Le voyage proposé dans ce livre est une plongée au coeur de la vie des gens. Il s'organise en chemins, strates, s'immisce dans les détails des quotidiens pour donner à sentir leurs saveurs et reliefs, avec un jeu précautionneux qui nous emmène par petites touches dans les couloirs du temps. Faut s'y accrocher, ou lâcher prise.
Je suis sensible à cette audace d'aller fouiller dans la tête des personnages adultes pour faire vivre leurs pensées, leurs lignées et leurs mondes imaginaires. Globalement, il y a ce qu'il faut de rentre-dedans, de fourmillement.
Ce roman reflète la vie, la mort aussi, et tout ce qu'il y a entre les deux. Alors tout d'abord merci de ne pas dérouler une histoire sage et prévisible, qui donne à approfondir, avec des touches de psychologie pour chaque personnage.
Le rythme découpé par les
inventaires est particulier. Je vois chaque inventaire comme une tranche de vie, un tableau, que l'on goûte et dans lequel on s'engouffre. Je prends ce parti pris pour un éloge à la sobriété, au mystère des comparaisons, un pied de nez aux phrases longues inutiles, ce qui permet à mon esprit de compiler les images et les ressentis a mesure que les pages courtes défilent, sans se heurter pour autant, créant ce qu'il faut de respirations.
L'écriture de
Claire Sibille, fidèle à son entièreté pleine d'humour et d'engagement, s'adresse à votre esprit en profondeur mais ne met personne sur le côté pour autant. Elle donne à relier des tranches de vies morcelées, rapiécées, comme on est très nombreux à en vivre. Un roman d'humanités, qui aborde les vrais sujets, avec et sans masque, en honorant leurs complexités plutôt que de vouloir les solutionner.
Merci pour ce roman puissant ! » Cléa Mosaïque