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EAN : 9782909589350
128 pages
INTERFERENCES LIBRAIRIE UNIV DE PARIS VII (03/11/2016)
4.83/5   3 notes
Résumé :
Né à la fin du XIXe dans une Pologne faisant partie de l'Empire russe, Zusman Segalowicz
commence à écrire et à publier en yiddish dès l'âge de 20 ans. Enrôlé dans l'armée russe en 1916, il se retrouve en Russie pendant les deux révolutions de 1917, celle de février et celle d'octobre. De retour en Pologne en 1920, il entamera une carrière d'homme de lettres et de journaliste, puis, pendant la Deuxième Guerre mondiale, émigrera en Israël où il mourra en 1949.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Automne 1915, le monde est plongé dans la guerre. « Des millions d'enfants obéissants venus des villes et des campagnes se jettent leur uns sur les autres dans des batailles, munis d'effroyables armes mortelles. Une folie universelle extraordinaire s'est concrétisée dans le sang, la mort er le feu »
Printemps 1917
« Durant le mois de mai qui a suivi la révolution russe de février, la liberté était déjà devenue pour nous une chose tout à fait banale. » Pourtant, la guerre fait rage et les soldats ne veulent plus faire la guerre. ‘La liberté, c'est la liberté ! Nous ne voulons plus pourrir dans les tranchées ». « C'est ainsi que nos soldats sont restés allongés sur l'herbe pendant des semaines entières, à moitié nus, à moitié sauvages, et aussi passifs que des moutons repus. »

Le narrateur se promène dans les rues, parmi les moscovites qui manifestaient leur joie. « Je m'étais rué hors de chez moi en qualité de simple spectateur, ce que je suis d'ailleurs demeuré jusqu'à la fin ».La révolution est joyeuse. « Au-dessus des fenêtres, des portes et des immeubles, partout, on voyait flotter des drapeaux rouges. »
C'est la liesse, la joie, les gens parlent dans les rues, débattent, rient. « Les jeunes comme les vieux. Les seigneurs comme les paysans. Les citoyens comme les soldats. Tous débitaient leurs grandes et leurs petites vérités, les exposant à tout le monde et à chacun en particulier. On s'exprimait alors à voix haute. Avec ferveur, avec foi. ». Sous la statue de Pouchkine, se formaient des attroupements, ça discutait, pérorait, mais Pouchkine lui-même se taisait « Pouchkine, le génie russe, se taisait. Comme s'il pressentait le terrible bouleversement qui devait fatalement survenir. » Oui les moscovites ont manifesté « Au départ, avec enthousiasme et avec joie. Ensuite, avec irritation et avec colère. Et pour finir, dans le sang et avec sauvagerie. »
Zusman Segalowicz raconte les faits, me fait vivre cette atmosphère joyeuse, cet espoir d'une vie meilleure, d'un équilibre entre les riches et les pauvres.
Pourtant, la violence prend le pas, vient le temps des lynchages. « Dormez en paix ! Les bolcheviks sont simplement occupés à chasser les anarchistes des hôtels particuliers qu'ils avaient réquisitionnés pour leur propre compte ». Les bolcheviks ne vont quand même pas réquisitionnés de basses masures !
L'auteur parcourt une partie de la Russie, Ukraine, Crimée, Biélorussie et partout le même spectacle. Ainsi en Ukraine, terre fertile « Que de sang n'a-t-elle pas absorbé à présent ? Et dans quel but ? Comme si nous manquions de coquelicots rouges ! »
L'auteur est désespéré de toutes ces morts, tous ces crimes « Dès lors que l'homme se comporte en assassin au moment même où il parvient à réaliser son idéal et qu'il s'en réjouit, comme se comportera-t-il dans le feu du combat ou s'il est pris de fureur ? »
J'ai aimé ce petit livre que j'ai découvert sur le site de Goran. Zusman Segalowicz parle de ces épisodes avec un certain détachement. Ni pour, ni contre, même s'il donne son sentiment sur les crimes au nom de la liberté. Un livre de grande qualité, empreint de poésie ; superbe écriture qui fait passer les exactions d'une Révolution commencée dans la joie et se termine par la mort.

Coup de coeur
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le titre dit à peu près tout. Rajoutons la date : 1917, et vous saurez qu'il s'agit ici de chroniques, d'une sorte de journal de bord au coeur de la Révolution russe. L'auteur, né en 1884 dans une région de la Pologne à l'époque détenue par la Russie, écrit en Yiddish. Ce livre est aussi un périple puisque SEGALOWICZ va aller prendre la température à Moscou, Petrograd, en Ukraine, Crimée et Biélorussie, le tout entre 1917 et 1919, dans un pays de quelque 160 millions d'habitants.

Il va vivre certes au coeur de l'action, mais dans un relatif détachement, car somme toute sous couvert de neutralité. S'il vibre pour la Révolution en préparation, il n'en fait pas un but ultime, il observe, constate que sous le tsarisme tout n'était pas si noir. Il voit les affrontements en cours entre les rouges et les blancs, mais c'est loin d'être une partie de football.

Le tsar Nicolas II abdique en février 1917. Commencent des négociations entre les différentes factions de la « gauche » qui durent plusieurs mois. Tout ceci fait aujourd'hui partie de l'Histoire mais lorsque SEGALOWICZ écrit dans son carnet, la situation explosive est vécue en direct. Il ne fait cependant pas l'impasse sur l'année 1905 qui a vu une première approche, une première tentative de prise de pouvoir. Il se souvient, il note comme des bribes, des souvenirs lointains, précis ou non.

Dans ses déplacements, l'auteur, lui le juif, remarque partout une montée violente de l'antisémitisme, se sent touché au coeur, pour lui, pour son peuple. Il note une situation tendue et chaotique en Ukraine. Alors que les blancs ne viennent que d'être terrassés et que le pouvoir en place n'en est qu'à ses premiers balbutiements, il s'acharne déjà sur les minorités, ce qui laisse présager une suite peu enthousiaste.

Et puis les anecdotes en direct, plus personnelles, pas directement en provenance du front mais tout aussi innommables : « Je me souviens encore qu'il y avait une pièce où se trouvaient alités une dizaine d'enfants atteints de la rougeole. Un jour où j'étais monté voir ces enfants en compagnie d'une infirmière, nous avons découvert que deux d'entre eux avaient rendu l'âme… et que les vivants jouaient tranquillement avec les morts qu'ils caressaient et prenaient dans leur bras ».

SEGALOWICZ a beaucoup écrit, a connu un parcours riche et dense, a visiblement été relativement connu en son temps. Quoi qu'il en soit, c'est ici la première fois que j'en entendais parler, ce journal est une source fertile en informations. Les éditions Interférences sont coupables de cette publication parue en 2016, la couverture fort attractive également est le détail d'une gravure illustrant la vie de LÉNINE. La traduction ainsi que la préface de l'ouvrage (une biographie rapide de l'auteur), qui ont dû s'avérer coriaces, sont le travail de Nathan WEINSTOCK, bravo Monsieur ! Un bouquin à posséder si l'on tient à se nourrir de détails dans le feu de l'action de la Révolution russe, celle d'avant STALINE, celle qui se construit de manière un peu improvisée, en 1917, au jour le jour.

https://deslivresrances.blogspot.fr/

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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
« J’ai l’âme recouverte d’une chape de plomb, ce qui est bien pire que si j’avais les bras et les jambes enchaînés comme un forçat. C’est l’instinct de vie lui-même qui s’étiole ;
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