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Une envie de découvrir les Alpes et les Apennins en quelques jours ? Paolo Rumiz emmène le lecteur sur les routes. Par son style d'écriture, c'est comme si on y était. Dans ce récit de voyage, il n'y a certes rien d'extraordinaire mais une succession d'anecdotes riches d'informations : la description de paysages qui donne à voir la diversité de la géographie italienne, des rencontres avec des personnes détaillant la culture d'un territoire et des échanges, sur Otzi, sur les loups, sur la mythologie ou l'automobile. Une lecture agréable qui donne envie de partir sur les routes.
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Homme de voyage, homme de culture, homme de découverte, l'écrivain voyageur triestin décide cette fois de partir à la découverte des Alpes entre Suisse, Italie, Autriche et France. Il roule, marche, fait du vélo, escalade selon les moments. Il recherche les vallées perdues et les hommes qui ont su conserver leur épaisseur en échappant au modernisme forcené. Quelques scènes sont exceptionnelles comme le concert de violoncelle au milieu de la forêt ou la visite du site du Vajont où un glissement de terrain, plutôt le glissement d'un morceaux de montagne dans le lac de retenue causa 1900 morts. Un chapitre un peu décalé est consacré à sa rencontre avec Jorg Haider avec lequel il part en montagne.

Paolo Rumiz recherche ce qui est encore vivant, ce qui va peut être disparaitre, des traces de vie qui s'inscrivent dans l'histoire de l'Europe : les hommes oeuvrent de leur main, que ce soit à la tonte des moutons ou au violoncelle et savent raconter des histoires qui remontent à des temps anciens. Il recueille ses traces, il recueille les espoirs que quelque chose d'autre, d'autres valeurs, d'autres intérêts, d'autres priorités, d'autres façons de voir le monde et son rapport au monde subsistent, espérant qu'il en reste une graine qui saura peut être éclore à nouveau. La critique de la folie de mesure du monde, de la rentabilité et du progrès technologique, nouvelles divinités, est toujours présente.

La partie la plus touchante selon moi est la seconde consacrée au territoire inconnu de Appenins, cette longue bande de montagne qui s'étale tout le long de la botte italienne. Au volant d'une Fiat Topolino de 1953 il zigzague dans une Italie des oubliés, loin des métropoles, des plaines et des plages. Il découvre un monde austère et rugueux où vivent des italiens tenaces et résistants, un monde qui se dépeuple et vieillit et où des auxiliaires de vie d'Europe de l'est viennent s'occuper personnes âgés qui restent et une monde où la mémoire d'Hannibal est toujours présente.

Avant il y avait un monde partout avec de l'humanité, des vies souvent dures, aujourd'hui les humains ne veulent plus/ ne peuvent plus y vivre : parce que c'est trop dur, parce que les rendements agricoles ne sont pas assez bons, parce que les jeunes rêvent de la ville, parce que les gouvernements avaient besoin de main d'oeuvre pour l'industrie et qu'il fallait forcer les paysans à émigrer, parce que c'est tellement plus facile de rouler sur l'autoroute, de profiter des avantages des plaines, parce que ces paysans âpres, ces maisons sans confort, c'était le passé...

Mais ne pourrait-on pas permettre plus de diversité et n'avoir pas qu'une seule boussole pour nos société, d'être plus attentifs et plus respectueux de la nature.
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J'ai lu ce livre après avoir modestement voyagé dans les Appenins, au coeur de cette belle Italie rurale, joviale ou austère et moins touristique que ne le sont d'autres endroits de la botte. J'ai retrouvé chez Paolo Rumiz certaines images de mon voyage et l'air vif des montagnes.

La plume de Rumiz est à l'image d'autres récits d'explorateurs : vivace, lyrique et parfois prétentieuse. Il faut croire que plus on accumule les km plus on s'éloigne du menu fretin.

L'imaginaire que notre fiatophile déploie sur sa carte sent le fromage et le vin fort, les parallèles bibliques, les souvenirs de batailles, le paganisme, les immensités minérales, les herbes sauvages, l'air marin et les rides du bon peuple qui subsiste encore ça et là, un peu comme des elfes oubliés. Alors c'est parfois agaçant et au bout du 3e noble vieillard comparé à Abraham j'ai soupiré (et j'ai cherché les femmes). J'ai souri aussi devant cette débauche de patrimoine : cette Italie là est peut-être plus rugueuse, mais elle n'est pas moins fantasmée que celle des touristes qui, eux, la traversent en ligne droite. Paolo Rumiz est donc plus folkloriste qu'ethnologue, plus nostalgique qu'historien, plus moraliste que géographe.

