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EAN : 9782841421886
190 pages
Ombres (01/05/2010)
4.32/5   11 notes
Résumé :

Surnommé à ses débuts " Esotérik Satie ", par son concitoyen Alphonse Allais et dépeint par Claude Debussy comme " un musicien médiéval et doux, égaré dans ce siècle ", Erik Satie est né à Honfleur en 1896 d'un père normand et d'une mère anglo-écossaise et mourut à Paris en 1925. Par la suite il toucha aux genres les plus divers de l'expression musicale - de la musique " à... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Mémoires d'un amnésique, rien que le titre claque !

Erik Satie n'est pas amnésique, il est ironique, frôlant parfois l'humour noir pour parler de ses semblables et de son époque. Les détails sont percutants. Il répond avec finesse à ces détracteurs, en procurant un grand plaisir au lecteur.

Les cahiers composant cet ouvrage sont d'une telle subtilité qui fait qu'on en redemande. Son amour et sa connaissance de la musique embarquent le lecteur dans son univers. On prend plaisir à "lire" les sonorités de phonométographe, phonomètre, phonoscope, musicographe ...

J'ai été amusée de son portrait de Maurice Ravel. On arrive même à le visionner physiquement.

Les cahiers ne sont pas exclusivement réservés à la musique ... A lire pour passer un excellent moment.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
L’artiste doit régler sa vie.
Voici l’horaire précis de mes actes journaliers :
Mon lever : à 7h18 ; inspiré : de 10h23 à 11h47. Je déjeune à 12h11 et quitte la table à 12h14.
Salutaire promenade à cheval, dans le fond de mon parc : de 13h19 à 14h53. Autre inspiration : de 15h12 à 16h07.
Occupations diverses (escrime, réflexions, immobilité, visites, contemplation, dextérité, natation, etc.) : de 16h21 à 18h47.
Le dîner est servi à 19h16 et terminé à 19h20. Viennent des lectures symphoniques, à haute voix : de 20h09 à 21h59.
Mon coucher a lieu régulièrement à 22h37. Hebdomadairement, réveil en sursaut à 3h19 (le mardi).
Je ne mange que des aliments blancs : des œufs, du sucre, des noix de coco, du poulet cuit dans de l’eau blanche ; des moisissures de fruits, du riz, des navets ; du boudin camphré, des pâtes, du fromage (blanc), de la salade de coton et de certains poissons (sans la peau).
Je fais bouillir mon vin, que je bois froid avec du jus de fuchsia. J’ai bon appétit ; mais je ne parle jamais en mangeant, de peur de m’étrangler.
Je respire avec soin (peu à la fois). Je danse très rarement. En marchant, je me tiens par les côtes et regarde fixement derrière moi.
D’aspect très sérieux, si je ris, c’est sans le faire exprès. Je m’en excuse toujours et avec affabilité.
Je ne dors que d’un œil ; mon sommeil est très dur. Mon lit est rond, percé d’un trou pour le passage de la tête. Toutes les heures, un domestique prend ma température et m’en donne une autre.
Depuis longtemps, je suis abonné à un journal de modes. Je porte un bonnet blanc, des bas blancs et un gilet blanc.
Mon médecin m’a toujours dit de fumer. Il ajoute à ses conseils : — Fumez, mon ami : sans cela, un autre fumera à votre place.
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CE QUE JE SUIS

 ... La première fois que je me servis d'un phonoscope,
j'examinai un si bémol de moyenne grosseur. Je n'ai, je
vous assure, jamais vu chose plus répugnante. J'appelai
mon domestique pour le lui faire voir.
 Au phono-peseur un fa dièse ordinaire, très com-
mun, atteignit 93 kilogrammes. Il émanait d'un fort
gros ténor dont je pris le poids.
 Connaissez-vous le nettoyage des sons ? C'est assez
sale. Le filage est plus propre ; savoir les classer est très
minutieux et demande une bonne vue. Ici nous sommes
dans la phonotechnique.
 Quant aux explosions sonores, souvent si désa-
gréables, le coton, fixé dans les oreilles, les atténue,
pour soi, convenablement. Ici, nous sommes dans la
pyrophonie.
 Pour écrire mes « Pièces Froides », je me suis servi
d'un caléidophone-enregistreur. Cela prit sept minutes.
J'appelai mon domestique pour les lui faire entendre.
 Je crois pouvoir dire que la phonologie est supérieure
à la musique. C'est plus varié. Le rendement pécu-
niaire est plus grand. Je lui dois ma fortune.
 En tout cas, au motodynamophone, un phonomé-
treur médiocrement exercé peut, facilement, noter plus
de sons que ne le fera le plus habile musicien, dans le
même temps, avec le même effort. C'est grâce à cela
que j'ai tant écrit.
 L'avenir est donc à la philophonie.
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Tout le monde vous dira que je ne suis pas un musicien. C’est juste.

