Sous-titré « Réflexions d'un ancien commissaire de police », ce bref ouvrage peut s'appréhender sans ambiguïtés :
Julien Sapori écrit, en effet, avec « un pied dedans et un pied dehors » et son texte propose la réflexion annoncée dont la brièveté sert l'efficacité.
Ni déferlantes de chiffres, ni avalanches de théories, un point de vue, personnel et impartial, qui s'élève au coeur d'un silence aussi étonnant qu'inquiétant sur les pathologies dont souffre la police. Car oui, si le constat est fait et les symptômes connus, le diagnostic demande à être précisé. À partir d'une perspective historique, l'auteur dévoile les arcanes et engrenages de l'administration institutionnelle pour dessiner un angoissant schéma de probabilités. Sur une trame tendue par les liens politiques, les causes de la maladie se nouent, des plus évidentes aux moins soupçonnables.
Ancien acteur et toujours citoyen,
Julien Sapori évoque, au détour d'exemples et de questions, ses propres idées, propositions éclairées qui pourraient inspirer un gouvernement... S'il s'en trouve un qui dispose du « temps, [des] compétences et [du] courage » nécessaires. Jusqu'à quand, se demande-t-on à chaque page, le sparadrap endiguera-t-il l'hémorragie ? Les réflexions de l'auteur esquissent, par touches subtiles, la silhouette d'un quatrième pouvoir, devant qui la loi, le maintien de l'ordre et la justice doivent reculer jusqu'à s'effacer. Une lecture qui aurait pu m'effrayer sans la dédicace de
Julien Sapori, citant
Antonio Gramsci, et assumant avec lui le « pessimisme de la raison, l'optimisme de la volonté. »