et si je lisais un roman sans en connaître absolument rien? Justement Flo proposait de découvrir
Anita Shreve (voir ici son billet sur ses cinq (!) lectures ) et le seul exemplaire de ma bibliothèque numéro 1 était intitulé
Étrange passion, paru chez
France Loisirs, et dépourvu de couverture colorée et donc de quatrième de couverture, puisqu'il ne restait que la reliure (rouge).
Strange fits of passion est paru en 1991, traduite en 1996 par
Marie-Claude Peugeot.
Juste tournée la dernière page de Maine, je me plonge donc dans
Étrange passion. Et me retrouve dans le Maine... Hé oui.
Mary Amesbury a fui un mari violent et s'est réfugiée dans une petite ville du Maine, avec son bébé de six mois, Caroline. L'hiver est glacial, aucun touriste, ne demeurent que des pêcheurs et leurs familles, une boutique est ouverte.
Dès le départ l'on sait qu'un événement tragique est survenu puisque Mary se retrouve en prison, où une journaliste l'a convainc d'écrire son histoire, qui servira de base à un article avant le procès. C'est donc ce récit, entrecoupé de témoignages d'habitants de l'île, qui formera le corps essentiel du roman.
J'avoue que le titre faisait craindre le pire, mais fort heureusement Anita Sheve a opté pour une écriture sans fioritures et sans pathos, d'une sobriété efficace. Quelques passages mettent en lumière l'ambiance de ce coin du Maine, rude, isolé, et la vie des pêcheurs. Les différences de voix entre les intervenants sont bien marquées.
Surtout, intervient le récit de la rencontre puis du mariage de Mary et Harrold, tous deux journalistes, puis la plongée de l'époux dans l'alcool et la violence. Comment Mary a-t-elle supporté/accepté?
"Une fois qu'on se met à mentir, à partir du moment où on ment pour le couvrir, on est dans le même bateau que lui, et on est perdue."
"Il ne m'a plus battue pendant plusieurs mois; mais il y a des façons d'abuser d'une femme qui ne sont pas d'ordre physique. Ces autres formes de violence étaient parfois pires que d'être battue."
Anita Shreve démonte bien l'enfermement de Mary, l'ambiguïté parfois de la situation.
Mais une fois l'extrême limite franchie, pourquoi ne pas porter plainte?
En 1971, l'on pense que "un mari ne peut pas violer sa femme."
Finalement, ce roman s'est révélé vraiment intéressant, jusque y compris la rencontre entre la journaliste et Caroline, mais je ne peux tout raconter, non?
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