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sur 3160 notes
Magnifique roman que j'avais lu à sa sortie en librairie. Son écriture est fine et délicate.
Je vous le conseille.
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Le narrateur et Luo, son ami, sont tous les deux envoyés dans un village de montagne afin d'être "rééduqués". Ils font, en effet, partie de cette jeunesse considérée intellectuelle sous Mao et pour laquelle il était nécessaire de ramener à la réalité du prolétariat.Leur chemin va leur offrir deux rencontres qui boulverseront leur vie: la petite tailleuse dont la beauté les subjugue et "le Binoclard" jeune homme dans la même situation qu'eux mais qui posséde une valise remplie de livres interdits.Parvenant à se les accaparer,ils vont s'en nourrir pour survivre mais aussi s'investir de la mission de "..transformer la Petite Tailleuse.Elle ne sera plus jamais une simple montagnarde."
Le quotidien de ces jeunes gens et du milieu dans lequel ils évoluent sont très bien décrit,s un peu comme une succession de tableaux qui ouvre le lecteur à une meilleure connaissance du peuple chinois à cette époque.
Le dénouement de l'histoire m'a beaucoup plu car il vient contrecarrer Luo dans son rôle de Pygmalion et met à la fois simplement et magistralement en valeur le pouvoir libérateur de la lecture et la culture.
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Les dictateurs ont la faculté d'imposer tout et n'importe quoi à leur peuple. Chacun sa lubie, souvent dévastatrice.
Mao craint les élites , notamment des villes . Il craint aussi la littérature , la religion , enfin tout ce qui pourrait nuire à la grandeur de sa personnalité .
Pour les élites , il a une idée lumineuse. Pour remettre les jeunes dans le droit chemin, il les expédie en campagne profonde , avec un billet retour aux dates aléatoires. Les paysans sont chargés de les rééduquer.
Dans ce roman , ils sont trois jeunes intellos ou fils de dissidents à torcher le cul des buffles dans les rizières ou à extraire le précieux charbon .
L'un d'eux , le "Binoclard " cache une grosse valise, remplie de livres occidentaux , dont la star est Balzac.
Ils vont rencontrer une jeune et très belle paysanne , tailleuse , qu'ils vont côtoyer et "apprivoiser" en lui contant des histoires, inspirées des livres ou films qu'ils connaissent.

L'idée de ce livre , écrit par un exilé chinois en France est lumineuse .C'est une rencontre improbable entre une villageoise du fin fond de de la Chine et la littérature classique, via deux jeunes hommes en réinsertion.
L'auteur s'applique bien à montrer "la connerie" du régime dans les années 70 et tous ses dysfonctionnements, les personnages semblent quand même bien résignés quant à leur sort et la fin est étincelante , amenant le lecteur à se poser de nombreuses questions .
Il y a comme dans d'autres livres chinois , un humour désabusé, fataliste mais aussi un rapport fort à la nature. Il y a cette aptitude d'adaptation d'un peuple qui avec trois fois rien accomplit des miracles.
Une belle lecture qui encore une fois repose sur une idée brillante.
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"Balzac lui a fait comprendre une chose: la beauté d'une femme est un trésor qui n'a pas de prix".
Balzac à l'origine de la perversion!!
Ce grand auteur français est interdit dans la Chine de Mao. Cela n'empêche pas le Binoclard d'un posséder plusieurs, ainsi que d'autres ouvrages interdits, cachés dans une valise. Ce jeune homme est en rééducation à la campagne, dans un petit village de montagne, à deux heures de marche de la ville la plus proche. La campagne, où était envoyé les intellectuels et leurs enfants, pour une durée bien souvent indéterminée, afin de retrouver les ''vraies'' valeurs du travail auprès des paysans. le Binoclard (c'est un surnom car il est le seul à porter des lunettes dans cette montagne) n'est pas le seul. Dans un village proche se trouvent Luo, fils de dentiste, et le narrateur, fils de médecin. Lorsque ces deux là comprennent que le premier cache des livres, la valise devient un objet de convoitise, et sera volée le jour du retour à la ville du jeune homme. Il ne peut pas se plaindre, la possession de ces livres étant interdite.

Ces ouvrages deviennent le bien le plus précieux des deux amis, source d'évasion, d'histoires, qui seront ensuite racontées à la petite amie de Luo. Quelques retouches permettent de faire passer les récits, à l'oral, lors de veillée, sans attirer les soupçons.

La fiancée est la Petite Tailleuse, la fille du tailleur du village voisin, jeune campagnarde convoitée par Luo. Elle répond à ses avances, et découvre dans ces auteurs occidentaux du XIXe siècle la source de son réveil à sa condition de femme.
La transformation n'est pas flagrante, mais elle cache bien son jeu, jusqu'à son départ pour la ville organisé dans la clandestinité.
Que deviendra cette jeune fille dans ce monde de perdition?
Quant à ce qu'il advint des livres, les deux amis les brûlent dans un autodafé alcoolisé, au son du violon du narrateur.

Ce roman est une fresque de la vie rurale et politique de la Chine, Mao est toujours présent en filigrane, derrière les comportements, les paroles et les péripéties.
Un roman initiatique d'une jeune fille chinoise.
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Dans la Chine de Mao qui condamne les intellectuels, deux lycéens sont envoyés dans la montagne pour leur "rééducation", un "programme" destiné à frotter les jeunes au labeur manuel des paysans et surtout à réduire à néant l'érudition de la population. Luo et le narrateur, sans non plus être des génies, se retrouvent privés de tout et notamment de livres, interdits. Quand ils en découvrent chez le Binoclard, un autre jeune en rééducation, ils ne peuvent s'empêcher de les voler...

