Les bébés ont un goût salé

La cité des Noires Terres, une petite bande d'ados, plutôt sympathiques et puis Malika. Malika au père absent, elle l'appelle M Kader. Sa mère est là... de temps en temps. Fugues incompréhensibles pour l'ado qui dans ce cas s'occupe de sa toute petite soeur Malvina, un bébé encore.
Malika avance dans sa vie, elle sait que sa mère revient toujours. Elle est heureuse du départ de M Kader, même si sa mère en souffre et au collège ses profs écrivent sur les bulletins " Malika veut s'en sortir. Elle travaille bien en classe. Elle aime lire et soigne plutôt son langage".
Aux terres noires c'est la misère...Une possible échappée est proposée par le centre social à ces gamins. Quelques jours à la mer. Vie en communauté, découverte du " goût salé" et un bébé dans un sac de voyage... Programme alléchant, qui pourrait juste être du bonheur, mais le bonheur n'est pas toujours au bout du voyage.
Un livre qui se lit très rapidement et que l'on ne peut lâcher. Une banale histoire d'ados avec disputes, amitiés et amourettes ? Oui sans doute jusqu'au moment où la fin de l'histoire nous ramène dans une une réalité douloureuse.
Juste la vie.... infiniment triste.
Les livres ados sont décidément bien sombres souvent.
".... Malika, merci, et pardon de m'en aller encore une fois, sans dire quand je vais revenir. "

Pas simple, la vie de Malika. A treize ans, au coeur de la cité, elle doit gérer seule le départ de son père, les disparitions subites de sa mère et surtout cette petite soeur de cinq mois dont elle s'occupe comme une grande. le jour où le centre social propose aux gamins du quartier une semaine à la mer, Malika doit y renoncer pour jouer la nounou. Pourtant, la mer, elle en rêve Malika, elle ne l'a jamais vue en plus. Alors avec l'aide de Steven, elle va imaginer un stratagème pour partir quand même, quitte à glisser un bébé dans ses bagages...

La vie de Malika est difficile, c'est une vie minuscule et âpre, comme tant d'autres. Les cages à lapin des HLM, le collège, les trafics, les copains. J'avoue que j'ai eu du mal à croire au déroulement de l'intrigue. Des éducateurs qui laissent une gamine les accompagner à la mer avec un bébé caché dans un sac de sport, ça me paraissait totalement improbable. Mais le fait est que l'anecdote est réelle, Dominique Sampiero devait même en tirer un film. le projet n'ayant pas abouti, il en a fait un roman jeunesse. Je trouve quand même le trait un peu forcé. Je l'espère en tout cas, parce qu'un tel niveau d'irresponsabilité de la part des adultes accompagnateurs, c'est juste effrayant !

Les points forts de ce texte tiennent dans les dialogues très travaillés, d'un grand réalisme, comme les interactions entre les différents personnages. La langue est parfois poétique, à d'autres moments très familière. La bienveillance et l'altruisme alternent sans cesse avec des scènes de tension, la tendresse se mêle à une certaine forme de violence. Et puis il y a cette fin que je ne m'imaginais pas une seconde. Ce ne pouvait être qu'une happy end, pas possible autrement. Sauf que…

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Un livre jeunesse lu d'une traite, émouvant et au ton juste. La description d'un groupe de jeunes habitant l'un de ces quartiers difficiles qui font trop souvent l'actualité, se débattant dans des difficultés qui ne sont pas de leur âge, suscite l'empathie, sans tomber toutefois dans le pathos ou les lunettes roses... Cela fait beaucoup de bien en cette période où tant de bêtises ont été dites sur le sujet dans les médias, voire au sommet de l'Etat !