Mais bon, la Toppolino est pleine de charme et au fil des pages, ce livre nous gratifie d'une plume riche, généreuse, poétique et habitée par de bien belles images (tel le monstre tellurique qui creuse les projets tunneliers de ses compatriotes). Certains de ces tableaux happent les yeux et le coeur si bien qu'en protestant quand même un peu, j'ai repris ma place sur le cuir du fauteuil passager et me voilà rendue au bout du voyage. Un livre à déguster petit à petit sous peine d'indigestion... un peu comme une plâtrée de caccio e pepe !
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Paolo Rumiz est un écrivain-voyageur, un journaliste de la Repubblica natif de Trieste (1947) . Il a également écrit L'Ombre d'Hannibal et Aux frontières de l'Europe que j'ai beaucoup aimés et qui sont des récits de voyage.

La Légende des montagnes qui naviguent raconte l'exploration des Alpes le plus souvent à vélo sur huit itinéraires de la Dalmatie à Nice en passant par l'Autriche et la Suisse. L'auteur en huit étapes descendra la botte italienne sur les Appenins à bord d'une Topolino bleue.

L'écrivain triestin commence son périple aux portes de Trieste dans les montagnes de Dalmatie.
Entre Slovénie et Croatie, il connaît les toponymes en italien, les frontières fluctuantes, auberges habsbourgeoises, kiosques post-communistes. Son voyage est imprégné d'un passé que j'ignore, je me suis perdue dans les cols et les lacs et les souvenirs de guerre. Quelle est cette armée perdue en 1915? L'effondrement plus récent de la Yougoslavie ne facilite en rien le repérage.
En revanche toutes les histoires d'ours me plaisent, surtout quand les ours nagent jusqu'aux îles ou quand ils volent le miel.
C'est un voyage à vélo ou à pied, loin des destinations touristiques à la rencontre des autochtones. Interrogation sur les identités après le démantèlement de la Yougoslavie et l'adhésion de la Slovénie à l'Europe :
Il passe alors en Autriche par "la tanière de Jörg Haider, gouverneur de Carinthie et croquemitaine du populisme alpin" qu'il va rencontrer. En ce début du XXIème siècle, il s'attarde sur cette montée de la démagogie et de la xénophobie, non seulement en Autriche mais aussi en Italie. Ce thème sera récurrent dans l'ouvrage.
Il décrit la vie des alpages, équilibre séculaire mis en danger par les aménagements hydrauliques et raconte la catastrophe du barrage Vajont (1963), dans les montagnes qui naviguent il sera beaucoup question d'eau! je découvre une montagne insolite , milieu fragile et menacé qui se referme sur lui-même.
C'est aussi l'occasion de très belles rencontres : avec l'écrivain Mario Rigoni Stern, des alpinistes ou Mauro Corona, alpiniste et sculpteur qui lui offre un couteau. Histoire d'alpinistes. Histoire de bois, de luthiers..
Je pense au film sorti récemment La Symphonie des arbres de Hans Lukas Hansen où un luthier de Crémone était à la recherche de l'arbre idéal pour construire un Stradivarius parfait dans les forêts bosniennes.
Histoires de trains, de trains italiens parfois négligés, de trains autrichiens, et surtout d'un train modèle suisse. Histoires de tunnels ferroviaires suisses et aussi de tunnels qu'on aménage sans concertation avec les riverains. Incendie du tunnel du Mont Blanc (1999)

Histoires de glaciers malades, de changement climatique....
J'ai lu avec un plaisir immense ce récit qui soulève des questions très actuelles et qui nous promène dans ces montagnes magnifiques.

la deuxième partie de la Légende des montagnes qui naviguent se déroule dans les Apennins de Savone au Capo Sud, à l'extrême sud de la Calabre.
En contrepoint, il va chercher à suivre la colonne vertébrale de l'Italie en suivant sa crête, il part