C'est bien connu : qui contrôle l'information, le savoir et la pensée contrôle la population. C'est le principe même d'une dictature. le début et le contexte de ce roman à grande part autobiographique sont très prenants parce qu'ils abordent les privations intellectuelles qu'un régime imposait, chassant tout individu ayant un peu de culture ou ayant fait des études poussées dans un domaine précis. Ce récit se produit dans les années 70 mais résonne fortement avec les atteintes à la liberté et le durcicement de ton depuis l'arrivée au pouvoir dans le pays de Xi Jinping, dont le style se rapproche de plus en plus de ce qu'avait pu être la dictature maoiste.
Néanmoins, ce livre est censé parler d'une petite tailleuse, et vu la citation en quatrième de couv', on se dit que cette demoiselle va découvrir la littérature et s'ouvrir au monde derrière l'illégalité du geste. Oui... mais pas vraiment en fait.
Une fois les livres volés et la rencontre avec la petite tailleuse effectuée, le récit s'appauvrit grandement quant à sa finalité. L'un des anciens lycéens, Luo, flirte grâce aux livres avec la belle et ils finissent par consommer leur relation (est-ce une histoire d'amour ?), mais à la fin cette dernière, après un avortement, inspirée visiblement par le monde extérieur, change silencieusement de vie et laisse les deux cocos derrière elle mariner dans la boue du village tandis qu'elle part découvrir la ville (est-ce une histoire d'utilisation d'autrui ?).
Heureusement que ça se lit vite, car ce roman est inégal dans son intérêt. de plus, peu avant la fin, la structure est radicalement, bien que temporairement, changée pour délivrer le récit personnel de trois personnages, ce qui casse complètement la fluidité générale. C'est d'ailleurs à partir de ce moment-là, qui intervient au bout des trois quarts du roman, que l'histoire devient moins intéressante, se terminant également presque comme un cheveu sur la soupe.
En soi pas une mauvaise lecture, mais je ne suis pas sûre de revenir vers cet auteur à l'avenir.
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Souvenir de lecture.
La lecture ou comment s'évader, apprendre le monde et découvrir ce qui se cache en nous.
Des adolescents, au temps de la révolution culturelle en Chine, découvrent le pouvoir des livres.
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Avec la tragédie cambodgienne des khmers rouges, la révolution culturelle chinoise est la sombre page d'histoire du 20ème siècle au cours de laquelle le culte de l'ignorance aurait été porté à son point d'incandescence aux fins d'asservissement et de contrôle des contre-pouvoirs.
Comme les deux tout jeunes héros de ce roman, des milliers de Chinois sont envoyés en camp de ré-éducation, et partout dans le pays le petit livre rouge de Mao fera office de quasi unique nourriture des esprits.
Mais qu'on introduise dans ce désert intellectuel un conte De Balzac ou quelques lignes de Romain Rolland, et la pensée libre et riche se remet à vivre...
Telle est la lumineuse et singulière proposition de ce livre, d'autant plus exaltante qu'elle est mise en regard du quotidien terrible, harassant et abrutissant de ces deux gamins, contextualisé avec un réalisme particulièrement saisissant. J'en salue l'originalité et l'utilité du témoignage, tout en n'ayant pas franchement adhéré à la prose de l'auteur.
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Si je devais écrire un mot pour ce livre, ce serait "Imagination". Vraiment, imagination pour l'histoire, hors du commun. Et imagination, pour le pouvoir qu'elle peut créer au milieu de l'union des classes, tout autre que celui de la dictature maoiste dont il est question.

Nous sommes sous la dictature communiste de la fin des années 60 en Chine. Deux jeunes étudiants issus de familles aisées jugées réactionnaires, sont envoyés dans les hautes montagnes parmi les travailleurs, afin d'être "rééduqués". Des paysans éloignés de toute civilisation sont supposés devoir les rompre aux travaux des pauvres.

Le paysage est merveilleux mais c'est une triste consolation dans les premiers instants. Ces deux aventuriers malgré eux deviendront des sortes d'ambassadeurs de la culture auprès de paysans adorant écouter des histoires.

L'écriture, limpide, m'a donné l'envie de découvrir le Comte de Monte Cristo.
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C'est délicat et profond en même temps, l'histoire de ces deux jeunes hommes bien nés, envoyés par le gouvernement communiste en camp de rééducation au plus profond des montagnes chinoises. Ils y rencontreront Balzac, et une petite tailleuse chinoise qui sera transformée à leur contact. La poétique simplicité de l'écriture laisse toute leur place aux émotions des protagonistes et à la description de la vie rudimentaire dans ces montagnes. Je recommande.
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Cela fait bien des années que j'envisageais de lire ce roman, malgré une première expérience mitigée avec l'auteur. Je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre, mis à part à une apologie De Balzac... Et bien non. Si l'auteur classique est bien évoqué en termes élogieux, il n'en reste qu'un accessoire dans le déroulé des événements qui nous sont contés. J'ai beaucoup apprécié la simplicité avec laquelle le sujet principal est abordé : au delà des amourettes de jeunesses, Dai Sijie ne nous décrit pas moins que la révolution culturelle du régime de Mao, avec beaucoup de justesse mais sans jamais tomber dans le pathos.
Lire la suite : http://www.bizzetmiel.com/dai-sijie-balzac-et-la-petite-tailleuse/
Lien : http://www.bizzetmiel.com/da..
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