Greg Rucka et
Michael Lark ont imaginé un monde futur contrôlé non par des Etats souverains mais par de grandes familles richissimes, qui se sont partagé la planète pour leur seul profit. A la tête des entreprises les plus lucratives du marché mondial, ils maintiennent leur place en asservissant économiquement les populations – puisqu'ils décident qui a le droit de travailler ou non – et évidemment, en matant toute forme de révolte à l'aide de leurs puissantes armées privées. Bien sûr, les conflits entre familles existent, comme les bonnes vieilles guerres d'antan entre nations, mais une autre pièce est venue s'ajouter à l'échiquier, bien plus terrifiante que la très crainte Reine des échecs : le Lazare.
Chaque famille a son Lazare, un homme ou une femme, sur-entraînés, de véritables machines à protéger et punir humaines, à la pointe de ce que la technologie du moment peut donner. Et carrément conçus pour survivre à tout, voire de revenir d'entre les morts. Et toute l'histoire de Lazarus est construite autour du Commandant Forever Carlyle, fille du patriarche Malcom Carlyle, et Lazare de la famille. En suivant la vie de Forever, c'est tout ce monde de demain, sombre et pas vraiment réjouissant, que
Rucka et Lark nous invitent petit à petit à découvrir. Et à assister aux petits secrets, mensonges et manipulations d'une famille aussi prête à en découdre avec elle-même qu'avec ses pires ennemis...
Ce premier volume s'ouvre par une scène absolument spectaculaire et mémorable… que je je ne dévoile pas ici (bah non) et qui plonge immédiatement dans le vif du sujet. Il faut ensuite un peu de temps pour comprendre ce qu'est devenu le monde, qui a redémarré en l'an X, le jour où je cite la chronologie présente en fin de volume : « les seize familles les plus puissantes financièrement au monde se réunissent à Macao pour établir les règles visant à solidifier leurs positions et à éviter autant que possible les « chevauchements malheureux » comme celui qui était survenu en Indonésie. Ces négociations permettent les « Accords de Macao » mettant fin par le fait au contrôle des gouvernements ».
C'est – outre le fait de faire (re)découvrir une oeuvre majeure des comics – tout l'intérêt de cette réédition par Urban : a été ajoutée toute une partie permettant de complètement s'immerger dans Lazarus. Une carte du monde « actuel », une présentation détaillée des seize familles, et donc, une frise chronologique extrêmement précise. le travail de
Greg Rucka pour construire « sa » Terre est fascinant, d'autant plus qu'il n'est après tout peut-être pas si loin de ce qui nous attend.
Le scénariste dévoile un peu son processus d'écriture dans la postface « Construire un monde » :
« Les Seize Familles devaient avoir un côté plausible, si ce n'est complètement crédible. le chemin est étroit, c'est clair, mais il est crucial, tout du moins à mes yeux. Je ne veux pas du réel pur – c'est une histoire de science-fiction après tout – mais de la plausibilité. Je veux que ce monde que nous construisons ait une qualité tactile, une réactivité, qu'il soit vivant. Et surtout dans lequel on puisse croire, ne serait-ce que le temps de la lecture ... »
Et on y croit ! Et encore plus grâce au dessin de
Michael Lark « un des dessinateurs les plus organiques, dont les personnages respirent sur la page, et dont la technique a toujours un côté tactile, brut et réel », dixit Warren Ellis dans sa préface.
Alors, vous l'aurez compris : ne passez pas à côté de ce retour de Lazarus, et attendez-vous à un vrai choc ! Et si vous aviez déjà la version publiée chez Glénat Comics (7 tomes parus) sachez que ce tome 1 chez Urban regroupe, dans un plus grand format, les 2 premiers de Glénat, et que le volume 8 Urban qui paraît en même temps reste lui au format Glénat pour que les fans de la première heure pour assurer la continuité de l'alignement sur leurs étagères...
Une délicate et esthétique attention pas si courante !
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