Janvier 2020, première visite mensuelle de l'année au magasin de BD. J'entre avec la ferme intention d'acheter « le fils de l'ours » de Servais, bédéiste de talent que j'affectionne particulièrement. Et là, cruel dilemme : je me retrouve face à la BD et à son édition spéciale, agrémentée d'un ex-libirs… Je réfléchis genre 30 secondes et, sur un coup de tête, j'emporte l'édition spéciale, emballée sous vide (aïe… un déchet), sans la feuilleter donc…
De retour à la maison, je la déballe (en me morigénant pour le déchet) et là, ô surprise, je découvre que l'édition spéciale de la nouvelle BD de Servais est intégralement en noir et blanc ! Il s'agit des planches dessinées au crayon par l'auteur avant leur mise en couleur. J'ai eu un moment de doute, en me demandant si j'avais bien fait, parce que, tout de même c'est un peu surprenant de prime abord.
Commençons par l'histoire… Comme il aime à le faire dans ses BD, Servais mêle habillement légende et vie quotidienne, avec ici l'ours comme point de liaison entre les deux. Côté légende : au IXe siècle, répudiée par son mari, l'empereur Charles III, Richarde fonde le monastère d'Andlau, dans les Vosges, à l'endroit où une ourse gratte la terre pour enterrer son petit. Côté vie quotidienne : 1760, dans un petit village près de Munster, Matthis Sutter, fils d'un riche paysan qui vient d'abattre le dernier ours des Vosges (du moins le croit-il) est amoureux des jumelles Eva et Maria.
L'intrigue est facile à deviner mais elle est admirablement soutenue par la beauté du trait de l'auteur. Et c'est là tout son talent : rendre merveilleuse une histoire somme toute assez simple grâce au dessin. Et quel réalisme ! Les ours que l'on découvre au fil des planches sont magnifiques ! le dessinateur dit lui-même en préambule qu'il avait « eu envie de dessiner des ours après avoir vu le film de Jean-Jacques Anaud. Cette envie a ressurgi. » (p.4). Par la précision de son dessin, il rend un bel hommage à cet animal disparu de nos régions d'Europe.
Il ne me reste plus qu'à découvrir la BD en couleur parce que oui tout de même j'ai envie de voir ce que ça donne. Mais je ne regrette absolument pas l'achat de ce bel album (enfin si… juste parce qu'il y a un emballage plastique incongru dans ma poubelle, mais c'est entièrement de ma faute…).
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La partie graphique se veut d’une qualité exceptionnelle. Jean-Claude Servais reste dans les mêmes dispositions réalistes que dans les tomes précédents, se faisant fort de mettre en avant une nature généreuse, identique à celle qu’il côtoie. [...] Une bien belle histoire qui met l’homme face à la nature, signée par un conteur hors pair !
Lire la critique sur le site : Sceneario
L'auteur revient à ses fondamentaux : le légendaire issu du terroir et la richesse et l'amour de la nature qu'il transmet si bien à travers son dessin. [...] Graphiquement, comme de coutume, Jean-Claude Servais magnifie la nature et particulièrement les ours qui se trouvent au coeur du récit et en relient les divers composants temporels.
Lire la critique sur le site : Auracan
Si je n'ai pas encore donné de descendant à l'Empereur, c'est parce que notre mariage n'a jamais été consommé.
Je bois à la santé du dernier ours des Vosges que mon père vient de tirer ! C'est ici, à Metzeral qu'il a été abattu, en l'an de grâce 1760 !
Vidéo de Jean-Claude Servais