Et pour moyen de transport : une Topolino 1953 bleue, une voiture de collection, qui suscite curiosité et sympathie partout où il va passer. Ce roadtrip est presque une histoire d'amour entre lui et sa voiture qui va imprimer son rythme particulier, et ses limites (elle prend l'eau). Il sera beaucoup question de pannes, de réparations qui imposeront des étapes imprévues et des rencontres.
Les rencontres sont inattendues comme celle de la baleine des Apennins, fossile bien sûr mais inspirante. Autres mastodontes : les éléphants d'Hannibal . Hannibal sera un personnage récurrent au cours de cette expédition ainsi que Frédéric II. Cette montagne que les humains désertent est une sorte de bout du monde
"
C'est aussi le domaine du loup, et celui des bergers et des agneaux.
Si les montagnes sont désertées, les auberges sont chaleureuses
On y joue de la musique : on y apprend que la cornemuse en serait originaire. Les souvenirs historiques racontent la dernière guerre, les partisans, les Américains mais aussi un passé plus ancien des guerres napoléoniennes
L'Antiquité a laissé des noms puniques :

Il traverse aussi des villages remaniés par Mussolini où le souvenir du Duce est encore honoré avec boutiques de gadgets fascistes. L'auteur note avec humour
"Il nous suffit de savoir que, par un perfide retour des choses Mussolini repose dans la via Giacomo Matteotti; locataire de sa propre victime"
Dans les Marches, il passe par les monts Sybillins, quel beau nom, qui évoque la Sibylle, les mystères, les forces cosmiques des orages, les ermitages et les couvents, Camaldules et Padre Pio... on approche du Gargano.
.
Nous voici revenus aux eaux souterraines, comme au début de l'aventure, à ces eaux que le tunnel du TGV a volée, à l'eau qui manque...à l'exode rural. parce que la désertification des Apennins est aussi le thème principal.
J'ai pris 13 pages de notes tant j'ai été enchantée de cette lecture. Incapable maintenant de tout restituer.
Vers la fin, quand il traverse la Basilicate et la Calabre j'espère croiser des routes que nous avons parcourues en juin 2019. En vain. En revanche il détecte ce que nous n'avions pas pu voir ni entendre : l'ombre de la n'drangheta et les rapports sociaux
Un beau livre à ranger à côté de ceux de Fermor, de Chatwyn, Durrelln de Lacarrière, et de son compatriote triestin Magris.


Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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c'est le 5eme livre de Rumiz que je lis. Il a été traduit par Béatrice Vierne. Si un coq saluait le soleil depuis le Peloponnese. Ah! Patras. Patrick Leigh Fermor. j' ait lu un de ses livres sur sa ballade jusqu'en turquie jusqu'au mont Athos dans la nuit et le vent.
Les coqs Grecs, les Alpes dinariques modifient l'usage du monde. L'aspromonte qui est le grand phare de plus en plus féminin rencontre les Dieux en exil. Comme dans une caisse à savon, j'ai franchi le seuil invisible de la raison. le logos paraît retrouver un sens. Dans les jardins de Cappadoce, loin d'où règne le mensonge ou reignait les anachorètes enracinés dans leurs églises rupestres. Hendecasillable un neverin noires comme des dos de cachalots comme le Sinai l'Ucka, la porte du milieu. j'entends les ovlades sauter hors de l'eau.
La Méditerranée est une mer de montagnards. peuplee de bergers devenus des capitaines de vaisseau avec le bruit de la bora. La montagne navigue sur la Semmering. La Bora fendait le bois comme une lame. Avec des loirs en folie avec une inclinaison excessive, elles sont née des menbres . de Tom Asparsyte et de Medee. Uun beau non-lieu
, ou on se fait plumer. , couronne d'épines.. Il pleuvait des fleurs acacia . Il aime parler de la grande Guerrea à nous de pédaler en austro- hongrois comme des chevaux qui dorment debout. Frigoli Haider serrait des paluches. La faim noire ne me cherche paske pense à un voyage au Maroc. l'été, c'est trop fatiguant. Prends l'Anabase.
ll suffit qu'un hélicoptère tombe pour qu'on ait des funérailles nationales. Les récits de chasse de Léon Tolstoi. Il manque une carte de Claudio Magris. La Jurka de mon père. Ryszard Kapuscinki entre en fibrillation. Je garde en souvenir les gens du voyage qui nous interrogèrent au col du Brener pour savoir où était l'Italie, j'étais avec des copains, c'était donc au moins 20 ans avant ce livre, mais j'étais en voiture. Les plats à la Arcimboldo semblent prolonger l'hiver. l'avocat de l'ours, travailler sur l'ours c'est travailler dans le social. Ortles, il faut se priver de toute distraction et rester seul. le roi des infiltres du signor K sur le pont de Mostar. je repense à Milan et au départ du train pour Brindisi, les gens qui montent par les fenêtres. le leonardo de Vinci brinquebale. La vieille route de Goethe ou Otzi joue à la momie. Gemutlich ouate. Les routent chantent écrivait Chatwin. J'ai du mal à imaginer le parcours.
Les montagnes ont commence à naviguer. Spluga, le pas des ours avec sa toppling comme Bouvier. Refuge antiatomique de l'armée suisse. le sachertorte le pequod flotte sur la mer-archeozoique vers le canton
de Schwyz. Dans le trou du saint gothard. Les bois de robiniers du Tessin, un autre shangri-la. les tempêtes de sable du taklamakan. Kapellmeister. je pense à un voyage au Maroc. le soir tombe sur la Padanie ou à Mississippi sur le Po.
Les camaldules jouent à la bristola. Igoumenitsa je m'en souviens pas. Je me rappelle seulement la mer qui me semblait noire et l'Albanie.
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La ligne droite est le plus triste chemin pour aller d'un point à un autre dit un proverbe oriental. En route donc pour un labyrinthe sinusoïdal !

