réveilla avec la certitude que ce cheval devait voir le jour et que cétait à lui de le créer.
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Peut-être que, en digne fille de ma mère, je ne lui raconte rien moi non plus. Mes lettres sont des missives enthousiastes expédiées d’un nouveau monde, un journal d’infinies possibilités, des descriptions de lieux et de gens.
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Chevauche ton esprit libre et vagabond
jusqu’au ciel.
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Remplis les trous. Travaille à partir de la terre que tu trouveras. Un potier sait faire ça.
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Vidéo de Anuradha Roy
LE FESTIVAL AUQUEL VOUS AVEZ [HÉLAS] ÉCHAPPÉ !
Cette année, Oh les beaux jours ! aurait pu prendre une couleur indienne. L'Institut français nous avait proposé d'accueillir des auteurs indiens. Et puis le confinement est arrivé, de #Marseille à #Dehli, et nos échanges n'ont pu hélas aboutir. Nous avons tout de même eu envie de vous faire découvrir la voix d'Anuradha Roy, traduite en français chez Actes Sud.
À lire : Anuradha Roy, Toutes ces vies jamais vécues, Actes Sud, 2020. Traduit de l'anglais (Inde) par Myriam Bellehigue .
http://www.ohlesbeauxjours.fr
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