Dès le début de ma carrière, je me suis, de suite, classé parmi les phonométrographes. Mes travaux sont de la pure phonométrique. Que l’on prenne le « Fils des Étoiles » ou les « Morceaux en forme de poire », « En habit de cheval » ou les « Sarabandes », on perçoit qu’aucune idée musicale n’a présidé à la création de ces œuvres. C’est la pensée scientifique qui domine.

Du reste, j’ai plus de plaisir à mesurer un son que je n’en ai à l’entendre. Le phonomètre à main, je travaille joyeusement & sûrement.

Que n’ai-je pesé ou mesuré ? Tout de Beethoven, tout de Verdi, etc. C’est très curieux.

La première fois que je me servis d’un phonoscope, j’examinai un si bémol de moyenne grosseur. Je n’ai, je vous assure, jamais vu chose plus répugnante. J’appelai mon domestique pour le lui faire voir.

Au phono-peseur un fa dièse ordinaire, très commun, atteignit 93 kilogrammes. Il émanait d’un fort gros ténor dont je pris le poids.

Connaissez-vous le nettoyage des sons ? C’est assez sale. Le filage est plus propre ; savoir classer est très minutieux et demande une bonne vue. Ici, nous sommes dans la phonotechnique.

Quant aux explosions sonores, souvent si désagréables, le coton, fixé dans les oreilles, les atténue, pour soi, convenablement. Ici, nous sommes dans la pyrophonie.

Pour écrire mes « Pièces froides », je me suis servi d’un caléidophone-enregistreur. Cela prit sept minutes. J’appelai mon domestique pour les lui faire entendre.

Je crois pouvoir dire que la phonologie est supérieure à la musique. C’est plus varié. Le rendement pécuniaire est plus grand. Je lui dois ma fortune.

En tout cas, au monodynamophone, un phonométreur médiocrement exercé peut, facilement, noter plus de sons que ne le fera le plus habile musicien, dans le même temps, avec le même effort. C’est grâce à cela que j’ai tant écrit.

L’avenir est donc à la philophonie.
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L’artiste doit régler sa vie.

Voici l’horaire précis de mes actes journaliers :

Mon lever : à 7h18 ; inspiré : de 10h23 à 11h47. Je déjeune à 12h11 et quitte la table à 12h14.

Salutaire promenade à cheval, dans le fond de mon parc : de 13h19 à 14h53. Autre inspiration : de 15h12 à 16h07.

Occupations diverses (escrime, réflexions, immobilité, visites, contemplation, dextérité, natation, etc.) : de 16h21 à 18h47.

Le dîner est servi à 19h16 et terminé à 19h20. Viennent des lectures symphoniques, à haute voix : de 20h09 à 21h59.

Mon coucher a lieu régulièrement à 22h37. Hebdomadairement, réveil en sursaut à 3h19 (le mardi).

Je ne mange que des aliments blancs : des œufs, du sucre, des noix de coco, du poulet cuit dans de l’eau blanche ; des moisissures de fruits, du riz, des navets ; du boudin camphré, des pâtes, du fromage (blanc), de la salade de coton et de certains poissons (sans la peau).

Je fais bouillir mon vin, que je bois froid avec du jus de fuchsia. J’ai bon appétit ; mais je ne parle jamais en mangeant, de peur de m’étrangler.

Je respire avec soin (peu à la fois). Je danse très rarement. En marchant, je me tiens par les côtes et regarde fixement derrière moi.

D’aspect très sérieux, si je ris, c’est sans le faire exprès. Je m’en excuse toujours et avec affabilité.

Je ne dors que d’un œil ; mon sommeil est très dur. Mon lit est rond, percé d’un trou pour le passage de la tête. Toutes les heures, un domestique prend ma température et m’en donne une autre.

Depuis longtemps, je suis abonné à un journal de modes. Je porte un bonnet blanc, des bas blancs et un gilet blanc.

Mon médecin m’a toujours dit de fumer. Il ajoute à ses conseils : — Fumez, mon ami : sans cela, un autre fumera à votre place.

Revue musicale S.I.M, IX, 2, 15 février 1913
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CE QUE JE SUIS


 Tout le monde vous dira que je ne suis pas un musi-
cien. C'est juste.
 Dès le début de ma carrière, je me suis, de suite,
classé parmi les phonométrographes. Mes travaux sont
de la pure phonométrique. Que l'on prenne le « Fils des
Étoiles » ou les « Morceaux en forme de poire », « En habit
de Cheval » ou les « Sarabandes », on perçoit qu'aucune
idée musicale n'a présidé à la création de ces œuvres.
C'est la pensée scientifique qui domine.
 Du reste, j'ai plus de plaisir à mesurer un son que je
n'en ai à l'entendre. Le phonomètre à la main, je tra-
vaille joyeusement et sûrement.
 Que n'ai-je pesé ou mesuré ? Tout de Beethoven,
tout de Verdi, etc. C'est très curieux….
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