Paolo Rumiz, écrivain, journaliste et voyageur italien, a recueilli dans ce volumineux carnet de notes ses impressions au cours d'un peu plus de trois années (2003-2006) de randonnées dans les Alpes et les Apennins.

La première impression de lecture est que ce pavé est destiné essentiellement aux Italiens, et plus particulièrement ceux de la région de Trieste. Mais, au fur et à mesure des pérégrinations, on réalise que nous sommes là dans une partie de l'Europe qui, loin des centres d'agitation industrielle, conserve des traditions de respect de la nature et de conscience aiguë d'être à un carrefour non seulement de la géographie (Alpes, Balkans, Méditerranée), mais aussi de l'Histoire (César, Napoléon, Hitler) et de cultures (italienne, croate, slovène, suisse, autrichienne,...).

le rapprochement avec Sur la route du Danube d'Emmanuel Ruben est évident : ici aussi, un voyageur cultivé et curieux va à la rencontre des hommes et femmes du paysage, de ceux qui connaissent la raison d'être de la toponymie locale et de ceux qui défendent bec et ongle la sérénité de leur vallée. Quel plaisir de les suivre dans leurs découvertes, leurs descriptions, explications et anecdotes ! On ressent soudain, à leur côté, combien nous ne sommes finalement que des nomades emprisonnés dans la modernité et on réalise tout ce que nous devons aux voyages, fussent-ils réalisés par procuration.

Vous aussi, enfourchez votre cheval d'acier imaginaire et partez à la rencontre "de braconniers, de poètes-hommes des bois, de sublimes vieillards, de chanteurs d'histoires, de villages fantômes et de momies des glaciers", franchissez les cols, contemplez les monts roses et blancs, surplombez le bassin versant du Danube, creusez des tunnels, allez d'Istrie en Pannonie, revenez vers l'ouest au travers des Dolomites et le Haut-Adige, plongez sur la Suisse et terminez à Nice en passant (à bicyclette) par Barcelonnette.

Qui sait ? Peut-être rencontrerez-vous un de ces sages qui ne mourra pas puisqu'il "naîtra à l'envers" et que son compte/conte à rebours le ramènera au pays de son enfance. Verrez-vous cet ours slovène qui vient chaparder dans les poulaillers sans jamais s'attaquer directement à l'homme ? Irez-vous dans cette vallée qui lutte à main nue contre l'entreprise hydroélectrique nationale ?

le respect de la nature, cohérent avec l'admiration que lui porte Paolo Rumiz et qu'il nous fait partager, est le fil d'Ariane de ces notes apparemment décousues. Une belle leçon d'écologie appliquée donnée par ce passionnant voyage éclectique, historique, nostalgique et écologique.

Je pensais, sans doute naîvement, que l'autodénigrement était l'apanage des journalistes français, mais Paolo Rumiz s'attaque volontiers aux comportements de ses compatriotes et les Italiens me sont encore plus proches après cette lecture : ils sont, de ce point de vue, nos cousins. Je n'ai regretté que l'absence d'une cartographie sommaire qui aurait aidé le lecteur à mieux situer les vallées visitées. Par ailleurs, je n'ai pas lu la seconde partie, proprement italienne puisqu'elle concerne les Apennins (qu'une personne un peu simple appelait les "Alpes nains"), me réservant le plaisir de pouvoir butiner, de temps à autre, un chapitre ou un autre de ce riche recueil.
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Entrer dans cette légende c'est l'impression d'avoir effectué plusieurs longueurs, sans jamais en avoir eu l'expérience, mais probablement ressentir le même essoufflement – du moins cérébral tant il faut être vigilant dans sa tête pour ne pas rater les moult détails sur les parois des chapitres – et la même sensation de grandeur, de découverte, d'esthétique, une fois gravi les 560 pages. Ce qui reste, néanmoins, c'est cette avalanche migratoire de l'espace méditerranéen, du Fernand Braudel en capitaine de vaisseau montagnard.

