Voici une lecture surprenante. Nous y suivons le personnage de Barbara, qui a entrepris de brillantes études en droit, mais qui se voit fermer toutes les portes car elle est une femme. Pour les hommes qu'elle côtoie, elle n'est qu'un corps et ils ne peuvent l'imaginer à un poste plus grand que celui de secrétaire. Lassée, elle se dirige vers le mannequinat afin de profiter d'eux. Elle découvre lors d'une séance photo la moto qui va devenir l'instrument de sa liberté.
J'ai trouvé cette lecture étonnante, car, pour sûr, elle sort de celles dont j'ai l'habitude par son anticonformisme. On y trouve des passages crus sur la société française et une piètre image des Français modernes. J'ai été marqué par le féminisme de son auteur. En effet, je ne m'attendais pas à trouver dans ce livre une telle valorisation de la femme et une telle conscience de la place diminuée qu'elle occupe dans la société (le livre a été écrit en 1971). Barbara gagne en liberté grâce à la moto qui lui permet de se mesurer aux hommes les plus doués et surtout de se dépasser elle-même. Les défis qu'elle relève à moto lui permettent de se connaître et de connaître ses limites.
Bien qu'il y ait pour moi quelques longueurs, c'est une lecture rythmée de mille aventures dans laquelle on ne s'ennuie pas. L'écriture est d'une fluidité remarquable. J'ai regretté parfois la froideur du personnage principal, mais rien qui n'entache la lecture. C'était un bon moment.
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Toute bête menacée sur le plan de la concurrence vitale devient féroce, les hommes aussi. Mais dans vingt ans, quand la population du monde atteindra le niveau que nous prévoyons, donnant aux ethnies déshéritées l’avantage du numérique, le cannibalisme deviendra la règle et les beaux esprits de Paris, Londres et New York pleureront des larmes de sang.
Je disais tout à l’heure que je te voyais mal partie, Bab. J’en suis de plus en plus persuadé. Tu n’es pas tombée dans la drogue comme je le craignais, mais dans la moto. C’est pire ! Et je me demande ce que tu vas inventer de particulièrement dangereux !
Nous sommes tous candidats à l’évasion, n’est-ce pas ? Le poids de cette vie moderne est devenu trop lourd pour tous. Chacun croit réussir son évasion et s’aperçoit qu’à peine acquise, elle cesse d’exister.
- Que ferais-tu Bab, comme président du club ? … Des discours ?
- Je ne sais pas… Peut-être rouler à travers les foules, en écrasant les faux témoins, les culs bénits, les politiciens marrons, les banquiers, les inspecteurs des finances sortis de l’ENA, les industriels trafiquants de chair humaine, en somme la minorité qui opprime le peuple.
Car la femme dominée appartient au passé, la femme dominante à l’avenir.