Pour écrire ce roman,
Claude Sarraute a passé 3 mois comme employée dans un grand magasin parisien. Elle nous en restitue, avec sa verve habituelle et son regard empli de tendresse, le quotidien de vendeuses de ses deux personnages, Tatoune et Poupette, .
Ce n'est pas tous les jours les soldes aux G.L et pourtant ça s'agite en permanence. Entre les confidences à la pause-café de nos deux quinquagénaires (Tatoune est "trop" mariée, Poupette est "trop" veuve), leurs disputes, leurs réconciliations, les potins des vendeuses, les demandes parfois saugrenues des clientes, l'apparition de la chef, l'histoire est un perpétuel recommencement. Et voilà le problème, c'est qu'il n'y a pas vraiment d'histoire : au début, on sourit, surtout lorsque l'auteure prend le lecteur à partie de façon plutôt énergique, mais au bout d'un moment, devant toute cette agitation basée uniquement sur des dialogues, on se lasse un peu.
Bien que les francs soient encore d'actualité aux caisses du grand magasin, le roman a été écrit dans les années 90, les sujets évoqués restent résolument modernes : les relations homme-femme, la peur de vieillir, la solitude, la place des "seniors" dans la société. J'ai beaucoup aimé notamment le personnage de Monsieur Max, l'ancien PDG, témoin de l'évolution de son entreprise familiale, qu'il voit passer de l'artisanat à l'industrie tout en se déshumanisant.
Un moment de lecture agréable mais qui ne restera pas dans mes annales : 10/20.