De la Croatie à l'Italie, Paolo Rumiz nous entraîne sur un chemin de 8000 kilomètres en naviguant sur deux immenses chaines de montagnes européennes, les Alpes et ses huit pays hôtes, puis les Apennins qui traversent pratiquement toute l'Italie, couvrant plus de quinze régions de la péninsule. A pied, à vélo, en voiture mais pas à cheval, il traverse les massifs, longe les cols et, surtout, entre en communion avec non seulement la nature mais ceux qui la peuplent, animaux comme humains, humains qui en certains endroits deviennent presque une espèce en voie de disparition, les jeunes quittant ces hauteurs sauvages pour les villes où travail il y a.

Je vous fais grâce de tous les lieux cités, de tous les noms des monts et sommets qui peuplent cette Europe de roc et de granit pour vous plonger – ou plutôt grimper – à travers un périple qui éloigne du monde pour en retrouver un autre, celui des pierres qui façonnent les hommes même si ces derniers ont trop tendance à vouloir prendre le dessus. L'auteur voyageur ne fait pas que passer, il scrute, interroge et pose lui-même des petites pierres en forme de mots sur les errances d'une construction pharaonique qui n'élève que des pyramides à l'encontre de la sauvegarde de la nature, sans pour autant dénigrer la race humaine qui porte une mémoire collective. Car il va en rencontrer des « bibliothèques sur pattes » pour évoquer le passé, la résistance, les prouesses humaines face au dépouillement des conditions matérielles ; ces héros anonymes qui perpétuent une histoire au-delà des cimes. Si, hélas, la jeunesse est trop oubliée, le baroudeur montagnard n'omet pas de souligner le rôle indispensable des réfugiés qui apportent une main tendue pour s'occuper des anciens.

Quant aux autres espèces terrestres, elles sont encore là, à circuler en se moquant des frontières tels les loups, ce fameux loup italien qui a jour devint français. Ours, renards, marmottes, tous ont leur place sur versants et alpages, mais plus ou moins bien accueillis. Pourtant, un peu d'ensauvagement, dans le bon sens du terme, permettrait peut-être de continuer à naviguer sur les crêtes de l'humanité.
Lien : https://squirelito.blogspot...
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L'écrivain-voyageur Paolo Rumiz nous fait parcourir les montagnes italiennes : les Alpes, qui séparent l'Italie de l'Autriche, de la Suisse et de la France, puis les Apennins qui sont la colonne vertébrale du pays. Au total, slalomant de vallée en vallée, il va effectuer des milliers de kilomètres de Trieste et l'extrême pointe de la Calabre.
Mais c'est bien plus qu'une relation de voyage qu'il nous livre là : c'est un livre de rencontres et de réflexions sur son pays. Et des rencontres il en fera : des vétérans de 14-18, le leader autrichien Jörg Haider « croquemitaine du populisme alpin », des agriculteurs protégeant la nature et leu terroir, un luthier, l'alpiniste Walter Bonatti, le grand reporter Kapuscinski et tant d'autres, mais tous des hommes et des femmes libres défendant une culture et un art de vivre en danger. Et le regard sur l'Italie de l'homme en colère Paolo Rumiz n'est pas tendre.
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Livre profond et vaste qui nous éclaire sur ces régions de l'Europe alpine. Un livre de chevet que l'on peut lire et relire, tant il s'engage sur toutes sortes de thèmes. Un livre qui prend son temps. Livre de géographie politique. Un puissant témoignage écologique. Un cri pour la terre. Un livre de voyage, de rencontres, sous une plume de référence. Un écrivain voyageur de talent que je découvre. Indispensable !')
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Paolo Rumiz est un journaliste très très passionné engagé et envoûté par son Italie rustique des montagnes qui appartiennent encore ça et là aux montagnards d antan
Un récit captivant et intéressant grâce aux échanges avec des personnes du terroir dotées d une mémoire indélébile
Un chef d oeuvre qui atteindra tous ceux qui aiment l Italie et veulent apprendre davantage du suc qui l anime

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